Copa America: les quatre demi-finalistes tous dirigés par des Argentins
La nationalité du sélectionneur qui brandira la Copa America le 4 juillet est déjà connue: il sera Argentin, les quatre équipes encore en lice étant toutes dirigées par un ressortissant du pays des gauchos.
Jorge Sampaoli, 55 ans, contre Ricardo Gareca, 57 ans, Gerardo "Tata" Martino, 52 ans, contre Ramon Diaz, 55 ans: les demi-finales entre Chili et Pérou lundi puis Argentine et Paraguay mardi sont aussi des duels pour la suprématie entre techniciens argentins.
L'un d'eux succédera samedi à Alfio Basile, le dernier Argentin à avoir remporté la Copa America, en 1993, à la tête de... l'Argentine.
"C'est une fierté énorme, c'est très bien pour le peuple argentin", a souligné Ramon Diaz, l'ancien ennemi intime de Diego Maradona, propulsé à la tête des "Guaranis" paraguayens en décembre 2014.
La popularité des techniciens argentins en Amérique du Sud ou en Europe (Diego Simeone à l'Atletico Madrid, Marcelo Bielsa à Marseille) n'est pas nouvelle.
Mais elle a atteint une dimension inédite lors de cette 44e édition de la Copa America: six des douze sélections en lice étaient dirigées par un Argentin, avec en prime José Pekerman (Colombie) et Gustavo Quinteros (Equateur).
- Disciples de Bielsa -
Mais ce dernier carré de la Copa America 2015 est aussi un affrontement entre deux conceptions du football argentin, deux écoles même.
D'un côté, le Chili et l'Argentine développent un football résolument offensif sous la baguette de deux fils spirituels de Marcelo Bielsa. De l'autre, le Pérou et le Paraguay, plus pragmatiques, plus physiques aussi, avec un football de contres.
A la tête du Chili depuis décembre 2012 -après un autre Argentin, Claudio Borghi-, Jorge Sampaoli passe à l'occasion de cette Copa à domicile le test le plus important de sa carrière. Avec la même passion que celle qui l'habitait lors de son premier mandat d'entraîneur amateur, à l'Atletico Belgrano de Arequito, en Argentine, où il s'était illustré en dirigeant ses joueurs depuis le sommet d'un arbre, après avoir été expulsé du banc de touche.
Malgré l'énorme pression sur sa "Roja", qui en 99 ans n'a jamais remporté la compétition-reine du football sud-américain, Sampaoli et ses tatouages de maximes célèbres du Che Guevara est resté fidèle à sa philosophie offensive. Ce qui a permis à ses "kamikazes", le surnom qu'il a donné à ses joueurs, de signer onze buts déjà en quatre matchs.
"C'est une machine à attaquer, à attaquer et à attaquer", admire Gerardo Martino, son homologue à la tête de l'Argentine.
- Enfants de Rosario -
Les deux hommes sont des "Bielsistes" convaincus, des disciples de Bielsa, obsédé par la manière plus que par le résultat, quitte à négliger leur palmarès.
Comme Bielsa, ils sont originaires de Rosario ou de ses environs et ont d'abord été supporters de Newell's, le club où "El Loco" (le fou) a joué, puis fait ses débuts tonitruants d'entraîneur avec deux titres de champion d'Argentine (1991, 1992).
Avec les phénomènes Lionel Messi et Angel Di Maria, autres enfants de Rosario, Martino a tout ce qu'il faut pour remporter la Copa America qui a échappé à son mentor, Bielsa, en deux tentatives avec l'Argentine en 1999 et 2004 (2e).
Mais attention au Pérou de Gareca et au Paraguay de Diaz. Si, joueurs, ils étaient tous deux des buteurs prolifiques, Gareca, alias "le Tigre" ou "le prof", et Diaz "le pelé" (sobriquet étrange, vu son épaisse tignasse !) sont plus calculateurs au moment de dispenser leurs consignes d'entraîneurs.
Et c'est ce pragmatisme qui leur a permis de tirer le maximum de deux sélections qui n'étaient pas attendue à pareille fête. Et notamment le Paraguay, mené 1 à 0 dès la 15e minute en quart de finale, qui a fait chuter le Brésil après les tirs au but (1-1, 4 tirs au but à 3).
Diaz, dont l'ambition déclarée est de diriger un jour l'Albiceleste, peut renforcer ses chances s'il fait mordre la poussière mardi à Lionel Messi et ses coéquipiers. Quitte à prolonger l'attente de tout un pays, sevré de trophée depuis vingt-deux ans.