DÉFIS URGENTS
L’État comme nos entreprises sont face à leurs responsabilités. Il leur incombe de faire le choix de privilégier l’avenir des générations futures et de rentrer de plain-pied dans cette nouvelle dimension de la RSE
Cette année 2015 qui débute avec ses multiples urgences à circonscrire, comme la santé avec la catastrophe du virus EBOLA, l’éducation, notamment celle des filles, secteurs largement accaparés par le nouveau dada des grandes entreprises, la RSE, doit aussi être l’année de l’environnement.
Il devient nécessaire que nos entreprises, qui capitalisent d’énormes profits, se mobilisent autour de la recherche de solutions pour assainir notre environnement, largement abimé par leur développement, souvent réalisé au détriment d’études d’impact sérieuses.
Cette célébration de l’environnement en cette année 2015, en ce qui concerne le Sénégal, s’est ouverte dans la Baie de Hann, cette baie qui fut une des plus belles du monde, au point que pas un navigateur ne songeait faire le tour du monde sans s’y arrêter pour l’admirer et qui est en train de mourir, pétrifiée dans la pourriture déversée par les entreprises qui bordent notre littoral.
Alors, depuis 10 années maintenant, des milliards ont été dégagés, des ONG du secteur se sont penchées sur son sauvetage, et l’espoir de retrouver la beauté originelle du site repose sur un programme qui va engloutir des dizaines de milliards. Il était possible de ne pas en arriver là, si ces sociétés polluantes avaient été soumises à des conditions d’exploitation respectant les règles environnementales et si des études d’impact avaient été entreprises et mises en œuvre.
La Baie de Hann est bordée d’entreprises, parmi les plus polluantes, traitant plastiques, phosphates, hydrocarbures et autres joyeusetés. Nous ne pouvons pas croire qu’il y a de cela 30 ans, nul ne savait la nocivité pour l’environnement de ces matières premières.
Il n’existe aucune politique pour anticiper les problèmes, et il semble que nos États, privilégient les emplois, ce qui est noble, mais cela devrait s’accompagner de vision structurante autour des nécessités environnementales.
A-t-on évalué l’Impact de l’installation d’industries minières autour des Niayes sur agriculture et le maraîchage ? Nul ne sait.
Doit-on contraindre Dangoté à ne pas faire moins que d’autres multinationales, en discutant avec les populations de Pout qui s’inquiètent des conséquences de l’utilisation d’un système de refroidissement sur une nappe phréatique déjà exsangue, et faire le choix qui n’hypothèquerait pas l’avenir de leurs enfants ? Responsabilité étatique et sociétale d’entreprise en l’occurrence…
Nos grandes entreprises en cette année 2015, sont devant leurs responsabilités, auxquelles il est bien à propos de joindre urgemment les termes de «sociétales d’entreprises».
L’État a son rôle à jouer en termes d’exonérations fiscales notamment, et les entreprises ont à présent le devoir historique de peser sur l’émergence de notre continent, en prenant en compte les dimensions environnementales de leurs projets. Ce serait à leur profit. Il suffit d’inciter nos entreprises, de les convaincre ou de les contraindre. Parce que nous n’avons pas le temps de rater cette révolution environnementale. Ni le droit.
Nos enfants ne comprendraient pas que ceux qui pouvaient le faire n’aient pas intégré leur avenir dans leur course au profit. Une bombe… à mèche courte.
En cette année 2015, l’État comme nos entreprises sont face à leurs responsabilités historiques. Il leur incombe de faire le choix de privilégier l’avenir des générations futures et de rentrer de plain-pied dans cette nouvelle dimension de la RSE, qui doit muer et s’impliquer dans ce qui est la condition sine qua non d’une émergence durable, la préservation de notre environnement et de nos ressources.
C’est le seul choix éthique qui vaille. Et il est exaltant, en plus d’être patriotique.
Gnagna Sy est directrice générale du Case
Mouvement Citoyen Vigilant