CHARLES RIVKIN
Un diplomate américain au Sénégal sur les traces de son père
Dakar, 2 oct 2015 (AFP) - Le diplomate américain Charles Rivkin, membre du gouvernement et étoile montante de la politique américaine, s'est confronté à son propre passé lors d'une visite récente au Sénégal: jeune enfant, il a vécu dans ce pays francophone où son père était subitement décédé.
Charles Hammerman Rivkin, 53 ans, en avait quatre lorsqu'il est arrivé à Dakar. Son père, William Robert Rivkin, y avait été nommé en 1966 ambassadeur pour le Sénégal et la Gambie, Etats voisins ayant obtenu quelques années auparavant leur indépendance - le Sénégal francophone en 1960 et la Gambie anglophone en 1965.
"J'étais très jeune à l'époque, mais j'(en) ai de nombreux souvenirs très vivaces", a assuré Rivkin fils, actuellement secrétaire d'Etat adjoint américain aux Affaires économiques et commerciales, lors d'une visite au Sénégal du 9 au 11 septembre, sa première en 48 ans.
"Avec mon regard d'enfant innocent, tout me semblait si grand, si haut: les palmiers, les fourmilières et les énormes baobabs, qui avaient pour moi un aspect presque magique", a-t-il déclaré dans un discours le 10 septembre.
Mais à Dakar, "il y a aussi eu dans ma vie un événement bien plus marquant, qui a été le décès de mon père", en 1967, d'une crise cardiaque.
"Il ne devait pas mourir à l'âge de 48 ans. Il était une de ces infatigables boules d'énergie qui s'est brusquement arrêtée", confie à l'AFP Charles Rivkin, entre deux rendez-vous officiels.
Depuis son départ du Sénégal à l'âge de cinq ans, Rivkin fils a fait du chemin, de ses études prestigieuses à l'industrie hollywoodienne puis à la politique et à la diplomatie, avec la bénédiction du clan Rivkin qui compte en son sein de nombreux politiciens.
Un rapport du département d'Etat publié en 2012 le qualifiait d'"ambassadeur dynamique et visionnaire".
Formé à Yale et Harvard, Charles Rivkin commence sa carrière en tant qu'analyste financier puis dirige des sociétés de divertissement à Hollywood, dont l'une fondée par le marionnettiste James "Jim" Henson, créateur du "Muppet Show" et magnat de la télévision.
Son carnet d'adresses rempli de contacts de personnalités influentes, il entre véritablement en politique en s'investissant en 2004 auprès de John Kerry, alors sénateur démocrate. En 2008, il participe au financement de la campagne de Barack Obama, qui devient en janvier 2009 président des Etats-Unis et le nomme la même année ambassadeur à Paris.
- 'Un parcours atypique' -
A ce poste, Charles Rivkin se révèle le diplomate américain en France le plus populaire depuis plusieurs décennies. Il organise notamment des rencontres pour les jeunes associant des célébrités comme Samuel L. Jackson, Will Smith, Woody Allen ou Will.I.Am.
En 2013, il est désigné secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires économiques et commerciales par Barack Obama, une mission pour laquelle il s'est déjà rendu dans 35 pays.
Il reconnaît que sa trajectoire est peu habituelle dans le milieu diplomatique et jure n'avoir rien réclamé comme contrepartie de sa contribution au financement de la campagne de M. Obama.
"Il est vrai que travailler d'abord pour Piggy la cochonne (un des personnages du Muppet Show, NDLR) puis pour le président des Etats-Unis est un parcours atypique", sourit le diplomate, marié et père de deux enfants.
"Mais quand on y pense, ce n'est pas si inhabituel que cela, parce que j'ai passé toute ma vie à rêver de suivre les traces de mon père."
"On ne participe pas à ces activités (campagne pour la présidentielle, NDLR) en ayant des attentes, et je n'ai bien sûr jamais demandé (de poste), mais quand on m'a proposé Paris, c'était le rêve de ma vie de devenir ambassadeur", insiste-t-il.
A Dakar, il s'est évidemment rendu à l'ambassade américaine, où une photo de son père, en noir et blanc, est visible parmi celles de tous les ambassadeurs de son pays au Sénégal.
"Fier de marcher sur ses traces et de représenter mon pays comme il l'a fait dans le passé", a-t-il commenté sur son compte Twitter, posant à côté du portrait paternel.
Une image donnant l'impression que le fils, aux tempes grisonnantes, est le père en version Technicolor et plus âgé: tous deux en costume-cravate, presque le même sourire, presque la même coiffure...
S'il n'a jamais fait mystère de sa sympathie pour les démocrates, Charles Rivkin assure être rigoureusement neutre dans le travail:
"En six ans dans l'Administration, je n'ai jamais demandé à un seul fonctionnaire s'il était démocrate ou républicain", dit-il, en ajoutant: "Et je n'ai aucun avis sur qui sera le prochain" président des Etats-Unis...