BENNO BOKK YAKAAR REDOUTE L'ELARGISSEMENT DE LA COALITION
HAMADY DIENG, MEMBRE DU DIRECTOIRE NATIONAL DE L'APR
La structuration de l'Alliance pour la république (Apr) est impérative et urgente. C'est la conviction de Hamady Dieng, membre du Directoire national du parti présidentiel. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, ce responsable «apériste» à Kanel et Ouakam dénonce, entre autres questions, les menées de certains de ses camarades qui, selon lui, «ne veulent pas de l'organisation et de la structuration du parti». `
Quel commentaire faites-vous de la sortie de Me Abdoulaye Wade, depuis Abidjan, tirant à boulets rouges sur le régime, par rapport à l'incarcération de son fils ?
Qui connaît l'ancien président de la République, Abdoulaye Wade, comprend parfaitement que sa sortie s'explique par le fait, qu'aujourd'hui, son fils est détenu pour des raisons que tout le monde sait. Je n'aime pas trop m'avancer, quand il s'agit d'une affaire pendante devant la justice. Parce que je respecte beaucoup la justice de notre pays, qui est une justice indépendante. Mais, j'estime que, Abdoulaye Wade devrait lui aussi adopter cette attitude. Il devrait prendre du recul et de la hauteur. A mon avis, Il pouvait se passer de tels commentaires. Car je demeure convaincu que, si son fils n'a commis aucun délit, il ne sera pas puni par la justice sénégalaise. Il faut laisser la justice faire son travail, en toute sérénité.
Le Président Macky Sall travaille à la mise en place d'une large Coalition politique. Mais, l'appel qu'il a lancé dans ce sens a suscité une levée de boucliers de la part de certains de ses alliés. Vous en dites quoi ?
Je pense que le président de la République, Macky Sall, est dans une logique permanente de retrouvailles des Sénégalais autour de l'essentiel. C'est une démarche compréhensive, parce qu'il a été constant dans cette volonté-là. Maintenant, que les gens ne comprennent pas cette évolution du Président, dans le cadre de l'élargissement de cette alliance, ça pose problème. En ce qui concerne les gens de la Coalition «Macky 2012», je comprends leur attitude. Parce que j'estime que l'alliance «Macky 2012» est celle qui est fondée sur un triptyque très important : le programme, la vision et l'homme. C'était avant la victoire, et les gens avaient cru à quelque chose. C'est pourquoi, quand ils posent des problèmes, je les comprends parfaitement. Mais, ce que je ne peux pas comprendre, c'est le fait que les gens de la Coalition «Benno bokk yakaar» ne veuillent pas que l'alliance soit élargie. Parce que j'estime que la mission de «Benno bokk yakaar», c'était de faire partir Abdoulaye Wade. Cette question étant réglée, aujourd'hui, la question centrale qui se pose, c'est comment régler les problèmes des Sénégalais. Or, nous estimons que, pour régler les problèmes des Sénégalais, il faut associer toutes les bonnes volontés, dans ce pays, qui sont disposées à accompagner le président de la République. La nouvelle alliance s'inscrit dans une logique que le Président a adoptée, dès le départ. Je comprends cet appel, et j'y adhère. Mais il y a une autre dimension qui, nécessairement, est un socle indispensable, pour que cette alliance-là puisse être respectée, c'est l'Apr. J'estime que si l'Apr n'est pas solide, organisée, structurée, toute alliance qu'on va mettre en place risque de connaître énormément de difficultés, pour soutenir le président de la République dans ses différentes activités. C'est pourquoi je dis oui à une alliance large, mais il faudrait que le Président comprenne qu'il faut que l'Apr soit organisée et renforcée.
Est-ce à dire qu'aujourd'hui, la structuration de l'Apr est devenue urgente ?
