BURKINA : LES PARTIS POLITIQUES ACCEPTENT LE LIMOGEAGE DU PREMIER MINISTRE ZIDA
Ouagadougou, 14 juil 2015 (AFP) - Les partis politiques, notamment de l'ex-opposition au président Compaoré, se sont rangés aux arguments de l'armée, qui exige depuis deux semaines le départ du Premier ministre Isaac Zida et des autres militaires du gouvernement, ont indiqué mardi plusieurs de leurs leaders.
"Nous avons pris acte de la décision de l'armée de se retirer des autorités. Si elle veut le faire pour sauvegarder sa cohésion interne, nous n'y voyons aucun inconvénient", a déclaré à l'AFP un ténor de l'ancienne opposition, qui a requis l'anonymat.
"Mais si l'armée se retire, elle doit s'engager par écrit à ne plus perturber la transition (démocratique). Parce que toutes les difficultés que nous avons connues jusque-là sont du fait des hommes en armes", a-t-il ajouté après s'être entretenu lundi avec un "groupe de sages" désignés par le président Michel Kafando pour trouver une solution à la crise.
"Tous les partis politiques qui étaient à la rencontre, ex-opposition et ex-majorité, avaient des points de vue concordants sur cette question de retrait de l'armée", a observé le politicien, ce qu'a confirmé un second cadre de l'ex-opposition, également sous couvert d'anonymat.
"Les positions s'alignent sur celle de l'Etat-major (des armées). Et si l'armée elle-même juge qu'elle doit se retirer...", a observé un représentant de l'ex-majorité. Le Front républicain, mouvement regroupant les partis anciennement favorables à Blaise Compaoré - chassé par la rue en octobre après 27 ans de règne -, avait demandé il y a une semaine la démission de M. Zida et de "tout son gouvernement".
Le collège de sages a également entendu lundi la hiérarchie militaire qui a "maintenu sa position" sur la démission du Premier ministre, selon des sources militaires.
Le Burkina est divisé autour du Régiment de sécurité présidentielle (RSP): ce corps d'élite, bras armé de l'ex-président Blaise Compaoré, avait le premier exigé le limogeage du lieutenant-colonel Zida, qui est pourtant son numéro deux.
Le gouvernement burkinabè a affirmé qu'un complot contre M. Zida fomenté par des membres du RSP avait été déjoué le 28 juin. Mais des officiers du régiment controversé accusent le chef du gouvernement d'avoir monté "un faux complot contre sa personne afin de créer des troubles et de se maintenir au pouvoir".
Les autorités de transition, mises en place après la chute de Blaise Compaoré, devront rendre les rênes du pouvoir au nouvel exécutif issu de la présidentielle d'octobre.