CES MANQUEMENTS QUI PLOMBENT LE BOM
ABSENCE DE STATUT ET DE RÈGLES DE FONCTIONNEMENT
Principale structure chargée de l'organisation des services de l'État, le BOM est tout sauf organisé. La faute, à une série de manquements.
"Le BOM, une structure chargée de l'organisation des services de l'État, n'est pas organisé". Une affirmation d'une de nos sources, qui laisse perplexe.
Mais notre interlocuteur fonde cette affirmation sur le fait que la structure est caractérisée par le défaut d'un statut des conseillers en organisation, le défaut d'un décret régissant le recrutement, le défaut d'un texte fixant les règles d'organisation et de fonctionnement, ainsi que l'absence de locaux appropriés pour contenir l'effectif optimal. Ces manquements constituent, selon notre interlocuteur, "des points faibles pour la profession du conseiller en organisation".
Pourtant, les conseillers en organisation du BOM, d'après nos informations, sont les seuls à exercer cette profession. Tout expert ou partenaire technique et financier, qui recommande un audit organisationnel à une institution, suggère aux responsables de s'adresser au BOM.
Partant de ces écueils soulevés, il ne serait pas totalement faux de dire que le BOM a donc été théoriquement réhabilité à travers sa présente dénomination, mais les procédures font défaut. En effet, les fonctions à remplir par tout conseiller en organisation consistent à assumer le rôle de conseiller du président de la République, du Premier ministre, des ministres et de tout responsable d'une structure publique ou d'utilité publique.
Aussi chaque conseiller doit-il être responsable, titulaire et suppléant dans l'un des secteurs d'intervention de l'État. Les conseillers participent à tous les chantiers et activités du secteur qui leur est confié, en relation avec les services concernés, à travers les activités de conseil d'administration, commission, comité, groupe de travail, formation des publics concernés, étude, accompagnement, avis sur des projets de textes ou autres documents stratégiques, formation, sans que cela fasse l'objet de courriers périodiques, si ce n'est une circulaire du Premier ministre, qui désigne le conseiller en organisation "point focal titulaire ou suppléant".
Ainsi, chaque conseiller assume ses responsabilités et s'approprie tout problème signalé dans le secteur qui lui est assigné. En outre, tout texte ou document du BOM adressé aux autorités, à quelque niveau que ce soit, doit être soumis à l'appréciation du collège des conseillers pour refléter les compétences disponibles et un esprit d'équipe assis sur une appropriation totale des objectifs du gouvernement, renforcé par la consultation des acteurs et cibles concernés. Dimension à prendre en charge par le conseiller titulaire ou suppléant.
En plus, le projet de statut du BOM prévoit l'utilisation des compétences non pas seulement des conseillers en sortie temporaire ou en sortie définitive, mais aussi des compétences nécessaires, relatives aux métiers nouveaux ou aux préoccupations des autorités, sur décision et par décret du président de la République, par exemple.
Une de nos sources nous révèle que le BOM, une structure sans statut juridique, traîne le défaut de décret portant création et fixant les règles d'organisation et de fonctionnement. En effet, depuis la création concomitante de la Délégation générale à la réforme de l'État et de la Délégation générale de la solidarité nationale, ces deux structures sont assimilées aux agences d'exécution.
Ainsi, même avec le retour de la dénomination "BOM", cette structure reste assimilée à une agence. Pour le moment, aucune disposition n'a été prise dans ce sens, sauf en ce qui concerne le salaire et les avantages du DG. En outre, révèle notre interlocuteur, "aucun des outils de gestion prévus pour une structure publique, dans le sens de la transparence et de l'efficacité, n'existe au BOM".
Échecs et performances
Cheville ouvrière de la modernisation de l'État, le BOM compte à son actif plusieurs réalisations ayant boosté la réforme de l'Administration publique sénégalaise. En amont, pour l'accomplissement des missions de l'État, tel que le décrit Moustapha Fall, le premier chef du BOM, la structure, si l'on se fie à l'actuel directeur de cabinet du président de l'OFNAC, Aminata Sakho, a été à l'origine d'études-diagnostics et études de rationalisation des structures des ministères, avec la mise en place de la Commission de rationalisation des structures et des emplois publics (Corasep).
Ce qui, selon elle, a permis de définir les normes d'appellation des administrations, les organigrammes types et les fiches de postes qui en sont les instruments de base ; de la Cellule de contrôle des effectifs et de la masse salariale (Ccems), qui définit les effectifs réels et théoriques des administrations et vise les actes administratifs, qui ont un impact sur la masse salariale, la mission IGE-BOM.
A cela s'ajoutent les audits organisationnels et stratégiques des entreprises du secteur parapublic. La presque totalité de ces entreprises ont fait l'objet de ces études : Ohlm, Sicap, Saed, Opce, Sapco, etc., le suivi de l'application des textes législatifs et réglementaires régissant le secteur parapublic, notamment les règlements d'établissement, la conception des normes et critères de classement des entreprises, en vue de déterminer les salaires et avantages des directeurs généraux des entreprises du secteur parapublic.
La représentation de l'État, à titre d'observateur, aux réunions des organes délibérants des entreprises (conseils d'administration) et des institutions de formation (conseils de perfectionnement) pour donner la position de l'État sur les décisions prises, rendre compte au président de la République et suivre l'application des directives présidentielles.
Le BOM a eu également à jouer un rôle d'incubateur et/ou d'impulsion, qui a mené à la création de l'Isra, du Cesag, de l'Onfp, du Projet d'appui à la gestion du développement, de la délégation de l'Anoci, de la délégation générale au sommet de la Francophonie, de la délégation à l'insertion, à la réinsertion et à l'emploi, de la délégation à l'informatique, de la délégation à la réforme du secteur parapublic (actuelle Cellule de gestion et de contrôle du portefeuille de l'État, qui dépend du ministère de l'Economie, des Finances et du Plan), du Programme national de bonne gouvernance.
Il a été à l'origine de la mise en œuvre de la réforme de l'Administration territoriale et locale et son évaluation périodique (tous les deux ans), afin d'identifier les difficultés d'application et de proposer des solutions en vue d'obtenir les meilleurs résultats sur le terrain. Dans ce sillage, le BOM a réalisé des études sur la rationalisation des structures administratives (gouvernance, préfecture, etc.) et des structures décentralisées (communautés rurales et communes) ; évaluation et pilotage de certains programmes nationaux (enfance, jeunesse, femme, Programme élargi de vaccination, etc.) ; pilotage de la réflexion sur les plans régionaux de développement intégré.
Il a aussi réalisé l'étude sur la mise en place du Centre unique de collecte de l'information, qui a mis en place la Banque des données économiques et financières du Sénégal. Le diagnostic des programmes de formation des écoles de formation en vue d'y introduire la dimension management. L'organisation et l'animation des sessions de formation en management destinées aux DG des entreprises et aux administrateurs de ces entreprises ; formation en gestion destinée aux agents de l'Administration centrale.
Cependant, Wahab Talla, qui fut chef du BOM, révèle que certains échecs sont à relever aussi, à l'exemple du projet de création d'une banque postale, la gestion de la politique informatique de l'État, la nonimplication dans les réformes des collectivités locales, entre autres insuccès enregistrés.