BIBO BOURGI, PAPE POUYE ET DIEU
TRAQUES ET EMBASTILLES PAR LA CREI, LEURS PROCHES S'EN REMETTENT A LEURS PRIERES
« Bibo Bourgi et la banqueroute » : tel est le titre ayant barré la Une de plusieurs journaux de la place il y a quelques jours. Sans doute, la source de ces confrères leur avait-elle fait croire à chacun qu’il aurait l’exclusivité sur cette affaire de « banqueroute frauduleuse » qui aurait rattrapé Ibrahim Abou Khalil alias Bibo. Une stratégie médiatique payante puisque, dès le lendemain, et dans un bel ensemble, beaucoup de journaux avaient fait leur manchette sur cette banqueroute supposée de notre compatriote d’origine libanaise arrêté en même temps que Karim Wade dans le cadre de la traque des biens mal acquis avant de bénéficier d’une liberté provisoire pour raisons de santé !
Certainement, les adeptes du dénigrement et de l’hypocrisie politique ont utilisé le même stratagème pour travailler l’oreille du président Macky Sall dès son accession à la magistrature suprême. En lui racontant des choses du genre : « Bilahi… président ! Karim, Bibo, Pape Pouye et consorts ont pillé la mer, la terre, le ciel… et même les cimetières, les mosquées et les églises ! ». Face à cette montagne d’accusations effrayantes, que voulez-vous que le président fasse ? Comme tout être humain, de surcroît garant des deniers publics, le président Macky Sall ne pouvait faire autrement que d’actionner la justice afin de déclencher l’opération dite de traque des « biens mal acquis ». Une occasion pour les « faucons pèlerins » que « Le Témoin » qualifiait jadis de « menteurs de la République » de reprendre du service.
En effet, cette affaire de « banqueroute frauduleuse » relève d’une pure et simple opération de délation et de dénigrement utilisée par des encagoulés pour conduire Bibo Bourgi et Pape Mamadou Pouye, entre autres boucs émissaires, à l’abattoir pour les achever. Et ce au grand bonheur de certains hommes d’affaires nationaux et étrangers qui s’activent dans les coulisses de la présidence de la République pour reprendre les sociétés « Eden Rock » et « ADS », dont l’une d’ailleurs est placée sous administration provisoire. En effet, il ne fait l’ombre d’aucun doute que cette vieille affaire de banqueroute qui date de 1999 n’a été ressortie par les vautours que pour porter l’estocade finale à un concurrent dont les affaires marchaient avant son emprisonnement et qu’il faut donc coûte que coûte achever. Autrement, on ne voit pas ce que ces vieux « faits » peuvent apporter, comme éléments nouveaux, à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI).
Sauf pour accréditer l’idée d’un Bibo Bourgi fauché comme du blé dans les années 90 avant de redevenir subitement fortuné après l’arrivée de Me Abdoulaye Wade au pouvoir. Un point intéressant pour mieux camper le débat et rétablir une partie de la vérité. En effet, il faut être né et avoir grandi à Dakar-Plateau pour connaître la riche famille des Bourgi, ses nombreuses sociétés et ses immeubles. Cette dynastie des Bourgi, du père (Abdou Karim Bourgi) aux fils ou neveux (Fayez décédé l’année dernière, Samir, Mounir, Karim et Bibo…) était une famille de commerçants, d'industriels et de propriétaires fonciers. Un patrimoine que Bibo Bourgi avait fini par contrôler et gérer du fait de l’absence des membres de la famille émigrés sous d’autres cieux. D’ailleurs, certains experts financiers se plaisaient à dire à l’époque que les « Bourgi » font partie des familles sénégalaises les plus riches aux côtés de celles des Ndiouga Kébé et autre Djily Mbaye.
Preuve de cette fortune : depuis les années 80 et 90, la plupart des appartements, villas et immeubles conventionnés à Dakar-Plateau et destinés à loger les fonctionnaires appartenaient à la société immobilière de Bibo Bourgi. Il nous plaît d’ailleurs d’ouvrir une parenthèse pour rappeler que durant ces années-là, aucune manifestation culturelle ou sportive de l’Asc Sandial du Plateau ne pouvait être organisée avec succès sans le soutien et l’assistance de Bibo Bourgi. Nous écrivons sous le contrôle de l’ancien Dg de la Sones (Société nationale des Eaux du Sénégal), M. Abdoulaye Makhtar Diop (actuel Grand Serigne de Dakar) et de notre consoeur de la Rts Aïssatou Francoise Seck, Bibo Bourgi prêtait gracieusement à l’Asc Sandial les locaux de sa grande discothèque « Héliopolis » pour abriter ces manifestations.
