Babacar Diop a encaissé 16 millions depuis 2011, mais peine à réaliser les travaux

L'Entreprise sénégalaise du bâtiment et du commerce (Sebatco) éprouve des difficultés à exécuter les travaux d'aménagement des chemins de ronde dans les aéroports du Cap Skiring et de Ziguinchor qu'elle s'était engagée à réaliser, après avoir gagné le marché y afférent. Non seulement les travaux ne sont pas exécutés, mais l'entreprise a encaissé une avance de démarrage de 16 millions non encore remboursée. Le Directeur général de la Sebatco, Babacar Diop, par ailleurs membre du Conseil de régulation de l'Armp, explique que c'est une question de procédure et que «si le contrat était résilié aujourd'hui, l'argent serait remboursé». 

Sacré coup pour les aéroports du Cap Skiring et de Ziguinchor. L'entreprise sénégalaise du bâtiment et du commerce (Sebatco), qui s'était engagée depuis 2011 à réaliser les travaux d'aménagement de chemins de ronde n'est toujours pas en mesure de le faire. Mais ce qui est gênant dans cette affaire, c'est que la Sebatco qui a gagné ce marché depuis plus de deux ans, a déjà encaissé une avance de démarrage des travaux de 16 971 610 francs non remboursée à ce jour. Or, les travaux n’ont toujours pas connu, ne serait-ce qu’un début d’exécution. Mais qu'est-ce qui s'est réellement passé pour qu’il en soit ainsi ? 

Après avoir gagné l'appel d'offres T-Ads-039-2009, dont nous détenons copie, pour les travaux d'aménagement de chemins de ronde dans les aéroports du Cap Skiring et de Ziguinchor (lot 2), conclu le 25 janvier 2010 sur un montant de 100 132 500 francs Cfa Ttc avec l'Agence des Aéroports du Sénégal (Ads), Sebatco s'est engagée à réaliser les travaux. Mais, une fois sur les lieux pour le démarrage des travaux, l'entreprise a été confrontée à des difficultés, car l'emprise devant abriter les chemins de ronde a été cultivée. Ce qui est conforté par une lettre de Sebatco adressée aux Ads le 03 août 2011. Dans ladite lettre, l'entreprise dit clairement qu'elle a été au site de l'aéroport de Ziguinchor pour commencer les travaux des chemins de ronde : «Mais... à notre grande surprise, nous avons trouvé que l'emprise devant abriter les chemins de ronde a été cultivée, semée, et que les plantes commençaient à sortir de terre». 

C'est après que l'entreprise a procédé au repli du matériel. Parce qu'elle ne pouvait pas déguerpir les occupants, vu l'instabilité dans la zone. Elle a alors demandé aux Ads de régler le problème. C'est ainsi que la date de démarrage a été différée. Mais cela ne servira à rien, puisque Sebatco n'arrive toujours pas à respecter ses engagements, malgré une mise en demeure de ce qui a été demandé aux Ads. Jusqu'à présent les travaux ne sont pas effectués et l'argent qui a servi d'avance de démarrage n'a pas été remboursé par Sebatco.

BABACAR DIOP, DIRECTEUR GENERAL DE LA SEBATCO

«Je n'exclue rien, ni la résiliation ni le remboursement de l'avance»

Le Directeur général de l'Entreprise sénégalaise du bâtiment et du commerce (Sebatco), Babacar Diop, que nous avons interpellé sur la question, a tenu d'abord à apporter certaines précisions. Il explique d'emblée qu'il n'y a rien de «nébuleux dans cette affaire» et que «tout est clair comme l'eau de roche». 

«Je n'ai pas refusé de rembourser les 16 millions de l'avance de démarrage aux Ads, l'argent est même disponible, il n'y a qu'une question de procédure», dit le patron de Sebatco qui explique que «dans cette affaire, il y a eu deux marchés : Un marché des chemins de ronde de l'aéroport de Dakar qui a été totalement exécuté et réceptionné. Et à l'heure actuelle, c'est l'Ads qui me doit la retenue de garantie qui est presque de 5 millions. Je ne l'ai pas réclamée pour la simple raison que je n'ai pas encore exécuté Ziguinchor et c'est par décence que je l'ai fait, j'attends qu'on trouve une solution globale». 

Le deuxième marché, renseigne-t-il, c'est Cap Skiring et Ziguinchor. «Une première fois, nous avons été là-bas pour voir comment démarrer les travaux. Malheureusement, nous avions des difficultés pour avoir des carrières dans la zone à cause de l'insécurité où se trouvent les carrières de latérite et aussi des rebelles. On nous a recommandé une entreprise avec qui nous avons fait un contrat et à laquelle nous avons donné une avance de 7 millions», informe M. Diop.

«L'Ads me doit 5 millions pour le marché de l'aéroport Senghor entièrement exécuté»

Le patron de Sebatco, qui est également membre du Conseil de régulation de l'Autorité de régulation des marché publics (Armp) ne s’en arrête pas là dans ses explications : «Quand on est allé sur les chantiers pour démarrer, on a trouvé que les paysans cultivaient dans l'aéroport. L'entreprise ne pouvait pas détruire les cultures en tant que native de Ziguinchor et en conséquence, elle ne pouvait pas exécuter les travaux, en plus des difficultés à trouver de latérite. Ce qu'on a fait constater avec le commandant de l'aéroport et nous avons même adressé une lettre à l'Ads. Et dans la lettre datée du 07-6-2012, il est clairement mentionné : ‘Nous sommes en discussion avec des partenaires sur place afin de trouver une solution à ce problème que nous regrettons vivement. Nous sommes à votre disposition pour trouver les meilleures solutions possibles’». 

Mieux, Babacar Diop déclare qu'il est ouvert à toute discussion pour voir toutes les solutions possibles. «Je n'exclue rien, ni la résiliation ni le remboursement de l'avance. Le remboursement ne pose pas problème. Mais, toujours est-il que jusqu'à ce jour, je cherche, malgré les difficultés, comment réaliser les travaux». Mais, pour lui, l'une des solutions, c'est la résiliation du contrat. Et dans ce cas, «où je paie, après je réclame ma retenue de garantie, ou on enlève la retenue de garantie et je paie le reliquat et tout de suite. Je reste à l'écoute de l'Ads».