BURKINA: DÉMISSION DU MINISTRE DES INFRASTRUCTURES ACCUSÉ D’ÊTRE UN ANCIEN DÉTENU
Ouagadougou, 8 jan 2015 (AFP) - Le ministre des Infrastructures du Burkina Faso, accusé par la presse d'être un ancien détenu et un faussaire, a présenté sa démission au Premier ministre Isaac Zida, qui l'a acceptée, a annoncé jeudi le gouvernement burkinabè.
Moumouni Dieguimdé est le deuxième ministre à quitter sous la pression populaire le gouvernement nommé fin novembre pour succéder au régime du président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue le 31 octobre après 27 années de règne.
"Dans le souci de (...) restaurer la paix et la concorde nationale, je viens très humblement (...) vous demander d'accepter ma démission du gouvernement", a écrit M. Dieguimdé dans une lettre adressée à Isaac Zida.
"Le Premier ministre a accepté la demande de démission du ministre des Infrastructures", a déclaré le porte-parole du gouvernement Frédéric Nikiéma après avoir lu cette lettre lors d'une point de presse.
Dans un article intitulé +Un ex-prisonnier dans le gouvernement Zida+", le bimensuel d'enquête +Le Reporter+, paru mi-décembre, affirmait que "le ministre a fait de la prison aux USA pour faux et usage de faux", ce que M. Dieguimdé avait nié.
Le +Reporter+ mettait également en cause les diplômes du ministre, accusé par ses agents d'avoir octroyé après un mois de fonction des marchés publics de "gré à gré... pour plus d'un milliard de franc CFA" (env 1,5 million d'euros).
Des manifestations de fonctionnaires se tenaient tous les jours devant le ministère des Infrastructures pour exiger son départ, que demandaient également des associations de la société civile, des partis politiques et la principale centrale syndicale burkinabé.
"A terme, ces actions handicapent l'atteinte des objectifs de la transition", a observé M. Dieguimdé, ajoutant que des concertations seront entreprises "incessamment" pour trouver "le plus tôt possible" un successeur au ministre.
Le ministre de la Culture Adama Sagnon avait déjà été contraint à la démission fin novembre, moins de 24 heures après sa nomination.
Des agents de son ministère et la société civile l'accusaient d'avoir joué un rôle trouble en tant qu'ancien procureur dans le dossier du journaliste Norbert Zongo, assassiné en décembre 1998 alors qu'il enquêtait sur la mort du chauffeur de François Compaoré, le frère cadet de l'ex- président.
Le Burkina Faso connaît un régime dit "de transition" après la chute de Blaise Compaoré, qui a fait de la bonne moralité politique son fer de lance