BONS ET MAUVAIS POINTS DU MAIRE KHALIFA SALL
DAKAR : INSALUBRITÉ, ENCOMBREMENT DES MARCHANDS AMBULANTS, INSÉCURITÉ, ENSABLEMENT DES RUES
Sans conteste, le maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, marque des points, autant dans la gestion de la mairie que dans celle de son image personnelle. Patiemment et obstinément, l’édile de la capitale, élu en 2009 sous la bannière de la coalition Benno Siggil Sénégal, est en train de donner un autre visage de sa ville.
Défigurée par une incroyable insalubrité, l’envahissement des rues par les marchands ambulants, l’ensablement de ses routes, l’urbanisation sauvage, le manque ou l’insuffisance de l’éclairage public, le bradage de son patrimoine foncier, Dakar apparaissait et apparaît encore, dans une moindre mesure, certes, comme une ville abandonnée à ses prédateurs de tous acabits.
Ce triste spectacle d’une grande métropole, devenue une ville-souks, dépotoir géant aux mains des spéculations les plus mafieuses, pourrait bien s’effacer si les actions déterminantes de la mairie se poursuivaient dans le rythme et l’efficacité qu’elles connaissent actuellement.
Après un début de mandat poussif au cours duquel, la faconde du maire était plus prégnante que ses actions, la nouvelle équipe municipale semble enfin avoir pris la mesure de l’urgence d’actions déterminantes. Calcul électoraliste ou hasard du calendrier ? Peu importe ! L’essentiel est qu’aujourd’hui, le maire et son équipe ont pris leur courage à deux mains pour mettre en œuvre de manière décisive des mesures hardies pour changer la configuration de Dakar.
On a pu mesurer l’amplitude et l’intensité de cette détermination dans la gestion du dossier des marchands ambulants que le régime précédent traitait en clients-rois. Ils étaient ménagés, adulés et courtisés parce que, semble-t-il, ils auraient contribué à la défaite d’Abdou Diouf en 2000. Ils avaient tous les droits y compris de placer des étals de commerce partout, d’implanter des tables à tous les coins et recoins, de mettre le pays à feu et à sang à la moindre tentative de rappel à l’ordre.
Le gouvernement précédent avait poussé l’outrecuidance jusqu’à leur dédier une agence avec pour conséquences de légaliser l’illégal et de légitimer un commerce de faux, d’imitations, une pratique contrebandière de grande ampleur, ruineuse pour l’Etat, les vrais commerçants et magasins dûment établis et s’acquittant honorablement de leurs impôts. Certains chanteurs mal inspirés et autres crooners en quête d’audience leur ont même consacré des chansons, assurément trop élogieuses.
Avec la complicité de certains marabouts et sponsors politiques véreux, ils ont pris en otage la capitale, agressant les touristes, escroquant de paisibles citoyens, installant çà et là des repaires de non-droit. Activité informelle infructueuse, le commerce ambulant s’est réduit en système de distribution de revenus sans valeur ajoutée, avec toutes ses conséquences sur le dépeuplement des campagnes, la bidonvilisation de Dakar, entre autres.
Il a fallu un sacré courage pour extirper les ambulants et autres tabliers de l’avenue Georges Pompidou, aujourd’hui pacifiée. Le nettoyage du Boulevard Général de Gaulle est une opération salutaire qui doit être prolongée jusqu’au carrefour Faidherbe et le cœur du centre -ville.
L’actuelle équipe municipale ne fait rien d’autres que de donner corps aux projets annoncés par le maire : le pavage des rues des quartiers populaires de Dakar, l’embellissement et l’attractivité de la capitale, notamment. Et ce, en dépit des arguments spécieux lancés désespérément par l’ancien maire Pape Diop, tenté par une injustifiable autoglorification chaque fois qu’on lui donne l’occasion de parler de son invisible bilan.
L’aménagement et l’équipement des parcours sportifs de la Corniche et des quartiers, la multiplication des espaces de vie et des aires de détente, même dans les zones non résidentielles, ré-humanisent la capitale et changent progressivement sa physionomie. Seuls bémols au bilan, la salubrité de Dakar qui laisse encore à désirer, et l’éclairage public totalement déficient.
Ces deux sujets restent une préoccupation majeure, pour la sécurité sanitaire et physique des Dakarois. Sur l’enlèvement des ordures, la situation est inquiétante. Périodiquement, la capitale n’est pas nettoyée et des tas d’immondices jonchent ses rues, la gestion des ordures faisant notamment défaut.
Il est vrai que la mairie de Dakar est engagée dans l’enlèvement des ordures avec d’autres acteurs dont l’efficacité est douteuse. Mais, elle devrait en rapport avec l’Etat trouver un système de gestion des ordures efficace, depuis l’enlèvement jusqu’à la transformation et la réutilisation.
L’assainissement de la ville confié à l’ONAS devrait aussi faire l’objet d’une attention particulière pour une gestion plus concertée. Les conséquences environnementales pour notre capitale pourraient être intenables à terme si l’insalubrité persistait. L’exemple de la Baie de Hann en est une inquiétante illustration, de ce que notre capitale ne doit plus être, la Baie la plus sale au monde. Et de ce qu’elle devrait redevenir, la baie la plus belle au monde après celle de Copacabana au Brésil.
Malgré les efforts faits par la mairie pour déguerpir les mécaniciens, show-roms et autres cimetières de voitures, les rues de Dakar, notamment des quartiers non résidentiels sont encore jonchés de carcasses de véhicules et d’installations sauvages de véhicules neufs ou en épave. Les mairies d’arrondissement sont souvent complices de cette anarchie que leur indigence financière ne justifie nullement.
On sait avec quelle teigneuse ardeur le Khalifa Sall s’emploie à débarrasser Dakar de ses scories. Il lui reste encore beaucoup à faire, certes, car le temps semble lui manquer. De la détermination, il en à revendre, comme il l’a démontré sur la question foncière relativement à l’octroi ou la tentative de bradage de la façade maritime de la Corniche.
La loi sur le domaine public maritime limite les pouvoirs de l’Etat, mais le gouvernement, victime comme le régime précédent de sa boulimie foncière, semble n‘en avoir cure. Ne serait-ce que pour rendre l’Etat plus sobre et plus exigeant en éthique de gestion, le soutien au maire de Dakar s’impose à ce stade. Soutien pour sauver Dakar en déliquescence.
Libre à lui de transformer son bilan en argumentaire électoral pour consolider la confiance des Dakarois. Ce serait son choix. Et il ne l’aurait pas usurpé.