BURKINA : PROCÈS D'UN EX-CHEF DES DOUANES QUI CACHAIT DES MILLIONS DANS DES CANTINES
Ouagadougou, 18 juin 2015 (AFP) - Le procès d'un ancien patron des douanes du Burkina Faso du temps de l'ex-président Blaise Compaoré, qui avait été arrêté fin 2011 en possession de près de trois millions d'euros en espèces puis relâché, a débuté jeudi aux assises de Ouagadougou.
Ousmane Guiro, élégamment vêtu d'un habit traditionnel blanc, a plaidé "non coupable" des faits de "corruption, enrichissement illicite et violation de la réglementation liée aux changes" qui lui sont reprochés, a constaté un correspondant de l'AFP.
Ancien directeur général des douanes, M. Guiro, dont le salaire s'élevait en 2013 à moins de 500.000 francs CFA (763 euros), avait été arrêté le 31 décembre 2011 après la découverte de 1,9 milliard de FCFA (environ 2,9 millions d'euros) en espèces, caché dans des cantines chez l'un de ses proches.
"Une partie vient de mes économies et avantages cumulés depuis 1983, de la vente des produits de mon champ, des séminaires auxquels je participe, des missions, de mes enseignements.
D'autres sont des cadeaux offerts par des collègues douaniers, des opérateurs économiques lorsque j'ai des cérémonies (baptêmes, mariages, fêtes)", a-t-il affirmé. Des devises étrangères, notamment des dollars et des euros, figuraient dans ses cantines.
M. Guiro, 62 ans, qui dispose également de biens immobiliers estimés à plus de 750 millions de FCFA (1,145 million d'euros), a affirmé à la barre n'avoir "jamais perçu un franc CFA dans l'exercice de (ses) fonctions".
Selon l'accusation, il risque entre un et vingt ans de prison. Le verdict sera connu d'ici samedi. Remis en liberté début 2012, il s'était fait élire en décembre de cette année là conseiller municipal de son village sous la bannière du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de l'ex-président Blaise Compaoré.
L'impunité, la corruption et le népotisme sont les principaux griefs de la population à l'encontre de M. Compaoré, resté 27 ans au pouvoir et qui en a été chassé le 31 octobre sous la pression de la rue.
Le cas de l'ancien patron des douanes est emblématique au Burkina, où les nouvelles autorités ont fait de la bonne gouvernance leur cheval de bataille.
Le président Michel Kafando s'est indigné à plusieurs reprises du fait que "quelqu'un comme Ousmane Guiro puisse toujours être dehors", en liberté. Une loi anti-corruption votée en mars prévoit de lourdes sanctions contre les fonctionnaires condamnés de prévarication ou de malversations.