CE N'EST PAS DE L'OPTIMISME MAIS UNE RÉALITÉ
SASSOUM NIANG, manager de kaymu.sn explique comment vendre et acheter en ligne
Vendre et acheter via internet. Ce n’est plus une réalité exclusivement occidentale. En Afrique et au Sénégal en particulier, les sites du commerce électronique prennent de plus en plus leur place. C’est le cas de www.kaymu.sn. Une plateforme de mise en contact où vendeurs et acheteurs potentiels se rencontrent. Dans cet entretien, la manager de la plateforme explique à www.SenePlus.Com le processus et son fonctionnement. Le commerce électronique pour elle, ce n’est pas juste de de l’optimisme mais une réalité.
C'est quoi Kaymu.sn ?
C’est une communauté de vente en ligne, ce qu’on appelle communément Marketplace en anglais. C’est un lieu où des vendeurs et des acheteurs se rencontrent. Nous mettons en place l’interface et la logistique, puis les vendeurs mettent en ligne un article ou la totalité du catalogue de leur magasin. A la suite de quoi, l’acheteur choisit et achète le produit qu’il retrouve sur le site.
Comment se porte le secteur au Sénégal ?
Le secteur se porte très bien sinon on ne serait pas présent au Sénégal. Il y a énormément de sites de vente en ligne. Ils poussent comme des champignons. C’est parce que ça marche. Ici, les gens ont tendance à adopter les choses. Très facilement, ils trouvent toujours les moyens de monétiser. Même par Facebook, beaucoup essaient de vendre et si c’était possible de vendre par sms, ils le feraient. Quand un secteur est pris d’assaut par plusieurs acteurs, cela veut dire que ça marche et que le secteur est prometteur. Par conséquent, le e-commerce est une réussite au Sénégal.
A quelles périodes faites-vous votre meilleur chiffre ?
Le meilleur chiffre d’affaire est toujours à venir. Les sites de vente marchent comme dans tous les commerces. Par exemple, pendant le ramadan, ce sont des gens qui vendent de la nourriture qui font du chiffre d’affaire et non ceux qui sont dans la mode. Tout dépend des périodes. Ce chiffre d’affaire peut être journalier, hebdomadaire ou mensuel comme dans le commerce classique. Kaymu.sn c’est un site d’échange commercial et les flux sont les mêmes que dans les commerces traditionnels sachant que les produits les plus vendus sont la mode et l’électronique avec une forte concentration en mode. Les hommes achètent plus que les femmes parce qu’ils font des achats réfléchis alors que les femmes aiment essayer.
Quel est le profil de ceux qui fréquentent votre site ?
95 pour cent de nos clients viennent directement des réseaux sociaux. Le client Kaymu a un compte Facebook, c’est ce qui le définit en premier. Entre temps, Instagram a pris une grande place et il y d’autres réseaux alternatives. Donc, nos clients sont majoritairement sur Facebook. Kaymu communique sur ces réseaux sociaux et les raisons sont toutes simples. Les gens passent le plus de temps sur ces réseaux sociaux. L’un des péchés quand on parle de e-commerce, c’est de croire qu’il s’agit uniquement de technologie. Non ! On est dans le commerce et c’est le même challenge que n’importe quel autre commerce. La seule différence, c’est que l’achat se fait sur Internet. Ce qui fait que pour attirer les clients, il faut qu’ils soient connectés.
Quelles sont les compétences qui font tourner la machine kaymu.sn ?
En gros, quand on fait du e-commerce, on allie la logique d’un centre d’appel et celle du commerce. Au sein de Kaymu, il y a des commerciaux, un service client, un appui aux vendeurs, la logistique, la communication. C’est pratiquement les mêmes spécialités avec la finance. On est une entreprise, alors on a tous les services qu’il faut pour une entreprise : la comptabilité, le cash collecteur, les ressources humaines, etc.
Comment ça fonctionne l’achat et la vente en ligne ? Quel est le processus depuis la commande jusqu’à la livraison ?
D’abord on a fait une publicité sur Facebook qui intéresse notre client. Quand il clique sur le produit, il est redirigé directement sur la page du produit. Si c’est la première fois qu’il achète sur le site, on lui demande de créer un compte où il mettra ses informations personnelles. Une fois qu’il passera la commande, il recevra un sms de confirmation et le vendeur verra le même message avec le numéro de téléphone de cet acheteur pour pouvoir contacter celui-ci et valider la commande. Quand le premier achat se fait, le client aussi doit valider par email.
