AMINATA SOW FALL, LAURÉATE DU PRIX DE LA FRANCOPHONIE DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

Aminata Sow Fall est une grande dame qui constitue une référence incontestable pour toutes les femmes du continent africain. Elle fait la fierté de notre pays et de l’Afrique tout entière, dans bien des domaines.
Voilà sûrement pourquoi, l’Académie française a décidé de récompenser son mérite en octroyant à l’auteur de «la grève des bàttu», de «l’appel des arènes», de «Le revenant» et de «Festins de la détresse» entre autres, le Prix de la Francophonie.
Au risque de me faire tirer les oreilles par celle que j’appelle affectueusement et très respectueusement «ma grande sœur», pour avoir osé violer sa loi personnelle qui se résume en trois mots «humilité», «générosité» et «discrétion», je me permets aujourd’hui, de sonner le clairon de la reconnaissance pour appeler mes compatriotes en général, les jeunesses féminines en particulier, à prêter attention, à se remémorer, à visiter et à revisiter l’itinéraire impressionnant de cette grande dame digne de tous les hommages et de tous les respects !
Aminata Sow Fall, cette honorable native de la belle ville de Saint-Louis, a donné à la cité de Mame Coumba Bang, de véritables raisons de revendiquer la plus haute marche du podium, dans le concert des Nations et de la culture universelle.
C’est Aminata qui, avec sa plume d’or trempée dans du miel doux et parfumé, a offert à Saint-Louis cette belle et délicieuse poésie :
«Saint-Louis la bleue exhale la lumière de la paix. Une pièce d’azur sertie dans l’océan, enrobée de zéphyr, nourrie de la clameur des flots à l’unisson. Mon contact avec l’île bleue restera la seule découverte de ma vie. Je n’en veux pas d’autres. J’y découvris que le riz pouvait sortir d’une marmite avec les reflets de diamant. Le ‘’ceeb u Jén’’ de Saint-Louis est doux comme un rêve. Et le ‘’deem’’ farci n’était plus le mulet lorsque les doigts experts d’une Saint-Louisienne l’avaient recomposé en un joyau à déguster».
Comme tous ses concitoyens, Aminata aime Saint-Louis du Sénégal avec fureur, comme le disait le Duc de Lauzun, premier gouverneur du Sénégal, nommé par le Roi de France en 1779, quand il parlait des habitants de cette ville.
C’est sûrement ce qui a amené la grande romancière, après le Centre africain d’animation et d’échanges culturels (Caec) et les Éditions Khoudia, à créer à Saint-Louis, avec des moyens personnels très limités, le Centre international d’études, de recherches et de réactivation sur la littérature, les arts et la culture (Cirlac), un impressionnant complexe culturel situé à deux pas de l’Université Gaston Berger.
Aminata Sow Fall fait partie des professeurs de français les plus remarquables des pays francophones d’Afrique et d’ailleurs. Elle a participé à la formation de nombreux professeurs de lycée au Sénégal et en Afrique. Elle a été membre de la Commission nationale de réforme du Français. Elle a également participé à la rédaction des manuels scolaires du Second cycle en vigueur dans les années 80/90.
Aminata Sow Fall a été Directrice des lettres et de la propriété intellectuelle. Elle a également été Directrice du Centre d’études des civilisations.
Cette grande dame est d’une discrétion inamovible. Mais, malgré tout, elle ne passe pas aussi inaperçue qu’elle l’aurait souhaité. L’immensité de son œuvre, son attachement aux valeurs de la culture sénégalaise, sa pudeur, sa générosité, son enracinement et son ouverture, son style vestimentaire nationaliste, l’élégance de son langage et sa gestuelle gracieuse, constituent une source nourricière à laquelle devraient s’abreuver toutes les femmes à la recherche de référence.
Aminata est une dame moderne, brillante, discrète et enracinée dans sa culture et dans sa religion. Dans ses écrits elle ne cherche jamais à faire plaisir aux Occidentaux en reniant ses valeurs culturelles fondamentales. Son expression littéraire est essentiellement ancrée dans ses convictions personnelles. Quand elle écrit, elle ne pense jamais à un Grand Prix ou à une quelconque récompense ! Sa plume toujours libre refuse et rejette la servilité!
J’ai souvent vu des hommages que l’on rendait à des personnes déclarées honorables dans différents secteurs culturels et sportifs, ce qui en soit, n’est pas une mauvaise chose. Mais, je me dois de dire, sans vouloir sous-estimer les uns et les autres, que la vie et l’œuvre de Aminata Sow Fall sont de loin plus utiles, plus instructives, plus productives et plus durables que des pas de danse, des chants éphémères ou des prouesses de lutteur.
Toutes ces distractions qui parfois nous procurent des moments de plaisir ont, au demeurant, un dénominateur commun, celui de s’effacer dans un futur très proche, des archives et de la mémoire de l’humanité.
C’est peut-être pourquoi, Léopold Sédar Senghor dans sa grande sagesse disait un jour : «la meilleure façon de vaincre la mort, c’est d’être écrivain». Le grand intellectuel Maître Abdoulaye Wade ajoutait avec pertinence : «Les poètes sont comme le soleil qui meurt au crépuscule pour renaître plus beau à l’aurore».
Aminata Sow Fall s’est distinguée dans tous les genres littéraires. A cela s’ajoute sa brillante carrière administrative sans embuche et difficilement égalable. Son œuvre sera immortelle. C’est la raison pour laquelle, je lui souhaite du tréfonds de mon cœur, de vivre plus de cent ans dans un état d’excellente santé et dans un environnement de paix, de bonheur et de prospérité, par la grâce de Dieu, Maître des Cieux et de la Terre.