COTE D'IVOIRE: L’ABANDON DES POURSUITES CONTRE LE PRÉSIDENT KENYAN RÉJOUIT LES PRO-GBAGBO
Abidjan, 6 déc 2014 (AFP) - Les partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo se sont félicités samedi de l'abandon des poursuites contre le chef de l'Etat kényan Uhuru Kenyatta par la Cour pénale internationale qui accuse son homologue ivoirien de crimes contre l'humanité.
Le renoncement à poursuivre le président kényan donnera de nouveaux "éléments de langage" au Front populaire ivoirien (FPI), le parti créé par Laurent Gbagbo, comme: "ça a été possible (pour Kenyatta) donc c'est possible" pour Gbagbo, a affirmé le fils de l'ancien dirigeant, Michel Gbagbo.
"Nous aussi pouvons espérer que les charges seront abandonnées. Cela nous donne de l'espoir que le président Gbagbo puisse s'en sortir", avait observé vendredi soir Agnès Monnet, la porte-parole du FPI.
L'ancien chef de l'Etat ivoirien est emprisonné depuis trois ans à La Haye par la CPI qui l'accuse de "crimes contre l'humanité" commis durant la crise postélectorale de 2010-2011, le chef d'accusation qui était porté contre le président kényan.
Le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de son adversaire Alassane Ouattara avait alors provoqué des violences faisant plus de 3.000 morts en cinq mois. "Cela montre que la CPI peut faire le droit", a ironisé Alphone Douati, un vice-président du FPI, qui dit avoir entendu "avec beaucoup de joie" la décision concernant le président Kenyatta.
Les pro-Gbagbo critiquent une justice à deux vitesses pratiquée à La Haye, où aucun membre du camp Ouattara n'est poursuivi. Outre Laurent Gbagbo, le tribunal international poursuit sa femme Simone et Charles Blé Goudé, l'un de ses anciens ministres, pour "crimes contre l'humanité".
Les autorités ivoiriennes refusent d'extrader l'ex-Première dame, qu'elle veulent juger à Abidjan. Michel Gbagbo a de nouveau dénoncé "l'instrumentalisation de la justice à des fins politiques".
"Ce sont des magistrats qui font leur boulot, mais c'est un boulot politique", a-t-il dit lors du lancement officiel de la candidature de son père au poste de président du FPI, auquel des centaines de personnes ont assisté samedi à Abidjan.
Le président kényan était poursuivi pour crimes contre l'humanité pour son rôle présumé dans les violences postélectorales de fin 2007-début 2008 au Kenya, qui avaient fait plus de 1.000 morts et 600.000 déplacés.
Mais l'accusation a annoncé vendredi qu'elle retirait ses charges faute de preuves suffisantes. Joël N'Guessan, le porte-parole du Rassemblement des républicains, le parti du président Ouattara, s'est à l'inverse dit "peu préoccupé" par d'éventuelles répercussions en Côte d'Ivoire du revers essuyé par la CPI.
Le dossier Gbagbo est bien plus avancé que celui du président kényan puisque "la date du procès a déjà été fixée" au 7 juillet prochain, a-t-il remarqué.