VIDEOBAISSE DRASTIQUE DE CLIENTS ET DE RECETTES POUR LES MINIBUS «TATA» ET «CAR RAPIDES»
LA PSYCHOSE DE LA FIEVRE EBOLA PLOMBE LE TRANSPORT URBAIN
La surcharge dans les transports en commun a subitement disparu. Ebola est passé par là. Des chauffeurs de minibus «Tata» et de «Cars rapides» se sont plaints du fait que leur chiffre d’affaires connaît une baisse avec des clients devenus presque paranoïaques.
Depuis qu’un cas de virus Ebola a été découvert à Dakar, beaucoup de Sénégalais ont changé de comportement. Désormais, il a été remarqué qu’ils ne se bousculent plus dans les minibus «Tata» comme auparavant, encore moins dans les cars «Ndiaga Ndiaye». Même aux heures de pointe, les bus ne sont plus bondés comme avant.
Selon Modou Sine, chauffeur d’un minibus de la ligne 47 rencontré au niveau de la cité des Eaux, la retenue des clients est tout simplement étonnante. «Pour vous rendre compte de cela, il faut venir au moment où on remet les versements, il y a une baisse remarquable des recettes. En plus toujours quand je regarde le rétroviseur, je m’aperçois que le bus n’est jamais bondé», a-t-il confié sur un ton plaisant.
Son receveur, assis à l’arrière du bus où il reçoit les passagers confirme ses propos. «C’est vrai qu’il y a quelque chose. Avant, même quand le bus était plein, il y avait des clients qui tenaient à entrer quand même. Mais maintenant il suffit que dix personnes soient debout, pour que les clients à l’arrêt vous disent qu’ils préfèrent attendre le prochain bus», déclare le receveur du bus en partance pour les Almadies. Sur le même arrêt, un autre minibus «Tata» de couleur bleue vient se garer. Il dessert la ligne 58 qui relie Fass Mbao, un quartier de la banlieue à la Médina.
Le chauffeur est un vieux qui dégouline de sueur. Lui aussi dit avoir remarqué cette baisse des clients mais regrette une telle situation. «Je pense que c’est la faute des autorités. Elles font tout pour faire peur aux gens. Je n’ai pas fait les bancs, mais je ne pense pas que le virus Ebola puisse être chopé comme ça à l’air libre», rouspète le vieux Massamba Thioye. Un client assis à l’arrière de son siège fait un signe de la tête pour marquer son désaccord avec les propos du conducteur. L’homme d’une quarantaine d’années, habillé d’un ensemble en lin de couleur grise ne veut pas dire son nom mais ne se fait pas prier pour donner son opinion. «Pour rien au monde je vais entrer dans un car bondé, je ne vais jamais sacrifier ma vie. Autant prendre un taxi. Ebola peut se transmettre par sueur alors autant ne pas se frotter à des inconnus», martèle le sieur.
Pour ce chauffeur de Car rapide, les gens doivent revenir à la raison. «Moi je ne comprends vraiment rien. Tu vois que les clients font tout pour s’éviter dans le car. Il faut revenir à la raison. Dieu veille sur tout le monde. Et puis, il ne faut pas nous fuir comme ça, nous avons fait des familles à faire vivre», affirme ce chauffeur allant vers Yarakh.
Ainsi donc, les conducteurs souffrent beaucoup de la psychose de la fièvre Ebola. Les usagers qui évitent de se frotter les uns aux autres dans les véhicules de transport en commun font que les conducteurs voient leur chiffre d’affaires chuter d’une manière vertigineuse.