BURKINA : NOUVELLE ACTION CONTRE LE RÉFÉRENDUM PRO-COMPAORÉ
Ouagadougou, 25 oct 2014 (AFP) - Des opposants à un référendum pour une nouvelle candidature du président Blaise Compaoré à la présidentielle de 2015 ont encore manifesté samedi à Ouagadougou, où les protestations s'annoncent intenses la semaine prochaine.
Ces opposants refusent que le pouvoir révise la Constitution et organise un référendum pour autoriser un mandat supplémentaire au président, au pouvoir depuis 1987 et touché par la limitation du nombre de mandats selon l'actuelle Loi fondamentale.
Une dizaine de jeunes du Collectif anti-référendum (CAR) ont tenté de réveiller au mégaphone le président de l'Assemblée nationale Soungalo Apollinaire Ouattara en se postant samedi matin devant son domicile, où ne se trouvait pas l'élu.
"Nous sommes sortis pour attirer son attention sur ce qui va arriver, parce que si l'Assemblée nationale accepte de modifier l'article 37, il sera responsable de ce qui va arriver à notre pays", a lancé Marcel Tankoano, le président du CAR.
L'Assemblée nationale burkinabè examinera le 30 octobre un projet de loi gouvernemental très controversé, visant à réviser cet article, pour faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels.
Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir en 1987 par un coup d'Etat, achèvera en 2015 son deuxième quinquennat (2005-2015) après avoir effectué deux septennats (1992-2005).
Si le projet de loi est adopté à la majorité qualifiée, soit par au moins 96 députés sur 127, le texte entrera directement en vigueur. S'il passe à la majorité simple (entre 64 et 95 parlementaires), un référendum sera convoqué.
La volonté de M. Compaoré de se maintenir au pouvoir après 27 ans de règne, irrite l'opposition, une grande partie de la société civile et de nombreux jeunes de ce pays où plus de 60% des 17 millions d'habitants ont moins de 25 ans et n'ont jamais connu d'autre dirigeant.
Depuis l'annonce mardi du projet de loi, de centaines de protestataires manifestent chaque soir pacifiquement à travers Ouagadougou, installant des barricades ou incendiant des pneus, devant une police mobilisée mais discrète.
Collégiens et lycéens ont déserté les classes vendredi matin, perturbant fortement la capitale. La semaine à venir devrait être plus agitée, alors que l'opposition a appelé le peuple à une "journée nationale de protestation" mardi "sur toute l'étendue du territoire" afin d'exprimer son "refus catégorique" d'une modification constitutionnelle.
"Nos députés ne doivent pas oublier (...) que le peuple les connaît et les surveille individuellement et collectivement", avait menacé mercredi le chef de file de l'opposition Zéphirin Diabré.
Syndicats et société civile regroupés au sein de la Coalition nationale contre la vie chère ont appelé de leur côté à une grève générale ponctuée de sit-in et de marches-meetings mercredi. L'opposition a en outre encouragé le peuple à bloquer le Parlement jeudi, pour empêcher le vote du projet de loi.