CHEIKH BÉTHIO RUMINE SA COLÈRE
INTERDICTION DE LA CÉLÉBRATION DE SA RENCONTRE AVEC SERIGNE SALIOU
L’attitude des autorités, qui a abouti à l’interdiction de son «Thiant» marquant le 68e anniversaire de sa rencontre avec Serigne Saliou Mbacké, n’est pas du goût de Cheikh Béthio Thioune. Guide des «Cantakounes», il s’est plié à la volonté préfectorale qui le lui a interdit, mais prévient que nul ne peut l’empêcher de jurer fidélité à son guide religieux.
Privé de sa liberté d’organiser une manifestation publique, Cheikh Béthio Thioune a craché cette pillule qu’il peinait à avaler. A la faveur d’un point de presse qu’il a initié hier, dans son domicile, le guide des Cantakounes a dénoncé vivement l’arrêté du préfet de Dakar qui lui interdit la manifestation religieuse («Thiant») qui était prévue hier, à Mermoz pour la commémoration de sa rencontre avec Serigne Saliou.
Une occasion qu’il a saisie pour arrondir les angles : «J’ai rencontré Serigne Saliou le 17 avril 1946 et depuis ce jour je suis devenu son fervent disciple. Et à part mon marabout, je n’ai peur de personne. Et personne ne peut m’empêcher de lui témoigner mon allégeance, car je ne suis pas un peureux.
Serigne Saliou d’ailleurs m’avait dit qu’il n’aime pas les peureux et les pressés et je lui ai répondu qu’à part lui je n’ai peur de personne. Et je ne rends hommage qu’à lui. Par contre, je respecte tout le monde.
D’ailleurs, le talibé doit sympathiser et respecter tout le monde», a confié Cheikh Béthio Thioune qui, par la même occasion, a recommandé aux talibés «de ne pas se plaindre. Car, cela aurait l’air de dénigrer (leur) ‘Thiant’. Et dans ce cas, (leur) ‘Thiant’ ne sera pas sincère. Mon coeur est certes meurtri mais je ne veux pas que vous regrettiez en disant que si Serigne Saliou était là cela ne se passerait pas comme ça. Je considère tout ce qui m’arrive étant une volonté divine. Rien ne me meurtrit, je rends grâce à Dieu, je suis ému et je prie qu’on reste longtemps à faire le ‘Thiant’. Et désormais le ‘Thiant’ va se dérouler de la sorte avec tout ce qui va avec le ‘berndél’».
«JE CONSIDERE TOUT CE QUI M’ARRIVE COMME ETANT UNE VOLONTE DIVINE, RIEN NE ME MEURTRIT»
Obligé de changer son programme, le guide des «Cantakounes» s’est finalement résolu à, dorénavant, adopter une nouvelle manière de célébrer sa rencontre avec le défunt khalife général. Après l’avortement de son «Thiant » interdit, également, par le Procureur justifiant que sa liberté provisoire était assortie de mesures dont les déclarations publiques, le guide des «Cantacounes» a célébré la journée d’hier dans la plus grande sobriété, mais avec des «berndé». C’est ainsi qu’un festin a, selon lui, été organisé, hier dans 11 pôles établis dans la région de Dakar.
Une commémoration organisée aussi bien à Dakar que dans les régions, à travers un jumelage avec les autres localités. Ce, en collaboration avec les pôles établis un peu partout. Comme à l’accoutumée, rien n’a été de trop, hier. Du poulet, au chameau, aucun animal licite aux musulmans n’a été laissé en rade, pour l’occasion.
Le Cheikh a profité de cette occasion pour jurer fidélité à son défunt marabout non sans faire des recommandations à ses disciples. La visite des pôles de «daraas» Bop, grande mosquée Mazalikoul Jinân, Keur Serigne bi de Sandaga a permi de constater que près d’une cinquantaine de marmites ont été servies aux populations. Lamine Diagne, Djeuwrigne (responsable) du pôle de Médina d’en profiter pour fustiger la précarité existante dans la localité. «Cette initiative prouve à quel point les populations ont faim. Toutes les marmites ont été vidées. Certains ont même amené des bassines afin de faire permettre à leurs proches de pouvoir profiter du ‘berndé’».