APPELS ENTRANTS, LE VOL CONTINUE !
Si la Sonatel continue de dominer le marché, surtout en ce qui concerne le téléphone fixe et le mobile, Expresso est en train de rogner doucement des parts de marché. Déjà, son offre Internet est plus attractive que celle de ses concurrents.
Le dynamisme du secteur de la téléphonie mobile au Sénégal ne se dément pas, tout au contraire. Cependant, tous les opérateurs sont loin d’être logés à la même enseigne. Si la Sonatel continue de dominer le marché, surtout en ce qui concerne le téléphone fixe et le mobile, Expresso est en train de rogner doucement des parts de marché. Déjà, son offre internet est plus attractive que celle de ses concurrents.
A la fin décembre 2012, le Sénégal comptait 11 millions 470 mille 464 abonnés au téléphone mobile. Par rapport à l’année précédente, cela représente une augmentation de 22,64%, et révèle le dynamisme du secteur au Sénégal, qui est en voie d’atteindre très bientôt les 100% de couverture clients sur la téléphonie mobile.
Toutefois, ces données, publiées hier par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), cachent mal les disparités dans les situations particulières des différents opérateurs du réseau mobile. En effet, alors que le marché est en pleine croissance, l’un des opérateurs traditionnels peine à fidéliser sa clientèle, et à en attirer d’autres. Il s’agit de Sentel, qui fonctionne sous la marque Tigo, et qui semble décrocher par rapport à ses concurrents. Au moment où Expresso a quasiment doublé son parc d’abonnés en ajoutant 847 810 nouveaux clients, qui lui permettent d’avoir près de 1,8 million nouveaux abonnés, Sentel n’a pu engranger pour la même période, que 262 150 nouveaux clients, une croissance de 11%, qui ne fait pourtant pas passer son parc clientèle la barre de 2 millions. Même si en l’occurrence, ils étaient, en fin 2012, à 2 millions 640 mille 650, très exactement.
Toutes les données citées plus haut sont le fruit du travail de l’Observatoire mis en place par l’Artp pour étudier et analyser la situation du secteur des télécommunications et d’en tirer des analyses qui devraient aider à orienter les décisions du régulateur. Déjà, on peut noter dans le rapport rendu public hier, que «le marché de la téléphonie mobile reste très largement dominé par l’opérateur historique Orange, même si sa part de marché a légèrement baissé tout au long de l’année, passant de 65,23% à 62,06%. De la même manière, la part de marché de Tigo a baissé de 2,5 points au cours de l’année, pour s’établir en fin d’année à 23,02%. La baisse des parts de marché des deux opérateurs dominants coïncide logiquement avec une augmentation continue des parts de marché du dernier entrant, Expresso, qui détient désormais près de 15% des parts de marché».
Orange pressée sur Internet
Le dynamisme de la marque commerciale du Soudanais Sudatel se confirme d’ailleurs dans le secteur de l’internet mobile. Le rapport de l’Artp indique que la part d’Expresso est passée dans ce domaine, à 52% contre 48% à Orange à la fin décembre 2011, à 59% contre 41% à la fin décembre. Hamady Sy du Département stratégie et prospective de l’Artp souligne que l’offre d’Expresso en matière de 3G est particulièrement attrayante pour les personnes qui se connectent plus sur leur téléphone mobile et moins avec l’Adsl ou le bas débit. C’est dans ce dernier segment, le bas débit et l’Adsl que Sonatel est en position dominante. M. Sy estime d’ailleurs que la désaffection que semble connaître Tigo serait due à son absence dans ce segment de marché, ou à l’inadaptation de son offre en ce qui concerne les attentes de la clientèle.
Quoi qu’il en soit, le nombre d’abonnés à Internet a été en décembre 2012, de 628 621, alors qu’il était de 341 703 une année auparavant. Cela constitue, en valeur relative, une croissance de l’ordre de 84%. Dans le détail, on note que tous les segments de l’offre ont connu une augmentation, mais c’est l’offre 3G qui a connu le plus fort engouement, avec 259 424 nouveaux usagers, tandis que l’Adsl n’a augmenté que de 3% et peine à atteindre 100 000 usagers, de même que le bas débit, bien qu’elle connut une croissance de 40% cette année. Et comme dit plus haut, c’est sur la tranche 3G qu’Expresso semble faire son beurre, en ce qui concerne Internet.
Sonatel bien plantée dans le fixe
Mais la domination de Sonatel ne se dément pas en ce qui concerne la téléphonie fixe, malgré l’arrivée de Sudatel, avec son téléphone «Yobalema», qui a des caractéristiques de «portable fixe». D’abord, il faut noter que rien ne semble fait pour que les Sénégalais continuent d’utiliser le fixe pour leurs appels. Pour preuve, la clientèle sur ce segment s’est fort érodée en un an, passant de 346 406 à 340 019 abonnés. Le taux de pénétration de ce segment de la téléphonie au Sénégal reste donc assez résiduel, à 3% de la population, jusqu’à ce jour. Néanmoins, l’Observatoire de l’Artp note que le volume des appels émis a augmenté de 10%.
Appels entrants, le vol continue
L’une des premières décisions prises par Macky Sall à son arrivée aux affaires avait été, comme promis lors de sa campagne électorale, d’abroger le décret instituant la taxe sur les appels entrants. L’instauration de cette taxe avait entraîné, on se rappelle, une hausse des prix des appels à l’international, que les opérateurs s’étaient empressés de répercuter sur les usagers. Cela avait été jugé arbitraire et confiscatoire, ce qui justifiait la décision de revenir sur cette nouvelle taxe.
Or, il semblerait que l’abrogation de la taxe sur les appels entrants n’a pas poussé les opérateurs du téléphone à revenir sur les anciens tarifs. Et à ce niveau, à l’Artp, les collaborateurs du Dg Abou Lô avouent leur impuissance, et déclarent qu’aucun texte légal ne leur donne le pouvoir d’imposer un quelconque niveau de prix à un ou plusieurs opérateurs. Ce qui fait que ces derniers continuent de percevoir la différence qui à l’origine était reversée à l’Etat, mais cette fois pour leur propre bénéfice.