AMPUTE DE LA MAIN DROITE, SES INDEMNITES ENGLOUTIES DANS UN PROJET IMMOBILIER DE SON ONCLE
ESCROQUERIE PORTANT SUR 29 MILLIONS

Victime d’un accident de travail en Espagne en 2006 et amputé de la main droite, Mouhamadou Sylla a investi la totalité de ses indemnités -29 millions- dans un projet immobilier dont le promoteur n’est personne d’autre que son oncle. Taboulé Sylla, en l’occurrence, a comparu hier pour escroquerie à la barre des flagrants délits, en même temps que sa complice Aminata Touré. Les prévenus restent lui devoir 18 millions, après avoir versé onze millions durant la mise en demeure. Délibéré demain.
C’est à croire que le sort s’acharne sur Mouhamadou Sylla, ancien émigré sénégalais en Espagne. Pompiste de profession, il a été victime d’un accident de travail en 2006. Un coup du destin qui lui a valu une amputation de sa main droite. Cependant, le ressortissant sénégalais a été indemnisé à hauteur de 29.448.425 F Cfa. Un montant qu’il a entièrement réinvesti dans un projet immobilier à Tivaoune Peulh (constitué de trois villas) dont le promoteur n’est personne d’autre que son oncle en l’occurrence Taboulé Sylla.
En effet ce dernier, patron du groupe «Nabi», en tournée en Europe a vanté son projet de construction d’habitations sociales. Une idée généreuse à laquelle le plaignant a adhéré, d’autant que, rassure le promoteur, les constructions devront se terminer au cours de l’année 2006. Ainsi, en contrepartie des montants décaissés, le plaignant reçoit trois contrats de réservation sur lesdites villas. Seulement, deux ans après la remise, pas l’ombre d’un toit.
C’est alors que le neveu se rendit compte de la supercherie de son oncle avant de menacer de porter plainte. Mais son désir de traduire son oncle en justice sera annihilé par la volonté de ce dernier qui, pour calmer les ardeurs du plaignant, lui a délivré des attestations de terrains. En 2012, le plaignant peine toujours à entrer en possession de ses villas. Pire, l’oncle devient aphone. C’est ainsi qu’une mise en demeure a été servie au patron de la société immobilière « Nabi ». Cette fois-ci, le promoteur transige et décaisse dans un premier temps trois millions, avant de porter le montant à onze millions sur le montant encaissé.
Toutefois, pour les 18 millions restants, le patron de la société immobilière «Nabi» n’a pas respecté ses engagements et n’a pas non plus donné suite à la lettre de relance envoyée par les avocats du plaignant. Ce qui lui a valu sa comparution hier à la barre des flagrants délits pour escroquerie, en compagnie d’Aminata Touré poursuivie pour complicité du même délit.
Le duo qui a bénéficié de la liberté provisoire à l’audience de renvoi devra verser au plaignant 18.445.425 F Cfa, soit le reliquat des 29 millions réclamés par les conseils de la victime. En fait, les avocats considèrent qu’au moment de la transaction, les prévenus n’étaient pas attributaires des terrains. Ce qui relève, à les en croire, de manœuvres frauduleuses pour gruger leur client.
Des manœuvres frauduleuses contestées par les mis en cause qui ont tout de même reconnu la remise des 29 millions. Un montant avec lequel ils ont procédé au terrassement du site, révèle la dame. De son côté, le promoteur révèle que sa société devait construire 5000 logements à Tivaoune Peulh et comptait sur un prêt bancaire de cinq milliards.
Avant d’accuser les autorités administratives qui, dit-il, les ont sommés d’arrêter les travaux. Son conseil d’être plus explicite en accusant le groupe «Namora» d’avoir envahi le site pour réaliser des villas pour le Sutsas. Il s’agit d’un terrain litigieux qui appartiendrait au groupe «Nabi», souligne l’avocat.
Poursuivant, la robe noire persuadée de l’inexistence de manœuvres frauduleuses dans cette affaire, a plaidé la relaxe. Mieux, il indique que ses clients sont disposés à rembourser le reliquat. Le maitre des poursuites a requis l’application de la loi. Délibéré le 23 septembre prochain.