BENNOO PARTAGE TOUJOURS SON YAAKAAR
Entrainée par l’énergie cinétique du 2e tour de la présidentielle de 2012, la coalition « Bennoo Bokk Yaakaar » qui a porté Macky Sall au pouvoir avait continué sa mobilisation pendant quelques mois encore avant de tomber petit à petit dans la léthargie.
Si des rencontres se tenaient encore de temps à autre entre le président Sall et certains leaders de la coalition comme Moustapha Niasse de l’Afp ou Ousmane Tanor Dieng du Ps, « Bennoo Bokk Yaakaar » (Bby), en tant que structure, n’avait pas beaucoup l’occasion de ces contacts privilégiés avec son chef.
Absorbé par les problèmes domestiques dont il venait de découvrir l’ampleur, le président Macky Sall a voulu consacrer le maximum de son temps à leur résolution.
Mais cette option plongera Bby dans un sentiment d’abandon qui va pousser certains de ses responsables à émettre des critiques ou des déclarations plus ou moins fracassantes qui laissaient présager un éclatement imminent de la coalition.
Surtout après le retrait de celle-ci d’Ibrahima Fall puis, plus tard, le départ de Rewmi d’Idrissa Seck en septembre 2013. Certains opposants avaient même commencé à remplacer le terme « Bennoo » (union) par « Tassaro » (dispersion ou éclatement).
Mieux, des responsables issus de l’Apr se sentant lésés à cause des différents strapontins accordés par le président Sall à ses alliés, n’hésitaient plus à appeler à la fin d’un compagnonnage jugé inutile et intéressé avec de futurs adversaires du Président.
Ce fut une période de turbulences pleine d’incertitudes pour l’avenir de la coalition présidentielle.
Il faut, cependant, reconnaître que Bby n’était pas exempte de reproches car s’étant montrée étrangement silencieuse sur des sujets d’actualité brûlante comme la traque des biens mal acquis, les pénuries d’eau, les délestages, la crise universitaire ou les attaques virulentes contre le président et sa famille.
Même s’il ne s’agit pas de défendre aveuglément, au point de passer pour un obligé, on pouvait raisonnablement s’attendre à ce que Bby fasse entendre sa voix.
Qui plus est, certains partis de Bby avaient tôt fait, à plus de trois ans de l’élection présidentielle de 2017, d’annoncer qu’ils auraient un candidat, faisant fi ainsi des risques de crispation et de méfiance que cela pouvait entrainer avec l’Apr.
Seul le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, leader de l’Afp, un des plus grands partis de Bby, a fait savoir clairement que par devoir de loyauté, que ni lui ni un autre de son parti n’allait se présenter contre le président Sall à la prochaine élection présidentielle, en dépit d’une petite clameur hostile.
Les partis qui n’iront pas dans ce sens ne vont-ils pas à plus ou moins brève échéance sortir de la coalition au risque de s’y sentir isolés ?
Pourtant, malgré l’avis de tempête qui était annoncé et qui devait balayer Bby, on a remarqué que depuis le mois de juillet dernier, cette coalition semble reprendre du poil de la bête.
Il y a eu d’abord cette rencontre sous forme de « ndogu » pendant le ramadan entre Macky Sall et les responsables de Bby. S’en est suivie, le 22 septembre, une autre rencontre au cours de laquelle le président a fait, devant ses alliés, un exposé axé principalement sur ses réalisations et les grandes orientations du gouvernement.
Des débats, suggestions et échanges de points de vue ont eu lieu. Le week-end dernier, remake, Bby a tenu un séminaire de mise à niveau.
Le président, le Premier ministre et les membres du gouvernement ont, pendant deux jours, rencontré les leaders de Bby pour leur permettre d’être informés sur les chantiers et les réformes engagés afin qu’ils se les approprient pour mieux les défendre.
Il apparaît donc de plus en plus que Macky Sall veut raviver les braises de Bby pour en faire le socle qui devrait s’enrichir d’autres forces pour obtenir un second mandat. Dès lors exit, du moins temporairement, les retrouvailles de la famille libérale qui étaient agitées récemment.
Et cela d’autant plus que l’Apr peut être accusée de connivence au moment où certains leaders du Pds sont en délicatesse avec la justice.
Ce regain de flamme s’explique aussi par le fait qu’après avoir mis en place et lancé le Plan Sénégal émergent (Pse), Macky Sall a besoin du soutien le plus large possible pour garantir sa réussite.
Ensuite, n’ayant plus l’œil rivé en permanence sur le tableau de bord comme au début de son mandat, il a davantage de « temps » pour s’occuper de sa coalition.
Le seul point qui continue de susciter des interrogations, c’est comment Bby va-t-elle sortir de sa structuration prévue le week-end dernier et reportée à une date ultérieure. Sera-t-elle diminuée ou renforcée ?
Les paris sont ouverts.