BURKINA : AUCUNE PREUVE QUE COMPAORÉ A EMPORTÉ UNE FORTUNE DANS SA FUITE
Ouagadougou, 31 déc 2014 (AFP) - Le gouvernement burkinabè ne dispose pour l'instant d'aucune preuve que l'ancien chef d'Etat Blaise Compaoré, chassé par une révolte populaire fin octobre, a emporté une fortune dans son exil vers la Côte d'Ivoire.
Des rumeurs ont circulé depuis des semaines dans la presse et sur les réseaux sociaux que M. Compaoré, toujours réfugié en Côte d'Ivoire, avait emporté dans sa fuite 42 milliards de francs CFA (64 millions d'euros).
Un journal en ligne a même indiqué que le président burkinabè de transition Michel Kafando a évoqué la question avec son homologue ivoirien Alassane Ouattara, lors d'un sommet de chefs d'Etat au Nigeria.
"Je n'ai pas de preuves à ce jour que l'ex-président (Blaise Compaoré) a emporté 42 milliards de francs CFA" avec lui, a déclaré le ministre burkinabè de l'Economie, Jean Gustave Sanon, lors d'une conférence de presse mardi à Ouagadougou.
"Mes collaborateurs en vérifiant leurs caisses ou leurs écritures ne m'ont pas signalé à ce jour qu'ils ont constaté un manquant de 42 milliards FCFA qu'on pourrait mettre à la charge de l'ex-président", a-t-il poursuivi.
Le gouvernement burkinabè a pris des "mesures conservatoires" au plan international pour éviter la fuite des capitaux, a indiqué M. Sanon, précisant que des audits ont été commandités sur la gestion de "tous les ministères".
"Celui qui a emporté de l'argent va répondre puisque l'un des piliers de la transition", c'est la lutte contre l'impunité, a averti le ministre. Après 27 ans de règne, Blaise Compaoré a été chassé du pouvoir le 31 octobre par la rue, qui critiquait vivement l'accaparement des richesses nationales par son clan.
Le président Michel Kafando, dès son discours d'investiture, avait dénoncé les "richesses inexpliquées", les "privilèges indus" et les "avantages oligarchiques" du régime déchu.
Le Premier ministre Yacouba Isaac Zida a ordonné début novembre le gel au plan national des comptes de dignitaires de l'ancien régime, dont ceux de l'ex-président et son frère cadet François Compaoré.
Mais un ancien maire proche du pouvoir a obtenu en justice le dégel de ses comptes. Depuis la chute de Blaise Compaoré, le Burkina Faso est dirigé par un régime de transition nommé pour un an, qui doit théoriquement conduire le pays vers des élections libres et transparentes d'ici novembre 2015.