APRES LE PASSAGE D'EBOLA, LE LIBERIA TENTE DE BÂTIR UN SYSTÈME PÉDIATRIQUE
Monrovia, 16 avr 2015 (AFP) - Au chevet de son petit-fils malade de quatre mois, Estella Verdier prie pour sa guérison. Le premier hôpital pédiatrique du Liberia offre un espoir pour les enfants de ce pays sinistré par l'épidémie d'Ebola.
Bien que le Liberia ne compte plus aucun malade d'Ebola, tout comme les deux pays voisins les plus touchés, la Guinée et la Sierra Leone, il n'a pas atteint l'objectif commun d'être débarrassé du virus à la mi-avril.
En cause: un cas isolé, une femme déclarée positive le 20 mars et décédée le 28. Récemment ouvert par Médecins sans frontières (MSF) à Monrovia, la capitale, l'hôpital pédiatrique de 46 lits va permettre aux enfants d'affronter les nombreux maux auxquels ils sont soumis, dans un pays particulièrement démuni sur le plan sanitaire.
A 63 ans, Estella Verdier a désormais la garde de l'enfant, sa fille étant morte pendant l'accouchement, comme de nombreuses femmes au Liberia. Le pays compte, avec 770 décès pour 100.000 naissances en 2010, l'un des plus forts taux de mortalité maternelle au monde.
"Depuis, il continue à tomber malade. Il vomit tout ce qu'il avale", dit la grand-mère, espérant "qu'avec cet hôpital bien équipé l'enfant survivra". Ebola a tué près de 4.500 personnes pour plus de 10.000 cas au Liberia.
La fièvre hémorragique, qui touche particulièrement les personnels de santé, a ravagé le système médical, provoquant la fermeture de nombreux centres de soins. "Nous avons vu des gens mourir simplement parce qu'ils n'avaient pas accès à temps aux soins, généralement de paludisme aigu ou de typhoïde", rappelle Philippe Le Vaillant, chef de mission de MSF au Liberia.
En parallèle, le taux de vaccination infantile s'est effondré, souligne l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance), qui appuie un plan gouvernemental de vaccination de quelque 600.000 enfants de moins de cinq ans contre la rougeole et la polio.
"L'immunisation à la polio atteignait 88% en 2013, contre 49% en novembre 2014. La vaccination de la rougeole pour les enfants d'un an est tombée de 74 à 46%", indique le responsable de l'Unicef dans le pays, Sheldon Yett.
- Accouchements à domicile et malnutrition -
L'objectif de MSF était de "venir aider à la réhabilitation du système médical frappé par Ebola", explique Ondrej Horvath, coordinateur de projet pour l'ONG. "Nous avons décidé d'ouvrir un service d'hospitalisation spécialisé pour les enfants, et non pas une clinique où l'on vient pour une consultation et des médicaments avant de repartir", souligne-t-il.
Le bâtiment en béton en forme de L, où les patients sont testés à l'entrée pour s'assurer qu'ils ne sont pas atteints d'Ebola, peu traiter toutes les maladies, sauf cette fièvre hémorragique, le sida et la tuberculose, selon MSF.
"Nous soignons des enfants souffrant de maladies communes telles que le paludisme, la malnutrition, la pneumonie, etc.", énumère la pédiatre Stephanie Taylor. Un grand nombre d'enfant soignés dans cet hôpital sont des bébés tombés malades à la suite d'un accouchement à domicile ou souffrant de malnutrition à cause de la hausse des prix alimentaires causés par l'épidémie.
MSF aide également un hôpital du quartier de Paynesville à mettre à niveau ses services pédiatrique et maternel. L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, la plus grave depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976, est partie en décembre 2013 du sud de la Guinée avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone voisins.
Elle a fait plus de 10.500 morts pour quelque 25.000 cas identifiés, un bilan nettement sous-évalué, de l'aveu même de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), à plus de 99% dans ces trois pays.