Mais parfois, ce sont des commandes test. Les gens veulent vérifier si le système fonctionne comme on le leur explique. Mais c’est une vraie commande ! Pour ce qui est de la livraison, le vendeur peut livrer lui-même ou confie cette tâche à notre service logistique. Grâce à notre hub mobile, qui récupère le produit auprès du vendeur. Puis, le service livraison se déplace pour faire la livraison contre le payement. Le client est contacté ensuite pour donner son appréciation de la transaction effectuée, ce qui nous permet nous d’avoir une idée de la qualité de nos services et de nous améliorer éventuellement. Actuellement, notre moyenne générale de satisfaction est de 4 sur 5. Ce qui n’est pas mal. Parfois, les gens doutent de la fiabilité du système. Si bien qu’ils sont surpris de constater que ça marche très bien.
Couvrez-vous d’autres régions en dehors de Dakar du point de vue livraison ?
On livre partout au Sénégal. On a déjà livré à Kédougou, Kaolack, Rufisque et surtout Mbour et Ziguinchor. Mais généralement, pour des raisons de logistique, nous nous limitons à Rufisque avec nos vendeurs. Après, il y aura des pôles quand il y aura des opportunités. C’est une question de nécessité.
Quelles sont vos perspectives dans cette affaire ?
Les perspectives de Kaymu, c’est de relever le défi d’un meilleur taux de livraison. Il y a beaucoup de commandes test et de doublon. Les gens ne comprennent pas encore la chose. Sur 70 commandes, la moitié peut être des doublons ou des commandes test. On aimerait que cette situation s’améliore. Du côté des vendeurs, on travaille pour qu’ils comprennent qu’avoir une boutique sur Kaymu, c’est avoir un second point de vente. Heureusement, beaucoup l’ont déjà compris. Mais pour les nouveaux vendeurs, il faut au moins un mois et demi pour qu’ils s’adaptent parce qu’ils ont leur réel commerce et ils ne pensent pas que le commerce sur Kaymu est également réel. C’est pourquoi on a un département dont la responsabilité est d’accompagner les vendeurs. Il assiste les vendeurs pour une maîtrise efficace de leur boutique en ligne : - quels sont les produits à mettre en ligne ? Comment gérer le stock des produits mis en ligne ? ...
Comment convaincre ceux qui hésitent encore à utiliser Kaymu pour acheter et vendre?
On les invite à essayer. Il n’y a pas de crainte, on paie à la livraison, c’est aussi simple que cela. Kaymu, c’est - : «Je veux acheter quelque chose et je n’ai pas le temps, je l’achète sur Kaymu on me l’amène et je paie». Je pense que les gens s’adapteront très rapidement. Ce n’est pas que de l’optimisme mais surtout du réalisme.
Avec tous ces sites de vente, comment gérez-vous la concurrence ?
Je dis toujours que Kaymu n’a pas de concurrent parce que nous sommes un Marketplace par définition. Il y a plein de ce genre de sites en parallèle. C’est un point de vente additionnel. Toute personne qui vend ou achète doit pouvoir trouver sa place sur Kaymu. Il n’y a pas de limite. Les autres ne sont pas des concurrents car ils n’enlèvent pas des parts de marché. C’est la logique d’un centre commercial : tout le monde fait la même chose, mais on se regroupe pour attirer le plus de monde possible. Ce n ‘est pas une logique concurrentielle. Dans une marketplace, il n’y a pas de concurrent. Il faut juste se conformer à certaines règles. On est réaliste.
En tant que manager et entrepreneur, quelles sont les contraintes que vous avez déjà rencontrées ?
En terme de management, c’est un choix de travailler avec les jeunes mais, c’est également une contrainte parce qu’ils n’ont pas encore intégrer l’esprit d’entreprise, une certaine rigueur. Mais c’est aussi un avantage parce que les jeunes s’approprient les choses, ils sont passionnés et il faut les canaliser. Ce qui est important, c’est d’intégrer la rigueur. Je pense que j’ai une bonne équipe ce qui fait qu’on a évolué. Le travail consiste à déblayer le terrain alors ce n’est plus une contrainte mais plutôt une opportunité. Je manage une équipe et le fait d’avoir à leur apprendre certaines choses, est une bonne chose.
Est-ce que kaymu compte conquérir aussi la diaspora ?
Absolument ! Nous voudrons grandir et investir la diaspora. C’est notre prochain défi. Certains compatriotes de l’extérieur nous ont déjà contacté et ont expérimenté notre site. C’est important. Ils peuvent créer une boutique sur Kaymu et avoir quelqu’un qui la gère mais qui ne touchent pas à l’argent. C’est une question de transaction. Il n’y a plus de problème parce que la personne qui gère utilise tout l’argent à d’autres fins. C’est un réel problème pour la diaspora de faire des affaires ici à cause de cela. Les gens font autres chose avec l’argent qu’on leur envoie.