Ces procureurs qui font trembler la République !
INCARCERATION DES HAUTES PERSONNALITES A REBEUSS, MAC DE THIES
Ce n’est pas parce qu’un Etat organise tous les cinq ans des élections qu’il est démocratique. L’Etat de droit rime avec la bonne gouvernance, le respect des libertés individuelles et collectives, la soumission de l’administration au droit, la fin de l’impunité, entre autres éléments. Tel n’est pas toujours le cas dans les démocraties jeunes, en Afrique, où l’impunité et la mal gouvernance sont érigées en règle. Mais, heureusement qu’il y a au Sénégal, dans le pouvoir judiciaire, des hommes de mérite qui rappellent aux citoyens que nul n’est au-dessus de la loi et qu’elle est générale, impersonnelle et applicable à tous, fussent-ils religieux, Premiers ministres, ministres, hommes de médias, entre autres.
Eux, ce sont les procureurs qui représentent la société dans le pouvoir judiciaire.
Tapis dans l’ombre, ce sont des hommes de droit, effacés, rigoureux et courageux, qui font trembler toute la République.
Cheikh Béthio Thioune, Luc Nicolaï, Barthélemy Dias, Malick Noël Seck, Alioune Aïdara Sylla, Idrissa Seck, Me Ousmane Ngom, Karim Wade et ses complices, dernièrement, l’ont appris à leurs dépens.
Le procureur de la République, Ousmane Diagne, le doyen des Juges, Mahawa Sémou Diouf, le procureur général près la Cour d’appel de Dakar, Lansana Diaby, le procureur du Tribunal régional de Thiès, Abdoulaye Alassane Thioune, le procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Alioune Ndao, contribuent indéniablement au rayonnement de la justice, à travers leurs actes, au cours de cette décennie.
En guise d’illustration, le placement sous mandat de dépôt de Karim Wade et sept de ses complices, avant-hier, à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Rebeuss, par la Commission d’instruction de la Crei, dans le cadre de la traque des biens mal acquis, pour le délit d’enrichissement illicite.
Alioune Ndao, ancien Officier de Police, chef du Parquet de la Crei, et Antoine Félix Abdoulaye Diome, son substitut, et Cheikh Sarr qui a mené les enquêtes à la section de recherches de la gendarmerie, ont entendu l’ancien ministre de «la terre et du ciel» pendant plusieurs tours d’horloge sur son patrimoine évalué à 694 milliards de Cfa, avant de le placer en garde-à-vue, sans tambour ni trompette.
Ils ont ramené sur terre celui qui occupait sous le règne de son père, Me Abdoulaye Wade, des pouvoirs démesurés, décriés par l’opposition de l’époque.
Auparavant, l’ex-procureur général près la Cour d’appel, Youssoupha Mbodj, avait décerné à Me Ousmane Ngom un mandat d’amener pour être entendu dans le cadre des audits. L’ancien ministre de l’Intérieur avait été cueilli manu militari à Kolda avant d’être acheminé à Dakar à bord d’un hélicoptère.
Dans la même dynamique, le doyen des juges, Mahawa Sémou Diouf, dans le cadre de la traque des biens mal acquis, avait placé sous mandat de dépôt, l’ex- député libéral, non moins Pcr de Thilmakha, Alioune Aïdara Sylla, à Rebeuss. Il est poursuivi pour escroquerie, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs.
Pour rappel, tout est parti de son arrestation par la Police des frontières à l’Aéroport Léopold Sédar Senghor, alors qu’il détenait par-devers lui deux chèques signés par le «Pape du Sopi» pour régler ses frais.
Dans l’approfondissement de l’Etat de droit, d’autres procureurs ont eu à poser des actes forts dans les régions.
C’est le cas à Thiès où le doyen des juges du Tribunal régional, Abdoulaye Assane Thioune, n’est pas allé par quatre chemins pour faire emprisonner le guide moral des «thiantacounes», suite au meurtre de deux de ses talibés, Bara Sow et Ababacar Diagne, à Médinatoul Salam.
Il a, également, placé sous mandat de dépôt le Promoteur de lutte, Luc Nicolaï et le Pdg de Lamantin Beach, Bernard Touly, pour une affaire de détention de cocaïne.
Le redoutable procureur de la République, Ousmane Diagne, fait partie de ces hommes de justice redoutables. Il a ordonné l’arrestation des responsables du Pds, suite à l’attaque de la mairie de Mermoz-Sacré-Cœur. Il a failli être défénestré par son supérieur hiérarchique, Cheikh Tidiane Sy. Toujours est-il que, Ousmane Diagne ne badine pas, quand il s’agit de défendre l’intérêt de la nation.