Moi, ma position n'a pas varié sur cette question. On ne peut pas gérer une quelconque action dans l'inorganisation. On ne peut pas gérer une action dans cette situation, où les militants ne participent pas à la prise des décisions. Je pense que c'est mettre la charrue avant les boeufs. Quand on parle de la démocratie, c'est cette capacité de pouvoir créer un cadre pour les militants, où ils participent à la réflexion, même si la décision finale est du ressort du chef. Mais, si nous ne sommes pas présents à la réflexion, ça pose problème en politique. On réfléchit pour nous et on décide pour nous. C'est pourquoi l'organisation du parti est indispensable. Aujourd'hui, il ne faudrait plus croire que les Sénégalais sont là pour applaudir. C'est une étape qui est dépassée. J'appelle les responsables du parti à se rendre compte qu'il faudrait que le parti soit mieux organisé, pour que les conflits que nous avons au sein de ce parti-là, puissent s'estomper, et que tous, nous nous engagions à nous mettre au service du pays.
Quelle est votre position sur le cas ABC, aujourd'hui, en rupture de ban au sein de votre parti ?
Mon point de vue est simple. On ne nous a jamais instruits sur les divergences entre ABC et le parti. Ce sont des informations non officielles qu'on reçoit. Et moi, j'évite toujours de me prononcer sur des informations non officielles. Je n'ai pas participé à une réunion d'une instance du parti, où on nous a dit exactement ce qui oppose ABC au parti ou ce qui oppose ABC au Président. Je ne veux pas m'aventurer sur des choses que je ne connais pas. Mais, mon souhait, c'est que le parti se retrouve autour de l'essentiel. Et l'essentiel, c'est quoi ? Que chacun joue sa partition dans la construction et la structuration du parti. Tant que le parti ne sera pas structuré, rien ne sera transpa-rent. Parce que, jusqu'à présent, tous ceux qu'on appelle responsables dans le parti, ce ne sont pas les instances qui les ont nommés. C'est le Président qui les a nommés. Donc, si demain, il veut les démettre, mais, il les démet. C'est pourquoi la bataille, aujourd'hui, c'est la bataille de la structuration et de l'organisation, pour que tous, nous devenions des éléments légaux et légitimes, parce que nommés par nos bases. C'est dommage. J'ai la profonde impression qu'il y a des gens qui ne veulent pas, aujourd'hui, de l'organisation et de la structuration du parti.
Qui sont ces gens qui ne veulent pas que l'Apr soit structurée et mieux organisée?
Ce sont ceux qui sont coupés des bases. Ils ne représentent pas grand-chose. Tout ce qu'ils ont, c'est leur proximité avec le Président. Ils n'ont aucune base. Ce sont ces gens-là qui travaillent nuit et jour pour que le parti ne se structure pas. Ils savent qu'en cas de structuration, ils vont disparaître. Ils n'auront plus d'autorité, ils n'auront plus d'influence sur le parti et sur les actions que pose le président de la République. C'est ce qui justifie notre appel. Et c'est un appel permanent, pour que le président de la République, Macky Sall, puisse distinguer ceux qui travaillent pour lui, pour le parti et pour le pays, et ceux-là qui ne se sont pas mis entièrement au service de la République et du parti.
Comment consevez-vous dès lors ce compagnonnage avec le Président ?
Je ne suis convaincu que d'une chose : pour accompagner le président de la République et l'aider à réussir, il faut lui dire la vérité, rien que la vérité. Je ne crois pas à des voies intermédiaires et des raccourcis en politique. C'est le mérite qui doit être au centre de tout acquis en politique. Et ce mérite, il faut travailler pour l'avoir. C'est pourquoi j'appelle les responsables du parti à cesser de s'organiser autour de lobbies, autour de clans, autour d'équipes obscures, pour pouvoir encercler le Président et l'empêcher de travailler. Qu'ils laissent le Président travailler librement. Qu'ils laissent le Président faire confiance à ceux qui le méritent. On ne doit pas s'organiser autour de lobbies pour désorienter le Président dans ce qu'il fait. Parce que nous sommes con-vaincus que le président de la République a des ambitions fortes pour ce pays. Il a une volonté, reconnue par tous, de faire de ce pays un pays émergent. Mais, il a besoin d'hommes et de femmes qui y croient, qui sont sincères et qui sont disposés à l'accompagner.