Tout cela pour dire quoi ? Que Bibo Bourgi n’était pas si misérable au point d’être enrichi par les Wade ! Certes, avec l’arrivée de ces derniers, il n’est pas exclu que ses affaires aient prospéré davantage mais de là à le présenter comme un failli qui n’avait plus rien du tout, il y a là quand même tout un fossé qu’il convient de ne pas franchir. Sans doute, comme tous les hommes d’affaires sénégalais ayant gravité autour de la galaxie des Wade — et dont certains sont aujourd’hui des visiteurs du soir du président Macky Sall et de son épouse ! —, Bibo Bourgi a réussi à élargir ses activités. Ce qui serait d’autant plus justifié que lui, au moins, avait déjà bâti une fortune dans les domaines du transit et de l’immobilier avant l’arrivée des Wade au pouvoir. Et ce contrairement à des gens qui n’avaient jamais connu le volant d’une Renault 10 (R 10) avant les deux Alternances survenues dans notre pays et qui, aujourd’hui, roulent dans des bolides sans connaître le chemin de la Crei.
Nous sommes convaincus d’une chose : à Bibo Bourgi il n’est reproché que le seul crime d’être un ami de Karim Wade. Etonnamment pourtant, ses proches parents qui ont gardé jusqu’ici le silence, n’ont aucune animosité envers le président Macky Sall. Au contraire, ils magnifient les qualités humaines de l’homme, croyant qu’il n’a pu qu’être induit en erreur relativement à Bibo. « Nous sommes persuadés que les gens ont raconté des contre-vérités au président de la République. Mais la famille des Bourgi s’en remet au Bon Dieu ! » nous explique un membre de la famille de Bibo tout en souhaitant plein succès à Mme le ministre de la Justice dans sa traque des biens mal acquis.
En fait, c’est comme si les proches de Bibo Bourgi et de Pape Mamadou Pouye s’étaient passé le mot. Coïncidence étonnante ! Tenez ! Interpellé sur l’incarcération de son « petit-fils » Pape Mamadou Pouye, ce grand notable religieux et ancien fonctionnaire reconnaît que la famille des Pouye vit très difficilement cette situation. « En lisant plusieurs fois le Coran la nuit de son arrestation, j’ai invité toute la famille à s’en remettre à Dieu. Et comme le dit Allah dans le Coran, nous devons nous en remettre à Lui comme le font les oiseaux » dit notre interlocuteur en egrénant les perles de son chapelet.
PAPE MAMADOU POUYE
Rappelons-le, Pape Mamadou Pouye est âgé de 43 ans ans puisqu’il est né en 1970 à Dakar. Il a fait ses études primaires et secondaires à l’école Sainte-Marie de Hann comme son camarade Karim Wade. Un établissement situé à quelques mètres de chez lui, à la cité Hady Niang.
Fils d’une riche et discrète famille d’experts-comptables, Pape Mamadou Pouye était à l’aise financièrement bien avant l’arrivée des Wade au pouvoir. Et ce pour avoir, après ses études en France, travaillé dans de grands cabinets d’audit européens. Malheureusement pour lui, il est appelé par les nouvelles autorités à justifier l’origine des fonds ayant servi à monter les sociétés incriminées. Pourtant, Dieu sait qu’il avait de quoi créer honnêtement « Aviation Handling Services » (Ahs). Hélas, dommage que sous Wade, la maladie du « cfa » sale ait beaucoup contaminé l’ « euro » ou le « dollar » des dignes fils du pays rentrés au bercail avec l’argent acquis à la sueur de leur front. Une contamination mortelle qui a pu faire tomber certains d’entre eux dans les filets de la Crei.
Comme les affaires Idrissa Seck et fonds politiques de Wade, Cheikh Béthio Thioune et le génocide de Médinatoul Salam, Abdoul Aziz Tall et les fonds de la Lonase, Sada Ndiaye et les marchés du Coud, Mbaye Diouf et les wagons de la fortune etc., la montagne des biens mal acquis débucherait-elle sur la souris des … non-lieux ? Il y a tout lieu de le craindre !