CHEIKH TIDIANE GADIO DEMANDE AUX INSTITUTIONS AFRICAINES DE PRENDRE LEURS RESPONSABILITES
CONFLITS ARMES, PRESENCE TERRORISTE, TRAFIC D’ARMES DANS LE SAHEL

La table-ronde stratégique sur les médias face aux enjeux actuels du Sahel, organisée, hier, par l’Institut Panos et de l’international medias support (Ims) a été l’occasion pour l’ancien ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, de revenir sur les maux qui gangrènent le continent africain, particulièrement le Sahel, avant d’appeler les dirigeants africains à prendre leurs responsabilités.
Le Pr Gadio, insistant sur le concept d’économie criminelle dans la zone du Sahel, a passé au peigne fin les trafics des migrants, de drogue, de médicaments mais aussi d’armes qui polluent la zone sahélienne. Abordant le règlement du conflit malien, il explique que les enjeux de cette crise dépassent le Mali et doivent être considérés comme une question africaine. A ce propos, M. Gadio demande aux Institutions africaines de prendre leurs responsabilités par rapport à ces crises qui gangrènent le continent.
Mais aussi, ajoute-t-il, «de ne plus laisser les puissances étrangères prendre l’initiative à notre place ou s’occuper du devenir de l’Afrique». Le Pr Cheikh Tidiane Gadio qui a encore en mémoire la crise libyenne avec la situation catastrophique qu’elle a engendrée dans le Sahel, déplore le fait que les Etats africains soient toujours inféodés aux puissances étrangères dans les recherches de solutions de sortie de crise. A ce propos, le Pr Gadio relève le paradoxe suivant : «Pour intervenir dans la crise Libyenne, cinq chefs d’Etats ont demandé la permission à une puissance étrangère pour pouvoir survoler un espace aérien africain, pour atterrir dans un continent africain ».
Abondant dans le même sens, l'enseignant chercheur à l'université américaine de Columbia, Mamadou Diouf, qui a fait d’emblée une analyse de la situation, s’est s’interrogé sur le cas du Nigeria, la deuxième puissance africaine après l’Afrique du Sud, qui n’arrive même pas à régler le problème posé par un millier de combattants regroupés autour de la secte islamique Boko Haram. Cette situation, note-il, « pose la question de certains choix stratégiques de nos Etats ».
Rappelons que cette table-ronde a été rendu possible après que l’Institut Panos et de l’International medias support (Ims) aient initié une analyse approfondie du secteur des médias au Sahel afin de documenter les défis et identifier les besoins des médias dans chaque pays et à l’échelle régional. Aussi des propositions d’intervention pour renforcer la capacité des médias à affronter et à répondre aux risques actuels de la région ont été faites.