Chef de l’Etat et chef de parti
Alors que les Sénégalais avaient cru bien engagé le débat sur le dédoublement chef de l’Etat-chef de parti, voilà que le directeur des structures de l’alliance pour la République (APR), Mbaye Ndiaye, fait un désespérant pas en arrière. Prenant la parole à Vélingara, ce hiérarque et cacique du parti au pouvoir s’est exclamé : «Notre parti avait toujours dit non pour qu’un président de la République, qui est président d’un parti politique, démissionne de son parti.»
Tant qu’on est dans l’opposition, on préconise cette séparation que l’on rejette aussitôt installé au pouvoir. C’est à cause de cette confusion des rôles et des fonctions que le palais de la République a été transformé par Abdoulaye Wade en une permanence du PDS, avec une Salle des banquets devenue à la fois salle du conseil des ministres et d’audiences avec les militants du parti au pouvoir et «transhumants».
Cette laideur, ce détournement d’objectif, personne ne devrait accepter leur effacement. Un président de la République est un citoyen au-dessus des appartenances – surtout partisanes – on devrait pour cette raison l’aider, le forcer s’il le faut, à s’élever au-dessus de la politique de basse envergure – et même celle de haute.
L’argument brandi serait que le président de la République quittant la tête de son parti scierait la branche sur laquelle il serait assis. Fait-on remarquer qu’en France, c’est cela la tradition, qu’on vous rétorque que «bokkul» (ce n’est pas la même chose, ce ne sont pas les mêmes réalités). Et cela dédouane les entorses à la décence et au comportement citoyen. Et par ce «bokkul», on tolère toujours que le Sénégal doive faire dans le minimalisme dans le respect des valeurs démocratiques.