BILAN ET DÉFIS DE L'UEMOA
COMMÉMORATION DES 20 ANS DE l"UNION
Créée en 1994, l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (Uemoa) fête ses 20 ans. La commémoration a été organisée hier à Ouagadougou où se trouve le siège de la Commission de ladite structure. Tous les huit chefs d’Etat de l’Union, à l’exception du Président Bissau Guinéen qui s’est fait représenter par son président de l’Assemblée nationale, ont assisté à la rencontre célébrant «l’âge de la maturité» de cette organisation qui a, à son actif, plusieurs réalisations. Toutefois, pour qu’elle joue mieux son rôle, tous les acteurs prônent la mise en oeuvre des réformes, de la mobilisation des ressources financières entre autres.
Hier, Ouagadougou capitale du Burkina Faso (pays des hommes intègres) a rassemblé les sommités des huit pays membres de l’Uemoa pour la commémoration des vingt ans de l’Union créée par les pères fondateurs le 10 janvier 1994 à Dakar. Macky Sall Président du Sénégal, Thomas Boni Yayi du Bénin, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Faure Gnassimbé du Togo, Mouhamadou Issoufou du Niger, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Ibrahima Boubacar Keita du Mali et le président de l’Assemblée nationale de la Guinée Bissau se sont retrouvés avec les officiels de l’Uemoa au palais des congrès du centre international de conférences de Ouagadougou pour célébrer l’anniversaire de l’Uemoa, mais surtout pour faire le bilan de la structure.
Le Président de la Commission de l’Uemoa, le Sénégalais Hadjibou Soumaré, a rappelé qu’il y a vingt ans l’Union est née, avec pour mission de construire autour de notre monnaie commune (franc Cfa) un espace économique harmonisé, au sein duquel circulent librement les personnes, les biens, les services et les capitaux.
Evoquant le bilan, l’ancien Premier ministre sénégalais indique que dès sa création, la mission de l’Uemoa a été la surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques, la construction d’un marché commun, l’harmonisation des législations, notamment en matière économique, la mise en oeuvre des politiques et programmes sectoriels communs, corrélativement au déploiement progressif d’une architecture institutionnelle fonctionnelle.
C’est ainsi que deux étapes (1994-2004 et 2004-2014) ont marqué l’essentiel des réalisations de cette Union citée en modèle en Afrique. «Au cours de ces deux étapes, l’Uemoa s’est construite en se dotant de politiques et programmes hardis et en se déployant dans l’ensemble des Etats membres, des projets
concrets qui en font aujourd’hui un modèle d’intégration», confie Hadjibou Soumaré.
L'ACTIF DU BILAN
Dans le bilan à l’actif de l’Uemoa, l’union douanière est acquise avec la libéralisation des échanges intracommunautaires et l’institution d’un tarif extérieur commun (Tec). Des politiques et programmes communs ont été adoptés et sont développés dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie, de l’énergie, des mines, de l’environnement, du tourisme, de la culture, de l’enseignement supérieur, des transports, etc. «Aujourd’hui, nous avons une monnaie stable et le taux de croissance dans l’espace est passé en moyenne à 6%, avec des pointes de 10% dans certains pays, même si le niveau des échanges intracommunautaires reste en deçà de 20%», se réjouit Hadjibou Soumaré. Dans ce cadre, il se félicite aussi de la réussite de la conférence internationale des investisseurs de Dubaï, organisée le mois dernier en collaboration avec l’Uemoa et qui a permis d’obtenir des promesses d’investissements de près de 19 milliards de dollars pour l’Union.
NOUVEAUX DÉFIS
A sa phase de maturation, l’Uemoa qui a un bilan jugé satisfaisant doit se projeter dans l’avenir si elle veut réaliser tous ses objectifs, car plusieurs défis sont à relever. Pour le Président de la Commission de l’Union (cheville ouvrière de l’organisation), un défi important concerne la consolidation des acquis qui passe par la mise en oeuvre des réformes, notamment des textes, à travers leur intégration dans l’arsenal juridique de chacun des Etats membres. «Notre union souffre aujourd’hui de nombreuses difficultés liées à une application insuffisante des réformes dans nos Etats. La libre circulation des personnes et des biens continue d’être une préoccupation malgré les efforts déployés. De nombreux textes, instruments et mécanismes dont la mise en oeuvre devrait faciliter l’approfondissement de l’intégration et l’amélioration de la gestion de notre économie, souffrent encore de réticences injustifiées dans nos pays», constate pour le regretter M. Soumaré. Il considère qu’un autre défi est lié à la mobilisation des ressources financières nécessaires au financement des projets structurants pour les économies de l’Union.
