AMADOU LAMINE SALL POUR UN "VISA FRANCOPHONE CULTUREL ET DES AFFAIRES"
Dakar, 18 déc (APS) - Le poète sénégalais Amadou Lamine Sall demande l’institution d’un "visa francophone culturel et des affaires", dans une lettre publique adressée à la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), la Canadienne Michaëlle Jean.
"Trouvez-vite Madame, dans une démarche consensuelle opérationnelle, pour l’immédiat, l’institution organisée et encadrée d’un visa francophone culturel et des affaires répondant aux réalités d’un monde moderne et d’un espace de solidarité inexplicablement barbelé et inacceptable. C'est là que doit se manifester la volonté politique de tous", écrit-il.
"La plus grande ressource naturelle de la Francophonie, c'est l'amour de cette langue. Cette langue est aujourd'hui présente là où ni la France ni le Québec ne sont plus présents. Celle-ci se suffit désormais à elle seule. En son nom et sous son pouvoir, nous devrions pouvoir traverser librement ses frontières", relève Amadou Lamine Sall, président de la Maison africaine de la poésie internationale (MAPI).
Il préconise que soient attisés "jusqu'à l'obsession les foyers de réflexion" et que soient mis en réseaux créateurs, intellectuels et scientifiques, pour une synthèse de l’économie et de la culture en Francophonie.
Pour cela, selon lui, il faut mettre "l’accent sur l’éducation et la formation" et impulser "une vraie politique du livre et de la lecture plus visible à travers un puissant marché du livre francophone, au-delà des foires cosmétiques et passagères".
"Notre Francophonie doit être conquérante, solidaire, respectueuse des différences et réaliser le contraire de la mondialisation d’aujourd’hui qui singularise la culture des puissants et soustrait celle des pauvres", estime Amadou Lamine Sall, secrétaire général de la Fondation mondiale pour le mémorial et la sauvegarde de Gorée.
"Partout où la recherche du savoir est exclue, l'apprentissage, l'approfondissement et le rayonnement de la langue française négligés, humiliés, la grandeur de la Francophonie s'enfuira", prévient-il.
L’OIF "est à un tournant ! Il ne s’agissait pas de savoir comment égaler Boutros-Boutros Ghali. Il ne s’agira pas non plus de savoir comment égaler Abdou Diouf. Il s’agit d’être digne de leur héritage et de quel héritage. Et la seule manière d’y arriver est de les dépasser en tenant compte des réalités d’aujourd’hui et de l’avenir de la communauté francophone dans le développement mondial", indique le poète sénégalais.
"Solidarité au développement, partage des richesses, illustration puissante et soutenue de la langue française, sauvegarde et défense des langues identitaires, culte et respect de l’homme, hymne à la démocratie. Voici conjugués les rêves de notre grande et belle alliance ! L’OIF doit parier sur +les territoires de l’esprit, là où se jouent la paix et le destin des nations+", soutient M. Sall.
L’investissement culturel "est le premier investissement économique de notre civilisation. Construisons ensemble un pôle de résistance, une conscience culturelle forte et partagée autour de cette +fécondité mystérieuse et vivante de la créativité humaine+", fait-il valoir.
"Vous devez aller au-delà (de l’héritage de Boutros Ghali et Diouf) et accomplir ce qui est inattendu. Soyez moins une héritière qu'une femme qui invente un nouveau monde", a-t-il repris à l’adresse de celle qui fut nommée à la tête de l’OIF lors du dernier Sommet tenue à Dakar en novembre dernier (29-30 décembre 2014).
"Plus le temps passera, plus vous occuperez votre fauteuil; plus votre image s’imposera à notre espace francophone, plus vous devrez écouter, parler, toucher du corps et de l’esprit ce vrai peuple de la Francophonie qui est celui de la Francophonie de terrain, ces millions de jeunes, de femmes, de créateurs lumineux qui se réveillent d’Hanoï à Abidjan, de Montréal à Kinshasa et qui ne sont plus locataires de la langue française, mais copropriétaires", affirme-t-il.
"Dans notre espace en partage", souligne Amadou Lamine Sall, "il est encore +17h du matin+! A vous, avec nous, d'accrocher une nouvelle horloge à la marche de l'OIF !", qui doit, selon lui, faire "le tri dans sa feuille de route, pour éviter les missions déjà dévolues à d’autres institutions internationales, histoire de ne pas devenir ‘’une Francophonie trop remplie de tout et de rien".