COTE D'IVOIRE : UN MINISTRE CRITIQUE A NOUVEAU LE MONOPOLE DE BOLLOREÉ SUR LE PORT D'ABIDJAN
Abidjan, 22 déc 2014 (AFP) - Le ministre ivoirien du Commerce et homme d'affaires, Jean-Louis Billon, a de nouveau dénoncé le monopole du groupe français Bolloré sur le port d'Abidjan, qui "pénalise" l'économie nationale, dans une interview parue lundi dans un quotidien local.
"Le port d'Abidjan est le plus cher de la sous-région avec celui de Dakar. (...) Un monopole - a fortiori sur un port où transitent la plupart de nos marchandises - pénalise notre économie", a estimé M. Billon.
Les marchés de l'"hinterland" ivoirien, soit le Mali ou le Burkina Faso, dont la plupart des importations passent par le port d'Abidjan, sont également concernés, a-t-il ajouté.
Le ministre avait critiqué en juin 2013 l'attribution d'un deuxième terminal à conteneurs à un consortium formé par deux groupes français, Bolloré Africa Logistics et Bouygues Travaux publics, et le groupement APM Terminals du groupe Maersk (Danemark).
Bolloré, qui gère déjà depuis 2004 un premier terminal à conteneurs à Abidjan, se retrouve dans une situation de "super-monopole", avait-il vitupéré. "On aurait voulu brider l'économie, on ne s'y serait pas pris autrement."
Dans un document obtenu par l'AFP, émis par un transporteur international, le coût d'une tonne de marchandise transitant par les ports d'Abidjan ou de Dakar est évalué à environ 40 euros. La tonne coûte à l'inverse 36 euros au port de Tema (Ghana), 31,4 euros à celui de Douala (Cameroun), contre environ 10 euros aux ports de Cotonou et Lomé.
Hormis Dakar, tous ces terminaux à conteneurs sont gérés par Bolloré. Un rapport préliminaire de la direction de la concurrence de la Commission de l'Uémoa (l'Union monétaire ouest-africaine, la zone franc CFA), a estimé que le port d'Abidjan se trouve dans un situation "assimilable à un abus de position dominante", a observé le ministre du Commerce.
"C'est un point de satisfecit pour moi car les auteurs semblent valider ce que j'ai dénoncé", a-t-il poursuivi. La commission de l'Uémoa avait été saisie par un autre consortium, dont Movis, un groupe dirigé par le frère de M. Billon.
Le consortium dont Bolloré est membre avait obtenu en mars 2013 la concession de la réalisation et de l'exploitation d'un deuxième terminal à conteneurs au port d'Abidjan, leader en Afrique de l'Ouest, un contrat de plus de 400 millions d'euros.
La fin des travaux du nouveau terminal est prévue pour 2016. Le groupe Bolloré est spécialisé dans la logistique portuaire et ferroviaire en Côte d'Ivoire.