CHEIKH ANTA DIOP, UN HOMME EN AVANCE SUR SON TEMPS
HISTORIEN ET ANTHROPOLOGUE SENEGALAIS
L'histoire continue de donner raison à Cheikh Anta Diop, lui qui a été longtemps critiqué, ses réflexions souvent mises en doute. Cet historien, anthropologue sénégalais en bon visionnaire était en avance sur son temps. Rappelé à Dieu il y a de cela 29 ans, ses écrits demeurent et sont toujours actuels.
Historien et anthropologue sénégalais, Cheikh Anta Diop est né en 1923 dans un petit village du Sénégal dénommé Caytou. Il est issu d’une famille d’origine aristocratique léboue.
À l'âge de 23 ans, il part pour Paris afin d'étudier la physique et la chimie, mais se tourne aussi vers l'histoire et les sciences sociales. En 1951, il prépare une thèse de doctorat à l'Université de Paris. Lorsqu'il obtient son doctorat en 1960, il revient au Sénégal enseigner comme maître de conférences à l'université de Dakar depuis rebaptisée université Cheikh-Anta-Diop, (UCAD). Il y obtiendra en 1981 le titre de professeur. Mais dès 1966, il crée au sein de cette université de Dakar le premier laboratoire africain de datation des fossiles archéologiques au radiocarbone.
Dans les années 1970, il participe au comité scientifique qui dirige, dans le cadre de l'Unesco, la rédaction d'une histoire générale de l'Afrique. Il a mis l'accent sur l'apport de l'Afrique et en particulier de l'Afrique noire à la culture et à la civilisation mondiales.
S'il acquiert une remarquable maîtrise de la culture européenne, il n'en est pas moins profondément enraciné dans sa propre culture. Sa parfaite connaissance du wolof, sa langue maternelle, se révèlera être l'une des principales clés qui lui ouvrira les portes de la civilisation pharaonique. Par ailleurs, l'enseignement coranique le familiarise avec le monde arabo-musulman. A partir des connaissances accumulées et assimilées sur les cultures africaine, arabo-musulmane et européenne, Cheikh Anta Diop élabore des contributions majeures dans différents domaines.
Cheikh Anta Diop, le bâtisseur
Cheikh Anta Diop en bon intellectuel a écrit beaucoup d’ouvrages. Ses écrits pour ne pas dire ses recherches historiques concernaient, entre autres sujets de réflexion, l'origine de l'homme et ses migrations, la parenté Égypte ancienne/Afrique noire, l'apport de l'Afrique à la civilisation, le développement économique, technique, industriel, scientifique, institutionnel, culturel de l'Afrique, l'édification d'une civilisation planétaire. Outre cela, l’homme de science s’est aussi interrogé sur comment élaborer une véritable stratégie de développement de l'Afrique mais aussi sur les conditions du progrès de la conscience humaine et de l'émergence d’une civilisation planétaire ayant définitivement rompu avec la barbarie. Il montre que des réponses pertinentes à ces interrogations capitales exigent une connaissance la plus objective possible de son histoire, aussi loin que l'on puisse remonter dans le temps. C'est à cette première grande tâche que Cheikh Anta Diop s'est attelé, celle de la restitution de l'histoire du continent africain depuis la préhistoire, par une recherche scientifique pluridisciplinaire. Il est ainsi le refondateur de l'histoire de l'Afrique.
Outre la connaissance du passé réel de l'Afrique et de l'humanité en général, Cheikh Anta Diop assigne quatre buts à ses travaux. Il s’agit de la restauration de la conscience historique africaine, le rétablissement de la continuité historique, la construction d'une civilisation planétaire, la renaissance africaine. Cheikh Anta Diop avait 25 ans lorsque, étudiant à Paris, en 1948, il définissait le contenu et les conditions de la renaissance africaine dans un article intitulé «Quand pourra–t-on parler d’une renaissance africaine ?».
Toutefois, les thèses de ce grand monsieur restent aujourd’hui discutées, et sont peu reprises dans la communauté scientifique, en particulier au sujet de l’Egypte antique. Cependant, il a été un précurseur pour ce qui concerne l’importance et l’ancienneté de la place des Africains dans l’histoire, confirmée par les études actuelles. Actuellement, ce grand penseur décédé le 7 février 1986 repose, selon sa volonté, à Caytou auprès de son grand-père paternel Massamba Sassoum Diop, fondateur du village.