COMME MALICK GAKOU, ABDOUL MBAYE VA-T-IL PRÉSENTER SA DÉMISSION À MACKY SALL?
Une démission avec fracas du Premier ministre, Abdoul Mbaye, donnerait beaucoup de fil à retordre au président de la République, Macky Sall. Or, depuis quelque temps, le Palais présidentiel est hanté par cette possibilité. L’on pense qu’après les incessantes attaques essuyées de toutes parts, Abdoul Mbaye pourrait quitter le navire. Son père, Kéba, et son frère, Cheikh Tidiane, l’avaient fait avec les honneurs. Et il ne voudra pas être en reste.
Dans l’espace présidentiel, là où se font et se défont les plans de gouvernance, l’actualité de la fin de la semaine écoulée a été dominée par une appréhension, désormais non dissimulée, de voir une lettre de démission de l’actuel Premier ministre, Abdoul Mbaye, déposée sur la table du président de la République, Macky Sall.
L’on pense qu’Abdoul Mbaye ne pourra pas continuer à avaler, ad vitam aeternam, les «couleuvres» que sont les suspicions à son endroit lors de la démission de Malick Gakou (ancien ministre du Commerce) et les accusations de blanchiment d’argent dans l’affaire Hissène Habré dont il pourrait être cité à comparaître, ne serait-ce qu’à titre de témoin, si procès il y a. Les incessantes attaques de partisans et alliés de Macky Sall, qui ne cessent de relever ouvertement son «incompétence» comme chef du gouvernement, ne sont également pas pour arranger les choses. Et lorsque le Président lui-même ne semble pas satisfait de son travail pour la satisfaction de la demande sociale, il se trouve dos au mur, pensent des membres de l’entourage présidentiel.
L’on raconte que des membres de sa famille se concertent à chaque fois qu’il est traîné sur la place publique et ne manqueront pas de lui suggérer de «reconsidérer sa position dans sa noble mission de vouloir servir son pays». Abdoul Mbaye, redoute le Palais qui ne veut pas se laisser surprendre comme la démission de Malick Gakou l’a été, peut bien prendre sur lui la décision de se démettre.
Le Palais est d’autant plus fondé à penser qu’Abdoul Mbaye peut bien franchir le Rubicon que c’est sur un coup de tête qu’il a quitté la dernière institution financière privée (Cbao) qu’il a eu à manager, préférant rompre les amarres avec ses associés que d’accepter certaines remontrances ou privations de privilèges et de positions dans l’organigramme de la société.
Aussi, feu son père, Kéba Mbaye, avait démissionné avec fracas, en 1993, de ses fonctions de Président du Conseil Constitutionnel, au plus fort moment de l’attente des résultats provisoires des élections législatives. Excédé par les commentaires négatifs sur l’institution qu’il dirigeait, il a rendu le tablier.
Aussi, son frère, Cheikh Tidiane Mbaye, emblématique ex-Directeur général de la Société nationale des télécommunications (Sonatel), a fini par démissionner de son poste de Président du Conseil d’administration (Pca) de la Senelec (la société nationale d’électricité), lorsque le même Macky Sall lui a imposé l’actuel Directeur général de l’entreprise, Pape Dieng. Abdoul Mbaye ne voudra jamais faire moins qu’eux, pense-t-on.
Or, une démission avant terme du Premier ministre, Abdoul Mbaye, sonnerait comme un camouflet pour le président de la République, le chef de bord, celui qui doit prendre l’initiative d’une rupture comme il a été l’artisan de sa nomination.
Mais malgré cette crainte du Palais, des proches du Premier ministre soutiennent que, contrairement aux autres membres de sa famille, Abdoul Mbaye est une tête dure, «l’exception de la famille Mbaye». Il peut défier les critiques, rien que pour tenir tête à ses pourfendeurs. Ses proches pensent également qu’il n’est pas du genre à quitter un navire qui est en eaux troubles. Ce n’est donc, pensent-ils, pas demain la veille de sa démission.