Selon Hadjibou Soumaré, il s’agit d’assurer la sécurité alimentaire des populations de l’Union, mais surtout de financer des infrastructures indispensables au développement de la zone. L’Union doit aussi relever le défi de la paix et de la sécurité pour la stabilité indispensable pour une activité économique de qualité. Pour relever tous ces défis, l’ancien Premier ministre sous Wade fait savoir que la Commission qu’il dirige s’emploie à accélérer la mise en oeuvre de son Plan stratégique 2010-2020, en mettant l’accent sur plus d’efficacité dans son action, pour espérer passer à l’autre palier qui est la confédération.
SATISFECIT DES CHEFS D'ÉTAT
Les chefs d’Etat et de gouvernement ont apprécié le travail effectué par l’Uemoa depuis 20 ans. Le président du Faso, Blaise Compaoré qui considère que 20 ans est l’âge de la maturité pense que «l’Uemoa est une organisation exemplaire qui a permis aux pays membres de résister aux chocs exogènes, notamment la crise économique internationale».
Pour le chef de l’Etat qui recevait ses pairs, l’Uemoa est une véritable locomotive d’intégration en Afrique de l’Ouest. Cependant, le président Burkinabé est d’avis qu’il faut accorder une attention soutenue au chantier de la paix et de la sécurité pour répondre aux nouvelles menaces que sont les terroristes et les supposés Jihadistes qui menacent la stabilité de la zone.
Dans le même ordre d’idées, le Président sénégalais Macky Sall, souhaitant «joyeux anniversaire à tous», considère que cette célébration est exceptionnelle car des réalisations ont été faites depuis 1994. «20 ans c’est l’âge de la maturité et l’Uemoa vient de passer sa maturité. Cela a été constaté par les politiques communautaires mises en oeuvre par les institutions et organes spécialisés, mais surtout par le programme économique régional qui vient d’être promu lors du sommet de Dubaï. Nous allons consolider de jour en jour notre unité au sein d’une communauté de destin», laisse entendre le président Sénégalais qui s’est déplacé avec le ministre des Finances Amadou Bâ, son directeur de cabinet politique Mahmouth Saleh, ente autres.
Parlant globalement au nom des chefs d’Etat, le président du Bénin Boni Yayi, par ailleurs président en exercice de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa, a salué aussi les réalisations précitées de l’organisation tout en rappelant notre destin commun. «L’intégration sousrégionale est le moyen le plus efficace pour réduire les disparités économiques dans nos pays et l’Uemoa est maintenant une réalité qui fait partie du quotidien de nos populations. Il faut tout faire pour que les acquis soient consolidés, en relevant les défis pour donner à l’union les impulsions pour la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux», explique Yayi Boni. En ce qui concerne, les défis le président de la conférence des chefs d’Etat considère qu’il faut une maîtrise de l’énergie pour la rendre accessible aux ménages et aux industries, une maîtrise alimentaire qui passera par une agriculture de qualité etc.
L’Uemoa alloue 750 millions aux pays affectés par Ebola Par ailleurs, la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa, préoccupé par l’épidémie d’Ebola et son degré de nuisance, a exprimé toute sa solidarité et son soutien aux Etats affectés par cette maladie terrifiante. La conférence a ainsi décidé d’allouer 1,5 million de dollars (environ 750 millions de francs Cfa) aux pays touchés par la fièvre hémorragique à virus Ebola. La conférence salue aussi les mesures prises par la communauté internationale, tout en exhortant à plus d’engagement de la part de tout le monde afin de contrôler la propagation du virus et pour venir à bout de cette maladie.