BIENVENUE À LA FOIRE AU SEXE
NGOR-ALMADIES, CORNICHE, SALY
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Ngor-Almadies, Corniche, Saly… bienvenue à la foire au sexe. Dans ces coins chauds du pays, c’est du sexe à gogo. Il y en a pour toutes les bourses. La prostitution, un phénomène qui gagne du terrain avec ses hauts et ses bas.
La prostitution est souvent définie comme une activité consistant à entretenir des rapports sexuels en contrepartie d’une rémunération. Elle est majoritairement exercée par les femmes et consommée par les hommes. Les belles de nuit- comme on les appelle dans le langage familier - sont faciles à reconnaître. A Dakar, sur la route de l’aéroport au niveau de Ngor-Almadies, sur la corniche, mais également du côté de la Petite côte, à Saly plus précisément, sont autant d’endroits où le sexe se vend à bon prix. A Saly notamment, les clients ciblés sont souvent les touristes européens qui payent la passe au prix fort.
La zone de Ngor-Almadies a été notre première étape. Samedi soir, 2 heures du matin. A Dakar, la ville ne dort pas. Sur l’allée principale de Ngor-Almadies, une ambiance folle. De très belles bâtisses, des restaurants luxueux côtoient les boîtes dans ce quartier résidentiel.
Habillée d’une mini jupe, coiffée d'une perruque blonde, top en paillette, cette belle de nuit n’a aucun mal à se mettre en valeur. A un mètre du casino du Cap-Vert, cette jeune âgée d’une trentaine d’années, stoppe les voitures qui passaient devant elle. Une voiture de Marque Hyundai se gare juste à ses pieds. Et là, le marchandage commence avec un homme vêtu d’un Lacoste bleu blanc. Pour rester discret dans notre quête d’information, nous nous mettons à l’écart. La belle de nuit dira à son compagnon ceci : «Déposes-moi derrière le casino». Le marché conclu, ils s’en vont pour une belle partie de jambes en l’air.
A quelques jets de pierres de cet endroit, le constat reste le même. Un groupe de trois filles squattent le trottoir. Talons de 15cm, jupe courte, coiffure extravagante, il n’y a pas de doute, il s’agit des travailleuses du sexe. Les unes plus audacieuses que les autres, elles n’ont pas froid aux yeux, elles s’exhibent, se déhanchent comme elles veulent. La stratégie est d’être dévergondée, aguicheuse, afin d'appâter des clients. A chaque fois qu’une voiture s’arrête, elles se précipitent pour s’arracher les clients.
Un peu plus loin, sur la corniche, à hauteur de l’Université de Dakar en allant vers la cité Claudel, un groupe de filles adopte la même stratégie. Certaines font même plus, dès qu’une voiture se gare devant elles, elles montent aussitôt. Car ayant déjà calé leur rendez-vous à l’avance.
Autre lieu, autre décor. Dieuppeul, bar-restau «Chez Iba». Ici, les gens sont moins nombreux, l’accès à l’endroit est restreint. Dans ce bar, les filles sont abonnées à la cigarette et à l’alcool. Leur port vestimentaire est sexy et extravagant. Là, par contre, l’endroit pilule de filles beaucoup plus âgées que les clients. Comme ailleurs, ça marchande ferme pour une passe. Parfois, les filles se bousculent même pour dénicher l’oiseau rare afin de passer une bonne fin de soirée et surtout de gagner un peu d’argent. Car, ici l’activité est au ralenti, la clientèle moins nombreuse et moins fortunée. La passe ne négocie ainsi à bas prix et les filles, pour ne pas rentrer bredouille sans le moindre sou, sont contraintes de faire des concessions tarifaires.
N’empêche, ces adeptes du plus vieux métier du monde ne sont pas prêtes de s’essayer à autre chose. N. D. explique : «les clients se font rares et ceux qui viennent ici, ne payent pas bien. Malgré tout, faute de mieux, on fait avec. La crise dans le milieu est telle qu’on est obligée de faire des concessions, accepter des passes à un prix très bas pour ne pas se retrouver à la fin de la nuit avec des miettes ou même rien du tout».
Selon cette jeune femme, qui dit avoir plus de 35 ans, et qui exerce ce métier depuis des années, l’activité ne marche plus. En plus d’être devenus difficile à trouver, ils ne payent pas bien, confie-t-elle en soulignant que tous les hommes prennent prétexte de la crise pour casser les prix. «Et comme on n’a pas le choix, on est obligé de se vendre même à vil prix pour ne pas se retrouver totalement dans la dèche. Car, avec ce qu’on gagne, aussi minime soit le montant, on fait face à toutes nos charges, location, habillement, nourriture et l’entretien de nos proches», ajoute, pour sa part, S. F. une autre péripatéticienne.
Pourtant à Dakar, il y a des clients qui casquent fort pour s’offrir une bonne nuit de plaisir charnel. C’est ce qu’on appelle dans le milieu, la méthode de la bougie. Elle consiste à payer une bougie et 50.000 francs Cfa à la belle de nuit pour une partie de plaisir prolongée. C’est-à-dire que la passe dure tout le temps que la bougie est allumée jusqu’à ce qu’elle s’éteigne.
Mais le plus gros de la clientèle à Dakar paie des prix réduits. Des sommes variant entre 5000 et 15000 francs Cfa, avouent nombre de ces filles que nous avons interpellées. Pis, l’une d’elles révèle que celles qui viennent d’embrasser le métier leurs prix varient entre 2000 et 3000 francs Cfa. Pour d’autres, la contrepartie de 15000 francs Cfa dure 2 heures d’après un homme rencontré dans un bar de la place.