COTE D'IVOIRE : OUATTARA INAUGURE LE 3E PONT D'ABIDJAN, MOINS D'UN AN AVANT LA PRÉSIDENTIELLE
Abidjan, 16 déc 2014 (AFP) - Moins d'un an avant la présidentielle d'octobre 2015, le président ivoirien Alassane Ouattara a inauguré mardi en grande pompe le colossal troisième pont enjambant la lagune d'Abidjan, un chantier phare pour celui qui est candidat à sa succession.
L'inauguration, diffusée en direct à la télévision nationale, a été ponctuée des cris et d'applaudissements de la foule, tandis que le soleil se couchait lentement sur la lagune, les tours du Plateau - le quartier administratif et économique - pointant à l'horizon. Un feu d'artifice a conclu les festivités.
Le chantier est évoqué depuis plus de 15 ans. Mais "aujourd'hui, la Côte d'Ivoire, en phase de reconstruction, n'a mis que trois ans et trois mois pour achever cette passerelle", a lancé Alassane Ouattara, qui a annoncé la construction de deux autres ponts à Abidjan.
Des milliers de personnes assises sous des tentes blanches ont assisté à cet événement qualifié d'"historique" lors de la cérémonie, qui s'est tenue devant les guérites de péage du pont.
Arrivé au pouvoir en 2011 au terme d'une sanglante crise postélectorale qui a fait 3.000 morts en cinq mois, le gouvernement Ouattara a entrepris d'importantes réformes économiques.
Le pays connaît depuis trois ans un taux de croissance enviable: de 9,8% en 2012, il a atteint 8,7% en 2013 et prévoit "8 à 10%" pour 2014. La Côte d'Ivoire "est au travail" et "avance vite", a martelé Alassane Ouattara.
L'opposition fidèle à l'ancien président Laurent Gbagbo - détenu à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI) pour "crimes contre l'humanité - et une partie de la population se plaignent toutefois que les fruits de cette croissance ne soient pas mieux partagés.
"Il faut toujours construire des passerelles physiques, économiques et humaines... Unis, confiants et en paix, nous pourrons transformer notre pays et le rendre encore plus grand", a poursuivi le chef de l'Etat.
Le pont porte le nom de l'ancien président ivoirien Henri Konan Bédié, celui-là même qui avait initié les travaux alors qu'il était au pouvoir (1993-1999). Sans que ceux-ci ne soient menés à bien. Surtout, M.
Bédié est aujourd'hui le principal allié du chef de l'Etat: il avait permis l'élection d'Alassane Ouattara fin 2010, à la faveur d'une alliance électorale de second tour.
"HKB" a appelé récemment les militants de son parti à voter de nouveau pour M. Ouattara à la présidentielle d'octobre 2015. Si cet appel a provoqué de vives tensions au sein de sa formation, il a redonné les mêmes consignes mardi.
- Quand "HKB" loue Ouattara -
"Cet ouvrage révolutionnaire vaut à lui seul deux mandats présidentiels pour son grand réalisateur, le président Alassane Ouattara", a affirmé M. Bédié, louant le "bâtisseur infatigable" et le "nouveau développeur" de la Côte d'Ivoire. Les deux alliés ont inauguré une stèle entourée de deux sculptures en métal à leur effigie.
Le pont "HKB", d'une longueur de 1.500 m, a nécessité plus de deux ans de travaux, qui ont mobilisé une capacité maximale de 1.400 personnes, selon les chiffres officiels. Il relie le quartier aisé de Cocody, dans le nord de la ville, au quartier plus populaire de Marcory (sud).
L'ouvrage, prolongé par une rocade vertigineuse, a coûté au total 270 millions d'euros, financés dans le cadre d'un partenariat public-privé. L'entreprise française Bouygues a assuré la grande majorité des travaux.
Martin Bouygues s'est dit "très fier" que l'entreprise qu'il dirige ait fait partie de la réalisation du projet. Près de 100.000 véhicules devraient emprunter quotidiennement le pont, a estimé Alassane Ouattara.
La ville d'Abidjan est construite autour d'une lagune, dont le franchissement se faisait jusque-là par deux ponts, complètement saturés aux heures de pointe. L'ouvrage doit permettre de désengorger cette ville de six millions d'habitants, aux infrastructures inadaptées.
Le troisième pont est le chantier phare du chef de l'Etat, qui a lancé une série de grands travaux, comme la construction de routes.
Pour lui, la relance économique de la Côte d'Ivoire doit aboutir à la réconciliation d'un pays qui a connu une longue décennie de crise politico-militaire qui avait complètement stoppé ses projets de développement.