Allemagne: Mario Götze, un but en or pour changer de statut ?

Mario Götze, bourreau de l'Argentine en finale de la dernière Coupe du monde, doit retrouver mercredi en amical la sélection sud-américaine privée de Messi, au sein d'une "Mannschaft" où il espère pouvoir prendre une nouvelle dimension.
"Dieu du football", "Götze le libérateur", les qualificatifs les plus élogieux se sont multipliés dans la presse allemande au lendemain de la finale de la Coupe du monde et du but de l'attaquant de 22 ans, faisant de lui, en l'espace d'une soirée, le héros de toute une nation.
D'un seul coup, son tournoi en demi-teinte était oublié, ne restaient que les louanges pour son chef-d'oeuvre de la 113e minute: un contrôle de la poitrine parfait suivi d'une reprise de volée du gauche en pleine extension, pour un but historique.
Ces quelques secondes de grâce le font rentrer dans la catégorie des stars mondiales du ballon rond, à l'instar des Messi et Ronaldo.
Comme un symbole, c'est lui qui orne la jaquette l'édition 2015 du jeu vidéo "Pro Evolution Soccer". Et une étude du cabinet de marketing allemand Batten & Company, le consacre comme le joueur le plus "bankable" de son pays, avec une valeur marchande évaluée à 36,7 millions d'euros.
La presse people redouble d'intérêt pour la jeune star qui a tout pour lui plaire: le succès, un physique à la Justin Bieber, et une jolie compagne, la top-modèle Ann-Kathrin Brömmel. Leurs vacances post-Mondial sur un yacht en Méditerranée font la joie des paparazzi.
Mais paradoxalement, passée l'euphorie de l'été, Götze ne parvient pas à se débarrasser des critiques qui lui collent au maillot. Et son but en finale, bien loin de les apaiser, les a au contraire avivées.
- 'Le mal aimé' -
S'il fête son retour sur les terrains avec le Bayern par un but lors du premier tour de la Coupe d'Allemagne, le 17 août, face au Preussen Münster, il est sifflé sur la pelouse de ce modeste club de troisième division, à peine plus d'un mois après son but du Maracana.
Selon certains commentateurs, une partie des amateurs de foot allemands ne pardonnerait pas au jeune talent son transfert retentissant de Dortmund vers le Bayern à l'été 2013.
Par son choix de rejoindre le "Rekordmeister" bavarois, le club qu'il est de bon ton de détester en Allemagne, plutôt que de rester fidèle à son club formateur, Götze incarnerait cette jeune génération égoïste, avide d'argent et de reconnaissance rapide.
"Le mal aimé qui nous a fait champion du monde", titrait un site internet spécialisé après que le joueur eut été encore copieusement sifflé en Supercoupe d'Allemagne par les supporteurs de... Dortmund, vainqueur du Bayern (2-0).
Sportivement, l'"enfant prodige", comme l'a appelé le sélectionneur national Joachim Löw, semble également attirer les critiques. Malgré son but décisif, on continue à l'accuser de nonchalance.
"Mario se repose un peu trop sur son talent", a récemment affirmé sur la chaîne Sky Christoph Metzelder, ancien joueur de Dortmund et du Real Madrid, qui comme d'autres, juge que Götze ne confirme pas tous les espoirs placés en lui.
Le joueur n'a pourtant que 22 ans. Il a fait ses débuts pro à 17 ans et 5 mois, a été sélectionné en équipe nationale à peine un an plus tard. L'an passé, pour sa première saison au Bayern, il est devenu champion d'Allemagne, a remporté la Coupe, jouant 45 matches pour 15 buts et 13 passes décisives.
Le bilan satisferait nombre de joueurs, mais de Götze on aimerait voir plus. "J'ai l'habitude de susciter de grandes attentes (...) et je sais que j'ai encore plus à donner", affirmait début août le joueur dans une interview à Bild.
Conscient que son but ne lui garantit finalement rien, il espère désormais convaincre en prenant "plus de responsabilités" dans le jeu et séduire dans la durée.