BOROM GUINE TE, THIERE AK DAWAL S’EST ENDORMI A JAMAIS
RETOUR SUR LE PARCOURS EXCEPTIONNEL DE FALAYE BALDÉ
Originaire de la Guinée Bissau, Falaye Baldé s’est exilé au Sénégal où il s’est fait un nom, grâce à ses prouesses dans la lutte. L’enfant de Gabou a réussi à s’intégrer sur le sol sénégalais et aussi à écrire l’une des plus belles pages de l’histoire de la lutte. Parti à jamais à l’âge de 81 ans, Sunu Lamb vous retrace la carrière de ce monument qui restera pour toujours dans le coeur des amateurs et du monde de la lutte.
L’Enfant du Gabou
Falaye Baldé est né en 1932 en Guinée Bissau dans le village de Gabou. Fils d’un cultivateur et originaire d’une famille royale. Il a, comme de tradition dans cette contrée, trouvé son grand-père, son père et ses oncles comme étant de grands lutteurs. Ce qui fait que la lutte est pour lui un héritage. Depuis sa tendre enfance, il a commencé à s’exercer dans cette discipline, avec les jeunes de sa génération au bord du fleuve. Un sport qui l’a séduit et qu’il exercera en Guinée Bissau, où il a terrassé tous les jeunes lutteurs et champions de la localité.
Initiation à la lutte traditionnelle
À cette époque, les séances de lutte traditionnelle démarraient après les récoltes. De 20 heures jusqu’au lendemain à 10 heures du matin pour désigner le vainqueur du tournoi. Mais aucun lutteur ne pouvait rester invaincu pendant deux mois. Falaye y est parvenu. Mieux, il est resté quatre mois sans connaître de défaites. À Gabou, les séances de lutte sont appelées «Sargal» et elles durent trois mois, sans répit. Parfois, des séances de lutte y sont organisées pour commémorer une fête et peuvent durer quatre à cinq jours.
Du Gabou à Salikégné
Champion de cette contrée, Falaye Baldé décide alors d’aller s’exercer ailleurs. C’est ainsi qu’il quitte Gabou pendant la saison des pluies pour aller à Salikégné, un village de la région de Kolda, pour y cultiver la terre. C’était en 1956. Dans ce village, il y trouve Fodé Doussouba. Comme il est aussi de tradition dans ce village, des séances de lutte y sont organisées et Falaye s’est illustré en terrassant tous les lutteurs trouvés sur place. Après les récoltes, il vend son arachide et retourne dans son village natal. Entre-temps, Fodé, qui l’avait remarqué, quitte Salikégné pour aller monnayer ses talents à Tamba, avant de rallier Dakar en 1957. Cette année-là, Falaye était resté dans son village natal pour y cultiver l’arachide. Fodé envoie le chercher. Sa mère refuse sous prétexte que Falaye devait d’abord récolter son arachide. Falaye parvient à la convaincre et à obtenir son accord. Mais, contre toute attente, sa mère la retient encore pendant une semaine, avant de l’autoriser à quitter Gabou, non pour trois mois, mais pour trois ans.
22 novembre 1957 : Falaye débarque au Sénégal
Falaye Baldé est venu au pays de la Téranga le 22 novembre 1957 pour s’exercer dans la lutte simple. Mais, à chacun de ses combats, son adversaire empochait 10 mille francs alors que lui, même vainqueur, touchait 4 mille francs. Il demande alors des explications, mais on lui rétorque que ses adversaires évoluent dans la lutte avec frappe et qu’ils n’ont accepté de lutter avec lui que pour vérifier le bien et la technique qu’on dit de lui. Excédé, Falaye décide alors de s’exercer dans la lutte avec frappe. Fodé lui oppose un refus catégorique. Falaye décide alors de retourner à Gabou. Il quitte la demeure de Fodé Doussouba et s’installe ailleurs.
Ses débuts dans la lutte avec frappe
C’est à Thiaroye sur mer que Falaye a commencé dans la lutte avec frappe, à l’insu de son tuteur Fodé Doussouba. Dès que ce dernier l’a appris, il est encore allé le chercher, pour l’intégrer dans l’arène. Son premier combat officiel dans la lutte avec frappe, c’était contre Gora Guèye, champion de Pikine. Un dur combat où Falaye Baldé a assené de violents coups à son adversaire jusqu’a l’envoyer à l’hôpital pour trois mois. Depuis ce combat, il est devenu redoutable et redouté.
Liens avec Fodé Doussouba
Fodé Doussouba est Diawaranké et Falaye Baldé Gabounké, mais en tant que son tuteur, Falaye lui a toujours voué du respect et avait fait de lui un père, un grand frère et même une mère. Il n’a jamais voulu aller à l’encontre de ses conseils. Ce qui fait que Falaye est resté dans la lutte avec frappe jusqu’en 1967, sans connaître le montant de son cachet. Ce n’est que lorsqu’il a eu un accident à la main et qu’il a été inquiet pour son avenir, qu’il a demandé ce qu’il gagnait réellement.
Ses combats les plus difficiles
Falaye avait avoué que, durant sa longue carrière, ses combats les plus difficiles ont été ceux qu’il a livrés contre Doudou Baka Sarr et Landing Diamé. Contre ce dernier, il a livré 13 combats, prenant le dessus par 7 fois. Landing l’a terrassé à 4 reprises et ils ont concédé 2 nuls. Il s’est frotté avec Doudou Baka Sarr à 7 reprises, comptabilisant 5 victoires, 1 défaite et 1 nul.
Falaye participe à la construction de la maison du Parti Socialiste
Falaye était un vrai militant socialiste. Ainsi, pour participer à sa manière à l’édification de la maison des socialistes, Falaye, qui n’avait que sa force, l’a fait de fort belle manière. «En ces temps-là, feus le docteur Samba Guèye, Bassirou Diagne, El Hadji Mbor Gningue, Kabirou Mbodj étaient derrière pour me faire participer à l’édification de la maison du parti socialiste», confiait le champion. A partir de 1966 et ce, pendant cinq bonnes années, il a livré des combats à Rufisque, Mbour, Guinguinéo, Kaffrine, Nioro, Saint Louis, Louga, au Walo, et même à Nouakchott, sans recevoir de cachets. Seuls ses adversaires étaient payés. Lui, son cachet était destiné à l’oeuvre de construction de la maison du Parti Socialiste.
De 1961 à 1963 : 137 combats disputés
Avec 137 combats dans la lutte avec frappe en trois ans, Falaye a enregistré 127 victoire pour 5 défaites et 5 nuls. Sa dernière défaite fut contre Boy Niague qui l’a battu en 1963, à Kaolack, lors de son 137ème combat. Par contre, il a terrassé Boy Niague à trois reprises et reste le porte drapeau de l’arène
Gabar Ndoye. Même si le défunt déclare souvent qu’il a disputé 137 combats dont 134 victoires, force est de reconnaitre qu’après avoir fait des investigations, il s’est trouvé qu’il a comptabilisé 127 victoires pour 5 défaites et 5 nuls. Avec ce parcours exceptionnel réalisé par le père d’Ama Baldé, il sera très difficile à la nouvelle génération de l’égaler. Prions pour le repos de l’âme de celui qui avait propulsé son fameux bakk guine tey, thiéré ak ndawal.