AMNESTY ACCUSE L’ARMÉE NIGÉRIANE DE "VIOLATIONS MASSIVES DES DROITS DE L'HOMME"
Lagos, 4 août 2014 (AFP) - L'organisation non gouvernementale Amnesty International a accusé mardi l'armée nigériane et les milices civiles qui la soutiennent de "violations massives des droits de l'Homme" dans leur combat contre le mouvement islamiste Boko Haram dans le nord-est du pays.
Selon l'ONG, des vidéos, des images et des témoignages recueillis lors d'une récente mission dans l'Etat de Borno ont fourni "de nouvelles preuves d'exécutions extrajudiciaires et de graves violations des droits humains" par de présumés soldats et d'autres groupes armés.
Les enregistrements comprennent des images de détenus égorgés et jetés dans des fosses communes "par des hommes qui semblent appartenir à l'armée nigériane et aux milices de la +Force opérationnelle interarmées civile+ (CJTF), soutenues par l'État", a indiqué Amnesty.
"Ce ne sont pas les images que l'on attend d'un gouvernement qui entend jouer les premiers rôles en Afrique", a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International. Une vidéo montre par ailleurs les conséquences d'un raid de Boko Haram sur un village, où le groupe armé a tué près de 100 personnes et détruit de nombreuses habitations, a-t-il ajouté.
Le quartier général de l'armée nigériane a rapidement fait savoir dans un communiqué qu'il considérait "très sérieusement les graves allégations" d'Amnesty, qui touchent à "l'intégrité de l'opération anti-terroriste en cours".
Le haut commandement militaire a réuni une équipe d'officiers supérieurs et d'experts judiciaires et médico-légaux pour étudier les enregistrements et "les allégations d'infractions afin de vérifier la véracité des affirmations et d'identifier les responsables de ces actes".
"La plupart des scènes décrites dans ces vidéos sont étrangères à notre opération et doivent être examinées pour garantir que de telles pratiques ne se sont pas glissées subrepticement dans le système", explique le communiqué.
D'après Amnesty, plus de 4.000 personnes ont été tuées depuis le début de l'année dans le conflit opposant l'armée nigériane et Boko Haram. Ce décompte inclut plus de 600 exécutions sommaires commises après l'attaque d'une caserne le 14 mars à Maiduguri, capitale de l'État de Borno.
L'ONG et d'autres associations locales ont déjà accusé l'armée et la police nigérianes d'exécutions extrajudiciaires et de violations des droits de l'Homme ces dernières années, mais les autorités nient souvent ces accusations. La police nigériane a récemment annoncé l'introduction de cours sur les droits de l'Homme dans le programme de ses écoles d'entraînement.