"Corruption" ou "chasse aux sorcières": polémique autour du Mondial-2022 qatari
Vingt-quatre heures après les nouvelles allégations de corruption autour de l'attribution du Mondial-2022 au Qatar, les réactions se multipliaient lundi entre les accusations de "chasse aux sorcières" côté russe ou celle d'un ancien patron de l'UEFA appelant Blatter "à porter le chapeau".
Silence radio en revanche du côté de la Fédération internationale (Fifa) et de son président, le Suisse Joseph Blatter. Et aucune confirmation lundi en fin de matinée d'une supposée rencontre à Oman entre les représentants du Comité d'organisation du Mondial-2022 qatari et Michael Garcia, le juriste américain à la tête de la chambre d'accusation du Comité d'éthique de la Fifa, chargé de rendre un rapport en fin d'année sur les soupçons de corruption entourant l'attribution des Mondiaux-2018 à la Russie et 2022 au Qatar.
Jérôme Valcke, le secrétaire général de la Fifa, appelé à inaugurer lundi le centre de presse du Mondial brésilien, à dix jours du coup d'envoi de la Coupe du monde, ne devrait pas échapper aux questions de la presse. Et ce dossier qatari pourrait empoisonner le prochain congrès de la Fifa, du 9 au 12, à Sao Paulo, au Brésil.
A 8 ans du coup d'envoi de la Coupe du monde dans le richissime émirat gazier du Golfe persique, la polémique n'en finit pas de rebondir sur la façon dont ce minuscule Etat a obtenu l'organisation de son Mondial, par le comité exécutif de la Fifa, le 2 décembre 2010 à Zurich.
- L'Australie en observateur -
La nouvelle salve est venue dimanche de la presse britannique, en l'occurrence du Sunday Times, qui a assuré être en possession de milliers de courriels et d'autres documents attestant de présumés versements d'argent effectués par le Qatarien Mohamed Bin Hammam, alors membre du Comité exécutif de la Fifa et radié à vie en 2012 pour corruption.
Des accusations graves, auxquelles le Qatar a mis quelques heures à réagir, dans un virulent démenti: "Nous nions avec véhémence toutes les allégations de mauvaise conduite", a plaidé dimanche soir le Comité de candidature du Qatar, ajoutant que "toutes les mesures nécessaires pour défendre l'intégrité de la candidature du Qatar" seraient prises.
Du côté de la Fédération australienne, dont la candidature pour ce Mondial-2022 avait été écartée au premier tour du scrutin de 2010, on étudiait en tout cas lundi la possibilité d'être à nouveau en lice, dans l'hypothèse d'un nouveau vote.
"Il est trop tôt pour dire si ces faits rouvrent la porte de quelque chose qui s'est passé il y a plusieurs années, en ce qui concerne l'Australie, mais à ce stade nous observons avec intérêt comment les choses évoluent", a ainsi déclaré David Gallop, le directeur exécutif de la FFA, à une radio de Melbourne.
- 'Prématuré de commenter' -
Même prudence du côté sud-coréen, dont le dossier avait également été battu pour ce Mondial-2022: "Les faits ne sont pas confirmés et il serait prématuré de commenter", a déclaré lundi un porte-parole de la Fédération sud-coréenne.
Les propos étaient plus durs en Europe, et notamment chez le Suédois Lennart Johansson, ancien président de l'UEFA, la Fédération européenne: "Je ne suis pas surpris, a réagi celui-ci lundi, dans les colonnes du quotidien suédois Expressen, mais il faut aussi que Blatter porte le chapeau".
Pour Greg Dyke, le président de la Fédération anglaise (FA), dont le dossier avait été battu par la candidature russe pour le Mondial 2018, la possibilité d'un nouveau vote sur le Mondial-2022 n'est pas à écarter: "Si il est démontré qu'il y a eu corruption, alors bien entendu un nouveau vote doit avoir lieu".
Mais cet activisme britannique forcené sur ce dossier du Mondial-2022, avec ces nouvelles accusations du Sunday Times suivant celles du Guardian sur les conditions de travail sur les chantiers qataris, aurait une autre explication, selon Viatcheslav Koloskov, ancien président de la Fédération russe.
"Il faut bien voir que ce sont les Britanniques qui ont lancé cette nouvelle chasse aux sorcières. Auparavant, ils avaient déjà tenté d'accuser la Russie et d'autres pays. Ils ne peuvent tout simplement pas accepter leur défaite dans la course pour organiser la Coupe du monde", a-t-il accusé.