AVIS D’INEXPERT Jurer par le Prophète pour une fausseté
Amadou Diagna Ndiaye par-ci, Abdoul Mbaye par-là… Dans la presse, bien sûr. Après l’affaire des deux candidatures de deux Sénégalais (et non sénégalaises) pour un poste au Comité international olympique (CIO). Des journalistes, via leurs organes de presse respectifs, ont pris le camp de l’un ou de l’autre ; du président du Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) ou du Premier ministre, Abdoul Mbaye, membre de la commission marketing du CIO.
L’un des candidats aurait été celui de l’Etat du Sénégal, et l’autre réplique dans une interview au lendemain de cette déconvenue, que c’est un non-sens de parler de candidat de l’Etat, le CIO ne prévoyant qu’un Etat se mêle d’élections au CIO. Elle a d’ailleurs été une bonne initiative d’avoir fait parler un des protagonistes de cette affaire et que ce dernier ait accepté de donner son éclairage plutôt que sa position.
Mais, ce qui nous a séduit, c’est l’éclairage du président de l’Association nationale de la presse sportive, Mamadou Koumé, qui, interrogé par la radio Rfm, aurait souhaité que les journalistes ayant traité ce sujet d’actualité, se fussent éclairés de la preuve d’un communiqué ou d’une source crédible informant de la mésaventure des deux candidats sénégalais qui ont fait perdre au Sénégal une place au sein de l’instance internationale de l’olympisme. De quelle source provient cette information sur laquelle nombre de rubriques sport des organes se sont lancé tête baissée, n’hésitant pas à mettre en cause un des candidats présenté comme étant celui par qui sont arrivés les déboires du Sénégal au CIO.
La circonspection devant l’information, la précaution professionnelle devant toute information, est une des bonnes attitudes, une des qualités que l’on recommande au journaliste. Elle a, nous semble-t-il, beaucoup manqué dans cette polémique née du pitoyable derby sénégalais pour une place au CIO. On n’a vu qu’un seul coupable et il a été le bouc émissaire. Que les uns aient eu leur préférence n’a rien de déplorable ; ce qui l’aura été ce sont les arguments développés pour soutenir cette partialité. Cette argumentation aura été spécieuse. Et sa légèreté nous renvoie aux questionnements respectables de Koumé. Même si un autre journaliste sportif, Mbaye Jacques Diop, en l’occurrence, a voulu se faire plus nuancé en estimant, sur la même Rfm, que le journaliste peut, à défaut d’avoir un éventuel communiqué du CIO sur le rejet des deux candidatures de Sénégalais, aller chercher l’information auprès d’autres sources.
Vouloir gagner à un radio-crochet doit-il valoir qu’on jure sur un personnage aussi saint qu’un Prophète vénéré par des croyants. Non, répondons-nous, sans ambages. Jurer pour des faussetés, pour des affirmations saugrenues comme celle qu’il nous a été donné d’entendre hier. Une mère, ayant appelé pour participer à un jeu-concours de Dj Boub’s (émission de variétés Deugueuntane sur Rfm) jurera que son fils, alimenté à un certaine farine lactée objet du radio-crochet, est capable de terrasser Balla Gaye II et Eumeu Sène, deux champions des arènes sénégalaises. «Barké Rassouloulahi, mon enfant peut terrasser Balla Gaye II et Eumeu Sène» (sic). Même si ce fut une manière de parler, le propos n’en resterait pas moins inacceptable. Et ce fut tellement énorme que je dus prendre à témoin le chauffeur ; pour lui demander si, pour des futilités, on doit jurer qu’un enfant mangeant tel aliment peut envoyer à terre des champions de lutte de la trempe des deux athlètes cités. Et par deux fois, la dame a affirmé cette idiotie. «Tu ne jureras pas en vain», enseigne le fameux Décalogue (les Dix Commandements de Dieu) des chrétiens. La fin de vouloir gagner une enviable récompense ne saurait justifier les moyens (jurer d’une manière proche du blasphème si ça ne l’est pas tout bonnement).
Nous devrons tous en retenir la leçon…