CHEIKH YÉRIM SECK CONTRE-ATTAQUE
L’ASSOCIATION DES JURISTES SÉNÉGALAISES FUSTIGE LA LIBÉRATION DU JOURNALISTE
La défense de Cheikh Yérim Seck a conseillé à l’Association des juristes sénégalaises (Ajs), qui a estimé que la libération prématurée du journaliste est un déni à la souffrance des victimes, de réviser les textes qui régissent la libération conditionnelle.
La présidente de l’Association des juristes Sénégalaises (Ajs) Fatou Kiné Camara a soutenu, en marge d’une manifestation qui s’est tenue le week-end dernier, sans citer de nom, que la libération conditionnelle accordée au journaliste Cheikh Yérim Seck est un «déni de la souffrance des victimes qui doivent faire face, jour après jour, aux effets dévastateurs de ce crime sur leur bien-être physique, mental, social et économique».
La décision de l’autorité a été d’autant plus surprenante, a estimé la Présidente de l’Ajs, que la loi ne permet pas à une personne condamnée pour des faits de mœurs et de viol de bénéficier d’une liberté conditionnelle.
Précisant d’entrée qu’il ne souhaite pas alimenter une polémique, l’un des conseils de Cheikh Yérim Seck, Me Mbow estime que l’Ajs veut entretenir un débat qui n’en est pas un. «Cette association qui se dit juriste, qui en principe doit être composée de membres juristes, gagnerait à réviser les textes qui régissent la libération conditionnelle plutôt que de mener une campagne médiatique qui ressemble à un acharnement qui ne veut pas dire son nom».
Poursuivant, l’avocat est d’avis que la seule question qui mérite d’être posée est celle de savoir si Cheikh Yérim Seck remplit les conditions d’une libération conditionnelle.
La première condition est d’avoir purgé la moitié de la peine. Or, Cheikh Yérim Seck a passé 15 mois en prison pour une condamnation de 24 mois, note le conseil.
La deuxième concerne le comportement du détenu en prison. «Notre client s’est bien comporté au cours de sa détention. Il n’a semé aucun trouble. Je précise que ce n’est pas une question qu’il faut trancher à la lumière d’une appréciation subjective. Ce sont les agents de l’administration pénitentiaire qui ont vécu avec lui, qui se sont réunis et ont émis un avis favorable à sa libération», fait remarquer Me Mbow.
Le troisième critère concerne les garanties de réinsertion sociale. Cheikh Yérim Seck, rappelle le plaideur, est un journaliste de renom tant sur le plan national qu’international. Il est directeur de 4 sociétés et emploie plus de 100 personnes. «Qui peut douter de ses garanties de réinsertion sociale ?», interroge Me Mbow.
SE DESISTER DU RECOURS EN CASSATION POUR OBTENIR LA LIBERATION CONDITIONNELLE
Réagissant toujours aux propos de la Présidente de l’Ajs, Me Mbow dit qu’«il n’y a aucune disposition de notre législation actuelle qui interdit la libération conditionnelle d’une personne qui a été condamnée pour viol ou dans une affaire de mœurs. Il faut que l’opinion publique sache qu’il n’y a aucune violation de la législation sénégalaise».
Abordant un dernier point, Me Mbow pense que l’Ajs fait fausse route quand elle parle de double condamnation. Il est vrai, concède-t-il, qu’une liberté conditionnelle n’est pas envisageable lorsqu’une voie de recours est en cours. «Nous avions introduit une demande de liberté provisoire bien avant la décision de la Cour suprême. Ils ont vu au cours de l’instruction qu’il y avait un recours en cassation. On nous a exigé de nous désister du recours en cassation. L’affaire a été jugée. La Cour nous a donné acte de notre désistement et donné un arrêt qui a été versé dans le dossier en complément de la demande de libération conditionnelle», note l’avocat qui espère que le débat est clos.