VIDEOCHARLIE HEBDO : LE SÉNÉGAL NE "CAUTIONNE" PAS CE QUI POURRAIT ÊTRE "SOURCE DE TENSION"
Ouagadougou, 15 jan 2015 (AFP) - Le Sénégal, où le dernier numéro de Charlie Hebdo a été interdit, ne peut pas "cautionner" des caricatures du prophète Mahomet car elles pourraient être "sources de tensions sérieuses sur l'ensemble de la planète", a justifié jeudi son président Macky Sall.
Dakar a interdit la diffusion "par tout moyen" de l'édition de mercredi de "Charlie Hebdo", ainsi que celle du quotidien "Libération", qui a repris la Une de l'hebdomadaire satirique, où figure une caricature du prophète Mahomet déclarant:
"Je suis Charlie", et en surtitre "Tout est pardonné". Le Sénégal, "république laïque" où la presse est libre et les censures de journaux rares, compte plus de 90% de musulmans.
Plusieurs chefs religieux locaux ont dénoncé les caricatures du prophète par Charlie Hebdo. "Nous ne pouvons pas, au nom de la liberté de la presse, cautionner ou ne pas réagir face à ce qui pourrait (causer) des sources de tensions sérieuses sur l'ensemble de la planète", a expliqué Macky Sall, pour qui "la liberté des uns commence là où s'arrête celle des autres".
"Lorsqu'on reprend des caricatures du prophète Mahomet, pour le président du Sénégal que je suis -un pays où il y a 95% de musulmans- je ne peux pas cautionner une telle publication", a-t-il souligné, qualifiant la Une du journal de "provocation tout à fait inutile".
Macky Sall, également président de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), a participé à la "marche républicaine" organisée dimanche à Paris contre "le terrorisme", s'attirant des critiques au Sénégal.
Sa présence était "une manifestation de solidarité face à une agression barbare que des Français ont subie suite à la tuerie" de Charlie Hebdo", a expliqué le chef de l'Etat, en visite jeudi à Ouagadougou pour "faire le point" sur la transition politique au Burkina Faso, où l'ex-président Blaise Compaoré a été renversé le 31 octobre.