Aliou Kâ condamné à 15 ans de travaux forcés
ACCUSÉ DE MEURTRE DEVANT LA COUR D’ASSISES DE SAINT-LOUIS

La seconde affaire inscrite au rôle de la première session de la Cour d’appel de Saint-Louis décentralisée à Louga a été vidée hier. Après délibéré, la Cour a requalifié les faits en meurtre et a condamné Aliou Kâ alias Ganoute à 15 ans de travaux forcés et 12 millions de francs d’amende, Amadou alias Fary Kâ à 2 ans ferme et 200.000 francs à payer à la partie civile, pendant que le septuagénaire Mamadou Kâ, alias Niaye Dieng Kâ poursuivi pour complicité de meurtre, a été acquitté.
Le meurtre de Amadou Gankal Kâ est terrible. En effet, il s’agit de blessures à la joue gauche fracturant la mâchoire et arrachant la moitié inférieure de l’oreille gauche, trois molaires supérieures et une partie de la langue avec des plaies de profondeur variant de 3 à 6 centimètres.
Les faits remontent au 29 septembre 2004 au village de Darma Déaly, dans le département de Linguère. Ce jour, la gendarmerie de la localité a été informée d’une bagarre avec usage d’arme blanche au foirail du village. Les pandores se sont dépêchés sur les lieux pour trouver un homme tué à l’arme blanche avec des plaies béantes quasiment sur toutes les parties du corps, qui témoignent de l’atrocité de son agression.
Un vol de bétail à l’origine du meurtre de Gankal Kâ
L’enquête ouverte a permis de savoir que tout est parti d’un vol de bétail. Ngadialy Bâ, éleveur de son état, avait constaté la disparition d’une bonne partie de son troupeau de chèvres. Pour faciliter les recherches, il s’offre les services du nommé Amadou Gankal Kâ, moyennant une récompense. Selon les versions servies par les mis en cause, ce dernier aurait balancé les noms de Aliou Kâ alias Ganoute et Adramé Kâ alias Adiel comme auteurs du vol. Informés qu’ils ont été dénoncés par Gankal Kâ, les deux présumés voleurs et deux autres de leurs amis auraient menacé ce dernier de représailles. Et c’est à ce moment que Gallo Kâ, fils de Gankal, a averti son père des passages à leur domicile de Mamadou Kâ alias Niang Dieng Kâ, ami du mis en cause et des menaces qu’il aurait proférées contre lui sous le prétexte que c’est lui qui a balancé ses amis.
N’ayant rien compris dans cette affaire, Gankal Kâ se rend le lendemain au foirail où selon les témoignages recueillis après, la bande à Aliou Kâ se donnait en spectacle sur les lieux, avec des armes blanches. Sur place où il s’est rendu pour en savoir plus sur cette affaire, Amadou Gankal sera attaqué par Aliou Kâ «Ganoute» avec un sabre, lui sectionnant plusieurs parties du corps et occasionnant des blessures qui l’ont emporté sur le coup.
L’enquête révélera que l’agresseur n’était pas le seul à agir. Il aurait été aidé par les nommés Mamadou alias «Fary Kâ» qui selon les témoins des faits, a pris la poudre d’escampette et n’a été retrouvé que deux ans plus tard (en 2006) au marché hebdomadaire de Dahra où sa présence a été signalée aux gendarmes qui l’ont cueilli sans difficultés. Durant l’interrogatoire, à l’exception du cerveau principal Aliou Kâ, tous les autres ont nié leur implication dans cet assassinat.
Aliou Kâ disculpe ses coaccusés et assume tout, l’avocat général demande 20 ans
Hier à la barre, le principal mis en cause Aliou Kâ a tenté de disculper ses coaccusés. Il a assumé tout seul l’assassinat de Amadou Gankal. «J’ai voulu me venger d’une agression du fils de la victime, Omar Kâ. N’ayant pu l’atteindre, j’ai frappé aveuglément sans atteindre ma cible», a-t-il informé, sans convaincre l’Avocat général. Babacar Diop qui a défendu la thèse de la préméditation, s’est appuyé sur les éléments matériels de l’enquête avant de requérir 20 ans de travaux forcés contre Aliou Kâ pour assassinat et dix ans contre Mamadou Kâ et Amadou alias Fary Kâ. Quant à la défense, elle a tenté de convaincre la Cour de la nécessité de requalifier les faits car selon elle, la préméditation ne saurait prospérer.