CARLOS SLIM, L'HOMME LE PLUS RICHE DU MONDE N'A JAMAIS EU PEUR D'INVESTIR
PORTRAIT
MEXICO (Mexique), 09 août 2013 (AFP) - Le magnat mexicain Carlos Slim, l'homme le plus riche du monde, affirme "n'avoir jamais peur d'investir" et le confirme encore en se lançant à l'assaut d'un grand nom du téléphone européen, après avoir bâti un empire en Amérique latine.
Son groupe de télécommunications America Movil, qui domine le marché latino-américain des télécommunications, a lancé vendredi une OPA hostile pour prendre le contrôle du néerlandais KPN, après s'être offert 25% de Telekom Austria.
A 73 ans, le corpulent milliardaire d'origine libanaise, a été classé ces quatre dernières années première fortune mondiale par le magazine Forbes, avec 73 milliards de dollars, devant l'ex-patron de Microsoft Bill Gates.
Il a toutefois vu sa fortune érodée en mai avec la chute de la capitalisation d'America Movil sous l'effet des réformes impulsées par le président mexicain Enrique Pena afin d'ouvrir davantage l'économie du pays, ce qui pourrait lui faire perdre sa couronne.
America Movil occupe, en effet, une position quasi monopolistique au Mexique alors que sa filiale de téléphonie fixe Telmex contrôle 80% du marché et Telcel, près de 70% de celui des communications mobiles. L'empire du magnat à la réputation de bon père de famille austère s'étend cependant bien au delà des télécoms.
Il est également le propriétaire du conglomérat Carso qui inclut des centres commerciaux, des entreprises de construction, des mines, l'exploitation pétrolière, entre autres secteurs. Il a expliqué que sa méthode était d'investir sans relâche, sans s'arrêter à la vague de violence liée aux narcotrafiquants qui secoue son pays, ou aux crises économiques.
"Celui qui n'investit pas, pour des raisons diverses, par peur, par prudence ou pour tout autre motif, celui-là va reculer", disait-il en 2011 en présentant ses projets d'investissements. Fils d'un immigrant libanais arrivé seul au Mexique au début du XXe siècle à l'âge de 14 ans, l'entrepreneur, si l'on en croit ses biographes, a commencé sa carrière en vendant des friandises et des boissons à l'âge de dix ans.
Après des études d'ingénieur, il se fait connaître en rachetant des compagnies en faillite alors que le Mexique connaît au début des années 1980 une grave crise économique, pour les relever.
Carlos Slim bâtira sa fortune dans les années 90, en gagnant l'appel d'offre de la privatisation de Telefonos de Mexico (Telmex), pratiquement en faillite, et en en faisant l'entreprise la plus importante et solide du pays. Il acquit ensuite une position dominante dans la téléphonie mobile en créant Telcel.
En 1997, il subit une opération à coeur ouvert et abandonne la présidence exécutive de ses sociétés à ses fils et associés, mais affirme ne pas avoir l'intention de prendre sa retraite et multiplie les acquisitions, étendant son empire en Amérique latine et du Nord.
La télévision aussi Carlos Slim a ouvert l'an dernier un nouveau front contre la position dominante des deux principales chaînes de télévision du Mexique, Televisa et TV Azteca, alors qu'il aimerait se lancer sur ce marché.
Dans le reste du continent, où America Movil a plus de 263 millions de clients mobile et quelque 30 millions de lignes fixes, il a obtenu l'autorisation de se lancer dans le "triple-play" qui combine les accès à la téléphonie, à internet et à la télévision.
Le milliardaire discret, qui fuit les journalistes, a pris en 2008 une participation dans le New York Times et est devenu l'une des principales sources de financement du journal. Cette année, il a également pris une participation dans Shazam, la start-up britannique qui fait un tabac auprès des jeunes, et vise l'acquisition de l'opérateur mobile américain Start Wireless.
Fanatique de base-ball, le magnat est affublé d'une réputation de pingrerie mais passe pour un homme simple qui aime rester en famille. Il a eu six enfants de son épouse Soumaya Gemayel, nièce d'Amine Gemayel, ancien président du Liban.
Carlos Slim consacre une partie de son argent à l'art, et a inauguré en 2011 à Mexico, le musée Soumaya, du nom de son épouse décédée en 1999, qui comprend un fond de 60.000 oeuvres, dont l'ensemble le plus important de sculptures d'Auguste Rodin hors de France.