APRÈS LA PLUIE, LE BEAU TEMPS REVIENT À LA CITÉ SOLEIL ET DALIFORT
Suite aux travaux d’assainissement de l’Etat
Au lendemain des fortes pluies, la Cité Soleil et les quartiers Dalifort ne sont pas prisonniers des eaux. A la Cité Soleil, hier, juste après la prière de 14 heures, les enfants jouent dans les ruelles dallées et drainées. A l’intérieur des maisons, les nuages d’amas qui s’amoncellent au-dessus de la cité ne soulèvent pas d’inquiétudes. Non loin de là, la mairie ne flotte pas comme un îlot dans une mare, comme il y a de cela trois ans. A Dalifort, les eaux ne délogent plus les habitants de leur maison. Beaucoup d’eau a coulé dans ces quartiers où commence une nouvelle vie.
Les hivernages se suivent et se ne ressemblent pas à la Cité Soleil. Juste après les fines pluies de 14 heures, hier, sur une rue, des jeunes garçons, Mamadou Diop, Babacar Thiaw, Mohamed Ndiaye, jouent aux abords du bassin. Cette scène ne courait pas les rues dans ce quartier, il y a quelques années. Au-dessus de leur de tête, le ciel ne s’est pourtant pas déchargé de ses amas nuageux.
Sur terre, les enfants ont désormais le droit de jouer. « Depuis plusieurs années, ce sont tous les membres de la famille et surtout les jeunes qui fournissent des efforts pour évacuer les eaux et les bagages », se souvient Mamadou Diop.
Près de la station, le tapis herbacé envahit peu à peu la fine bande de sable. Ce dépôt de sédiment est un indicateur de la baisse de la nappe. Les ruelles sont dallées avec de petits carreaux. Il fait un beau temps après la pluie à la Cité Soleil.
Dans les maisons, on ouvre grandement les portes. L’eau a beaucoup coulé entre 2005 et 2014. Personne n’imaginait poser les pieds à la devanture de la villa numéro 11 juste après les pluies, comme tant d’autres habitations de cette résidence.
Une nouvelle vie dans une nouvelle cité
« Nous avons constaté une grande amélioration depuis la construction de cette grande canalisation et le drainage gravitaire des ruelles de la cité », confie André Manga qui réside dans ce quartier depuis 17 ans. Le ciel laisse échapper des gouttelettes de pluies sans envelopper les résidents dans une psychose.
« Actuellement, après les pluies, nos maisons ne sont pas inondées. Ce n’était pas le cas, il y a deux ans. Personne ne voulait habiter ici. Voir des amoncellements de nuages suscitait des inquiétudes. Maintenant, ce n’est plus le cas. Nous devons remercier les nouvelles autorités qui ont sorti notre quartier de la précarité », témoigne M. Manga.
Il ressort du couloir de la courette et se pointe sur le seuil de sa porte et nous dit : « Venez voir ». En face de lui, de nouveaux murs se greffent aux anciens.
Le vent de rénovation souffle au dessus de la cité. Ici, on retape, là-bas, on refait. D’autres maisons sont reconstruites près des villas 49. De belles villas carrelées culminent à un ou deux étages. Les ouvrages de drainage et d’évacuation des eaux pluies construits par le gouvernement du sénégal, avec le concours de la Banque mondiale, ont sorti des centaines de familles de l’auberge. « C’est le nouveau visage de la Cité Soleil. Nous vivons dans une nouvelle Cité Soleil. Nous tenons ici à remercier le président de la République », M. Dominique Mendy, ancien responsable du courrier au quotidien national « Le Soleil ».
La cité fait courir tout le monde. Les anciens résidents qui ont vendu leur maison nourrissent des regrets. « Nos anciens voisins qui ont bradé leur maison le regrettent aujourd’hui, car il y a un nouveau environnement ; cela a été long », rapporte André Manga.
Sur une autre ruelle presque en cul de sac, en allant vers la mosquée, on peut accéder à des maisons sans patauger. Les anciens niveaux d’eau ont laissé des marques indélébiles sur les anciennes villas. Elles rappellent de douloureux souvenirs.
Tout cela est un vieux souvenir pour Cheikh Sy, chef du Parc automobile du quotidien national « Le Soleil ». « Je voudrais tout d’abord remercier le président de la République, son Excellence Macky Sall, car c’est durant son mandat que nos problèmes récurrents d’inondations ont été réglés. Aujourd’hui, quelques minutes après la pluie, on peut se promener tranquillement dans ces rues sans avoir les pieds mouillés. Auparavant, ce n’était pas pensable. Je me rappelle, il y a une année, tous les membres de ma famille avaient déménagé chez mes parents à Sacré-Cœur. Je restais seul pour surveiller la maison. Beaucoup de familles déménageaient durant l’hivernage », se rappelle Cheikh Tidiane Sy.
Des économies jetées dans le pompage de la nappe
La nappe est moins sujette aux remontées capillaires. Et tant mieux pour ces chefs de ménages qui avaient jeté une bonne partie de leur épargne dans l’illusion de pompage de la nappe. C’est de l’argent jeté par la fenêtre. Ici, si l’on jette un regard rétrospectif sur les dépenses occasionnées par les inondations, on perd subitement l’haleine.
« Chaque année, il faut à la limite tout acheter. Après chaque hivernage, je dépensais au moins 50.000 FCfa rien que pour la réparation du congélateur. Les murs étaient fissurés et les portes rouillées par le bas. Aujourd’hui, nous pensons à tout réfectionner parce les conditions sont favorables à la rentabilisation de l’investissement », se réjouit Fatou Kane, Mme Tall de la villa numéro 25.
Au lot numéro 76, Ngoné Latir Guèye, l’épouse de feu le journaliste, Ibrahima Fall, est dans sa courette. Elle habite dans cette cité depuis 1995. De cette date jusqu’il y a un an, l’hivernage rimait avec angoisse et désagréments. Ses craintes se sont dissipées dans le système d’évacuation gravitaire, le dallage des ruelles et les gros ouvrages d’évacuation. La Banque mondiale avait mis à la disposition de l’Etat du Sénégal une enveloppe de 28,7 milliards pour la construction d’un paquet d’ouvrages de drainage et le pavage des ruelles de la cité Soleil.
Juste à côté de la Cité Soleil, nous voici à la mairie de Dalifort. Elle n’est pas entourée par les eaux comme il y a trois ans. En face, deux gros bassins sont sécurisés par un muret surmonté par des grilles vertes. Un ponton sépare les deux gros bassins. Ils sont le réceptacle des eaux de pluie et s’intègrent parfaitement dans le quartier. Hier, à notre passage, les rues n’étaient pas entrecoupées par des flaques d’eau.
A la hauteur de la dibiterie Serigne Saliou, les habitants devisent à l’ombre des arbustes ou sur la véranda. « La construction des bassins ont atténué considérablement les conséquences des inondations. Vous pouvez le constater par vous-mêmes, il n’y a pas d’eau. Or, il a beaucoup plu durant le week-end. Si c’était les années précédentes, vous ne pourriez pas y accéder à moins de patauger », compare Aïssatou Guèye qui vit dans l’une des 10 premières maisons de Dalifort. C’est vrai. Une nouvelle vie commence dans les anciens quartiers inondés.
Les bassins de rétention de Dalifort ont reçu leur concours de l’Association internationale pour le développement. Ils sont réalisés dans le cadre du Projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation aux changements climatiques (Progep).