CONCLUSIONS DES ASSISES DE L'ÉDUCATION
RECOMMANDATIONS POUR UNE ''ÉCOLE DE LA RÉUSSITE''
Après 3 jours d’échanges sur les propositions de recommandations du Comité de pilotage, un consensus fort s’est dégagé sur la nouvelle école que veut le Sénégal : une école de la réussite.
L’horizon est tracé et les moyens pour y arriver définis. Le Sénégal veut, d’ici à 20 ans, disposer d’une « école de la réussite ». C’est le consensus fort qui s’est dégagé aux Assises de l’éducation et de la formation dont les lampions se sont éteints, samedi, après 3 jours d’échanges et de partage sur les propositions de recommandations formulées par le Comité de pilotage.
Devant le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne, la coordonnatrice adjointe du Comité d’appui scientifique de cette rencontre, Khadidiatou Tall Thiam, a égrené un chapelet de défis qui, s’ils sont relevés, permettront à l’école sénégalaise de retrouver sa triple vocation de construction du développement, d’intégration sociale et nationale et d’épanouissement individuel.
« L’école de la réussite », définie par les Assises comme une plate- forme qui met en cohérence et en synergie plusieurs conditions, suppose un système éducatif ouvert à l’enseignement francophone, franco- arabe qu’arabo-islamique, un système éducatif qui donne toute sa place aux langues nationales, à l’éducation religieuse, aux valeurs et pratiques sociales de référence, à la culture scientifique, technique et technologique.
Une telle école pose le devoir de réussir le passage de l’obligation scolaire de 6 à 10 ans, les abandons, une prise en charge conséquente de la petite enfance, de combattre les échecs massifs et de faire revenir le sport à l’école.
« En somme, l’école de la réussite va donner, à chaque élève, les moyens de s’orienter vers une formation adaptée à son profil et offrant les meilleures perspectives de réussite », selon le rapporteur.
Revoir le mode de recrutement des enseignants
Pour ce faire, relever quelques défis secondaires est nécessaire : Edifier une école sénégalaise unifiée, efficiente, (dans un système de gestion sobre), vertueuse et créative, rénovée dans un environnement apaisé, autonome et ouverte sur le milieu où l’efficacité interne et externe est assurée, une école où la professionnalisation du personnel sera une réalité.
Les Assises ont particulièrement insisté sur ce dernier point. En effet, dans ses recommandations, la Commission « Qualité des enseignants» a proposé de revoir le mode de recrutement des enseignants. Il est préconisé de relever le profil pour le cycle fondamental en 2 phases : Bac pour le préscolaire et le cycle fondamental et la Maîtrise (Master) pour l’enseignement secondaire.
A partir de 2020, les Assises proposent que seuls ceux qui sont titulaires d’une Licence puissent enseigner au cycle fondamental et que le Master ou la maîtrise soit exigé pour l’enseignement secondaire. Il est aussi proposé la validation des compétences des maîtres-coraniques et des chefs d’atelier d’apprentissage à travers un dispositif national.
Pour le financement de l’éducation, les Assises préconisent la diversification des ressources par l’amélioration de la contribution de l’Etat. Il est proposé de créer une taxe sur les transactions financières et sur le tabac et l’alcool au bénéfice de l’éducation.
La société civile et le secteur privé sont appelés à jouer leur partition. Il est également retenu d’explorer la faisabilité d’une Banque éducative.
Taxe sur le tabac et sur l’alcool pour financer l’école
Concernant la gouvernance du secteur, les Assises recommandent de revisiter et de dynamiser le cadre juridique et organisationnel, de renforcer le système informatisé d’informations, de promouvoir une école de la communauté avec une gouvernance partenariale transformationnelle, de renforcer l’informatisation et la décentralisation des personnels et des salaires pour plus d’efficacité, de faire de la communication un axe majeur du secteur.
La Commission « Formation professionnelle » recommande une orientation spécifique en renforçant les liens entre les écoles de formation professionnelle et technique avec le patronat, de promouvoir l’entreprenariat et de porter les apprenants dans ce sous-secteur de 30 à 40 % des élèves.
Cela suppose une meilleure gouvernance du secteur, le développement de l’offre de formation, l’augmentation du budget d’investissement, un dispositif d’insertion professionnelle.
La Commission « Qualité et équité » propose de réformer les programmes d’enseignement, d’améliorer le temps de travail à l’école, de réactualiser et de mettre en œuvre une politique linguistique claire et cohérente.
En outre, elle a préconisé de développer la culture des mathématiques, des sciences et technologies, de définir une politique nationale pour l’intégration des Tic, de faire revenir et de redynamiser l’éducation physique et du sport à l’école, de mettre en place un programme de développement de l’art et de la culture, de mettre en place une politique nationale de l’évaluation, etc.
Un code de déontologie
Pour un environnement scolaire apaisé, la commission « Stabilité et Dialogue social » appelle à diligenter l’organisation des élections de représentativité des organisations syndicales, d’instaurer « un dialogue inclusif, fécond et franc » entre tous les acteurs du système, d’instaurer un « pacte de stabilité » entre les ministères concernés et les partenaires sociaux, de mettre en place un « Observatoire national et local de veille, d’alerte et de suivi des engagements ». Un serment de l’enseignant, un code de déontologie et un pacte de stabilité ont été adoptés au cours de ces Assises.
Les différents acteurs (syndicats, autorités étatiques, partenaires techniques et financiers etc.), se sont engagés à ne ménager aucun effort pour que ces recommandations puissent être mises en œuvre dans l’intérêt de l’école sénégalaise et du Sénégal.