COTE D'IVOIRE: LES ENSEIGNANTS DISENT ETRE VICTIMES D'AGRESSIONS, LES ECOLES PUBLIQUES PARALYSÉES
Abidjan, 28 avr 2015 (AFP) - Des enseignants affirment être victimes d'agressions alors que nombre d'entre eux ont cessé de travailler depuis lundi dans les écoles publiques de Côte d'Ivoire pour protester contre des ponctions salariales, a-t-on appris mardi de source syndicale.
Des groupes armés de "machettes" et de "gourdins", hostiles à l'arrêt des cours, ont blessé au moins six enseignants lundi et mardi dans plusieurs villes du pays, a déclaré à l'AFP Jean-Yves Abonga, le porte-parole du Mouvement des syndicats de l'enseignement général et technique et assimilés de Côte d'Ivoire, qui "s'insurge" contre ces violences.
La presse ivoirienne a rapporté plusieurs agressions, notamment à Divo (sud) et Katiola (nord)), ainsi que des jets de gaz lacrymogène contre des manifestations d'enseignants ou encore des altercations entre élèves.
"Nous ne reprendrons pas les cours dans ces conditions d'insécurité", a affirmé M. N'Dri, le président du Collectif des syndicats d'enseignants. De tels actes "paraissent invraisemblables", a réagi le porte-parole du gouvernement Bruno Koné, qui a indiqué n'accorder "aucun crédit" à ce genre d'informations.
"Je ne vois pas pourquoi l'Etat commettrait des actes de violence contre ses propres employés", a-t-il poursuivi. Les enseignants du public ont cessé le travail lundi après avoir constaté des "ponctions excessives" sur leurs bulletins de salaire d'avril, liées à trois jours de grève début mars, a déclaré Benjamin Kouamé N'Dri.
"Si je fais trois jours de grève, qu'on me ponctionne 3 jours de salaire. Mais si l'on m'en ponctionne 17, c'est illégal", a-t-il affirmé, déplorant que de nombreux enseignants aient perdu jusqu'à la moitié de leur traitement.
Cette première grève avait trait notamment au paiement d'importants arriérés de salaire, selon Mamadou Diomandé, le président du Syndicat libre des enseignants du secondaire général de Côte d'Ivoire.
"Les salaires étaient bloqués depuis 23 ans. C'est le président Ouattara qui a lui-même choisi de débloquer la situation. Qu'on lui en fasse crédit et qu'on lui fasse confiance", a réagi Bruno Koné.
La Côte d'Ivoire, où Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir après la crise postélectorale de 2010-2011, qui a fait environ 3.000 morts, connaissait jusqu'alors une trêve relative sur le front social.