BOKO HARAM A ENGENDRÉ "UNE DES PIRES CRISES HUMANITAIRES D'AFRIQUE"
Abuja, 21 mai 2015 (AFP) - L'insurrection du groupe islamiste nigérian Boko Haram a causé "une des pires crises humanitaires d'Afrique" et des fonds supplémentaires sont nécessaires afin de porter secours aux victimes, a prévenu jeudi le Comité international de la Croix rouge (CICR).
Le président du CICR, Peter Maurer a fait ce constat après s'être rendu à Yola et Maiduguri, deux villes du nord-est du Nigeria où des centaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge.
"Je suis revenu avec la forte impression que je n'ai vu que la partie émergée de l'iceberg", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Abuja, la capitale fédérale nigériane.
M. Maurer a notamment insisté sur le besoin urgent d'aide aux victimes de violences sexuelles, de nombreuses femmes et jeunes filles ayant été enlevées puis violées par le groupe islamiste.
Puis il a critiqué, sans les nommer, des associations humanitaires pour leur manque de réactivité. "Je suis très critique envers ces acteurs humanitaires qui parlent beaucoup (mais) ne produisent pas de résultats sur le terrain", a-t-il ajouté.
"Des communautés entières ont fui leurs villages et enduré des douleurs inimaginables (...) Elles ont besoin de soutien bien au-delà de ce que le CICR peut leur apporter. Et dans certains endroits, nous sommes tout seuls", a-t-il précisé par ailleurs dans un communiqué.
Selon M. Maurer, le budget du CICR dans la région du Lac Tchad --qui comprend le nord-est du Nigeria et une partie du Cameroun, du Tchad et du Niger voisin-- s'élève pour l'instant à 110 millions de francs suisses (soit 105 millions d'euros).
Cela fait de cette région ravagée par Boko Haram la troisième plus importante opération du CICR après la Syrie et le Soudan du Sud. M. Maurer a déclaré qu'il allait demander un budget additionnel de 60 millions de francs suisses, au vu des besoins qu'il a constatés.
L'insurrection islamiste et sa répression par les forces de l'ordre ont fait plus de 15.000 morts et plus d'1,5 million de déplacés depuis 2009.
L'armée nigériane a pu libérer un certain nombre de villes tombées sous le contrôle de Boko Haram, grâce à l'aide militaire des pays voisins, mais les violences se poursuivent, avec notamment des attentats-suicides.
Et "même si les combats s'achèvent demain, il faudra des années d'investissement et de travail acharné pour reconstruire les emplois et les services, dépasser le traumatisme et retrouver une forme de normalité", a conclu le président du CICR.