Boubacar Boris Diop choisit la nouvelle pour mettre en évidence "l’enjeu identitaire"
Dakar, 22 mai (APS) - Mettre en exergue ’’l’enjeu identitaire’’ dans son recueil de nouvelles ’’La Nuit de l’Imoko’’, qui a pour nouveauté le thème des immigrés en France, est ce qui a poussé l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop à se lancer dans le genre littéraire de la nouvelle.
"La nouvelle n’est pas le genre littéraire vers lequel les auteurs se dirigent automatiquement même si l’on fait croire aux gens qu’elle appartient aux débutants’’, a-t-il dit lors d’une conférence de presse, destinée à présenter ce recueil. Le choix de la nouvelle permet, selon l’écrivain Felwine Sarr, venu présenter l’ouvrage, "de dire beaucoup de choses dans un espace textuel court’’.
Plusieurs thèmes récurrents sont ainsi abordés à travers de courts récits, comme la problématique de la bonne gouvernance, la revalorisation des langues nationales ou encore le paradoxe de la post-colonialité, expliqué Sarr. "Mais la nouveauté dans ce recueil, c’est le thème de la vie des immigrés en France, à travers la géographie intime d’un éboueur qui vit en France’’, a-t-il souligné.
A travers ces thèmes, l’auteur décrit la problématique de l’enjeu identitaire et soutient que ’’les sociétés nouvelles reposent sur des fables (…)''. Et de se demander : ''Pourquoi ne peut-on pas s’inventer nos propres fables ?’’.
Dans ’’La nuit de l’Imoko’’, il s’agit, selon Felwine Sarr, ’’d’un plaidoyer qui demande aux Africains de croire en leur propre mythe, en leurs propres fables, en leur propre vison du monde’’. Pour lui, ’’c’est une ode à la fiction fondatrice’’. Pour le journaliste Vieux Savané, ’’ce recueil de nouvelles, qui s’inscrit dans une continuité, est un recueil plein d’Afrique, une ballade au cœur d’une problématique qui taraude l’auteur’’.
Dans ’’Myriem’’ où Boris Diop parle de l’emprisonnement du personnage éponyme accusé de trafic d’enfants, il explique être inspiré ’’par les accusations’’ dont avait fait l’objet la styliste sénégalaise Oumou Sy, soupçonnée il y a quelques années de proxénétisme.
Boris Diop soutient par ailleurs que ’’le cinéma africain n’existe que grâce à la coopération française et s’il n’existe pas en vrai, c’est à cause de cette même coopération’’. Il se demande ainsi si l’on peut s’accommoder de cette contradiction. Une contradiction qu'il tente d'expliquer dans ’’La petite vieille’’ où il se promène dans un pays dont on voit bien que c’est une ancienne colonie française.
Dans cette nouvelle, Malick Cissé y incarne une certaine figure de la résistance à toute forme de diktat extérieur et soupçonne son ami d’enfance, Lamine Keita, de dénigrer l’Afrique pour plaire à ses bailleurs occidentaux. Concernant la politique, Boris Diop a un regard très critique sur l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, mais aussi sur son successeur, Macky Sall.
L'auteur a par ailleurs profité de la rencontre pour évoquer ses projets littéraires. Il a ainsi évoqué un ouvrage de correspondance sur le Mali, en octobre prochain, mais également une biographie sur le capitaine Mbaye Diagne, officier subalterne sénégalais et observateur de la Mission d’assistance des Nations Unies au Rwanda qui sauva plusieurs Rwandais lors du génocide de 1994, et sa vie au Rwanda.
Un autre projet littéraire en wolof portera sur Sidiya Léon Diop, fils de la reine Ndaté Yalla Mbodji et résistant à la colonisation.