CNRI : LES TROUS DE MÉMOIRE DE SA RONDEUR MAXI…
Sa Rondeur Maxi vient de se prononcer, enfin, sur ce qu’il adviendra du travail de la Commission nationale de Réforme des Institutions du Père Mbow : bon pour la corbeille…
Il fallait pourtant s’y attendre : lors de la cérémonie officielle de remise des conclusions des travaux, l’accueil du Palais au Père Mbow et sa délégation est froid. Mimi Touré, alors Premier ministre et une brochette de ministres et conseillers sont là pour faire joli. Il n’y a pas même débat : le verdict tombe instantanément :«je verrai ce que j’en prendrai» tranche Sa Rondeur Maxi. Là, ça frise l’irrespect…
Quelques jours après, la canonnade tonne : les conseillers du Palais Senghor se répandent dans la presse pour expliquer que la Cnri est allée bien au-delà de sa mission. Ismaïla Madior Fall, constitutionnaliste débordant de science infuse, se montre particulièrement critique à propos du travail de la commission du Père Mbow qui est, à l’en croire, un hors-sujet taille patron…
Drôle de destin pour cet ouvrage produit par un cénacle que Sa Rondeur confie alors au Père Amadou Mahtar Mbow, quatre-vingt douze ans, ancien ministre, ancien directeur de l’Unesco et président des fameuses Assises nationales qui ont surtout l’heur de déplaire au Père Wade, alors sur le déclin.
Pourtant, c’est après moult rencontres entre Sa Rondeur Maxi et le Père Mbow que l’affaire est goupillée : il est donné mission à la Cnri par lettre dès novembre 2012, «d’organiser une large concertation nationale sur les réformes à mettre en œuvre à court, moyen et long termes, pour doter le pays d’une armature institutionnelle moderne, à la mesure de son ambition de devenir et rester une grande nation de démocratie».
La Cnri est donc mise en place et Sa Rondeur Maxi revient à la charge par décret le 28 mai 2013, et demande à la troupe du Père Mbow de «formuler toutes propositions visant à améliorer le fonctionnement des institutions, à consolider la démocratie, à approfondir l’Etat de droit et à moderniser le régime politique». Ils ont six mois pour ça avec un budget estimé à 700 millions Cfa qui seront décaissés au lance-pierre…
La Cnri, ce n’est pas moins de dix-neuf personnes au finish (Me Sidiki Kaba ayant déserté les troupes pour devenir ministre), dont huit professeurs d’université, un ancien Premier ministre, cinq anciens ministres, des magistrats, des sociologues, des philosophes, entre autres gens très ordinaires et l’on en passe…
Des rencontres sont organisées au pas de charge avec la presse, les partis politiques, la société civile et les chefs religieux.
Des questionnaires sur les réformes souhaitées par les Sénégalais lambda ainsi que les organisations et partis sont élaborés et des «consultations citoyennes» s’ensuivent dans les quarante-cinq départements avec l’appui de l’Oncav et la Plate-forme des Acteurs non-étatiques…
C’est le résultat des débats publics, avec une prépondérance des avis citoyens dans tout le Sénégal que la Cnri consignera pour en faire les propositions de nouvelle constitution ; elle est soumise à l’appréciation de Sa Rondeur Maxi, avec comme objectif, de préférence, un référendum.
Dans l’esprit du Père Mbow et sa suite, il faut retourner auprès des Sénégalais pour leur soumettre la proposition qui, en fait, n’est que le condensé de leurs aspirations.
Allez expliquer ça à Sa Rondeur Maxi qui n’a plus qu’un souci : rempiler pour un autre mandat… Au point d’en oublier ses propres engagements ? C’est vrai qu’on ne peut pas penser à tout en même temps !