CES LÉZARDES QUI INQUIÈTENT À BBY
C’est la solidarité qui manque le plus dans la majorité présidentielle. Les enfonces wadiennes ont fini de mettre en évidence une réalité : quand il faut défendre le Président Sall, les volontaires se recrutent rarement du côté des alliés
L’image est encore fraîche dans les têtes. Tous les candidats de l’opposition, excepté Idrissa Seck, annonçant fiévreusement la naissance d’une nouvelle coalition dénommée «Bennoo Bokk Yakaar» (Bby), surgeon politique né sur les flancs du monstre à deux têtes, «Bennoo Siggil Senegaal» (Bbs). C’était entre les deux tours de la présidentielle de février-mars 2012 dans un hôtel de la place.
Tous pour Macky Sall ! Le résultat qui sortira des urnes au soir du 25 mars est une parfaite addition des scores des leaders de Bby : 65 %. Le nouveau président de la République clame alors sa volonté de gouverner avec ses alliés.
Une intention traduite dans la composition du premier gouvernement dirigé par Abdoul Mbaye et dans l’agencement de la future Assemblée nationale dirigée par Moustapha Niasse. Beaucoup d’eau a coulé sous les fondations de cette nouvelle majorité depuis.
A maintes reprises, Bby a montré d’inquiétantes lézardes, au point de faire dire à nombre d’observateurs que sa mort était programmée. Idrissa Seck, le maire de Thiès, a été le premier à donner des coups de corne dans les défenses apéristes pour en tester la consistance.
Devant la méfiance suscitée par ses sorties médiatiques, il a fini par s’exclure de la coalition, perdant au passage ses lieutenants Oumar Guèye et Pape Diouf. Les autres alliés se sont montrés très peu diserts sur certaines questions nationales au point de pousser le président Macky Sall à appeler à « plus de solidarité » de leur part.
Car, c’est la solidarité qui manque le plus dans la majorité présidentielle. Les enfonces wadiennes de ces derniers jours ont fini de mettre en évidence une réalité pointée du doigt par certains caciques de l’Apr : quand il faut défendre le président Sall, les volontaires se recrutent très rarement du côté des alliés.
Il y a eu, certes, un communiqué du Parti socialiste fustigeant les attaques de Wade, mais point trop n’en faut. De larges franges de Bby sont restées muettes comme des carpes, comme tétanisées par la hardiesse de ce maître de la rue qu’est le nouveau théoricien du « fippu ».
Des voix se lèvent aujourd’hui dans le parti présidentiel, et pas des moindres, pour conjuguer cette coalition au passé et appeler à la constitution d’une nouvelle Alliance pour la majorité présidentielle (Amp). A l’Apr, on ne voudrait pas nourrir des partis qui se dresseront demain en face de leur leader.
C’est tout l’enjeu de Bby : une consanguinité d’intérêts qui se traduirait, en 2017, par l’unique candidature du président Macky Sall. Moustapha Niasse, le secrétaire général de l’Afp y est favorable. Il reste à savoir si les autres partis membres de Bby, le Parti socialiste notamment, accepteront de reporter leurs ambitions présidentielles à plus tard.