DÉGRIPPER LA MACHINE D'ABDOUL MBAYE
SITUATION MACROÉCONOMIQUE
Pour solde de tout compte, on est donc loin de la promesse faite, question macroéconomie, par le désormais ex-Premier ministre, Abdoul Mbaye, lors de sa déclaration de politique générale, le 10 septembre 2012.
Nommé Premier ministre hier, Aminata Touré dite Mimi hérite d'une situation macroéconomique délicate. Pris dans la tourmente de la crise et de l'inflation internationales, le pays se redresse certes, mais son tissu économique bat de l'aile, impactant négativement sur les politiques de recettes et d'emploi. Lesquels ont grandement partie liée avec les difficultés des Pme-Pmi dont l'essor est plombé par une réforme fiscale à l'effet tétanisant et des limites à l'accès aux crédits bancaires.
Il s'y ajoute que les Pme-Pmi souffrent d'une dette publique que l'État a du mal à honorer. Le Fonds de garantie et d’investissements prioritaires (Fongip), prévu pour apporter des appuis ''aux petites initiatives, aux micro-entreprises, et aux Pme-Pmi'', reste au stade des voeux pieux. Itou pour le Fonds souverain d’investissement stratégique (Fonsis) qui tarde à servir de programmes de mise à niveau pour Pme-Pmi privées et parapubliques.
D'après la note de conjoncture de la Direction de la politique et des prévisions économiques (Dpee), publiée en août dernier, en moyenne sur le premier semestre 2013, l’inflation est ressortie à 0,5%, contre 3,4% en 2011 . ''Toutefois, la proportion de ménages affectés par l’inflation est en hausse, passant de 41,3% à 46,7% entre le 1er et 2e trimestre de 2013'', rapporte la même source. Elle relève en outre que les ressources mobilisées, à fin juin 2013, sont évaluées globalement à 791,9 milliards, soit une baisse de 30,9 milliards (-3,8%), en glissement annuel. ''Au total, le solde budgétaire global (dons compris) est ressorti déficitaire de 119,3 milliards contre un déficit de 82,3 milliards au premier semestre de 2012''.
Seule l'agriculture tire quelque peu son épingle du jeu - à la faveur d'une bonne pluviométrie en 2012 - alors même que le régime de Macky Sall entend en faire le ''principal levier de la croissance ''. Et il est vrai que l'équipe d'Abdoul Mbaye a baissé le déficit budgétaire passé de 8,2% en 2011 à moins de 6% en 2012. Pour solde de tout compte, on est donc loin de la promesse faite par le désormais ex-PM, Abdoul Mbaye, lors de sa déclaration de politique générale, le 10 septembre 2012, devant les députés.
Dix-sept mois plus tard, la croissance économique remonte sans doute (3,5% en 2012, contre 2,6% en 2011) et est attendue à 4% en 2013, à en croire le département des Finances. C'est bien maigre au regard de la moyenne de 5,4% prévue en Afrique subsaharienne en 2013, et bien loin des 7% qu'espère le régime de Macky Sall aspirant à l'émergence du Sénégal.
Machine grippée
C'est que la machine des réformes annoncées, et qui s'imposent, semble grippé, inspirant à Idrissa Seck, un des prédécesseurs d'Abdoul Mbaye au poste de chef de gouvernement, le constat que le couple de banquier à la Primature et aux Finances (avec Amadou Kane) ne ferait pas ''l'affaire''. La ''gestion axée sur les résultats'', appelée de ses voeux par M. Mbaye, brille à ce point par sa vacuité que nombre de citoyens s'écrient et se lamentent : ''Dëkk bi dafa Macky'' (le pays va mal).
Mimi Touré reprend donc les rênes d'une économie en quête d'une locomotive vivace et efficace en vue de mener au Yoonu Yokkute (développement). Et elle semble en détenir les clés, au regard de ses états de services au département de la Justice. Celle que la presse surnomme ''la dame de fer'', y a imprimé un rythme soutenu de réformes, à incidences sociale, judiciaire et économique (entre autres, le texte sur le nantissement ayant trait à l'amélioration de l'environnement des affaires). Mimi promet de relever le challenge sous ''le sceau de l'accélération des chantiers'' de Macky Sall. On l'attend au tournant.