DÉJÀ DEUX POUR MACKY
SIX PM EN 12 ANS POUR WADE CONTRE CINQ EN 43 ANS POUR SENGHOR ET DIOUF
Le libéral en chef avait réussi la prouesse de changer, en douze ans, six fois de Premier ministre là où l’Union progressiste sénégalais (Ups) et le parti socialiste (Ps) avaient consacré cinq chefs de gouvernement en quarante trois ans. Tout comme son prédécesseur, le président Macky Sall a nommé son tout premier chef de gouvernement pour une durée d’un an. Répéter Wade au risque de replonger le Sénégal dans l'instabilité gouvernementale ou rompre avec cette forme de gouvernance est l'autre enjeu de cette présente législature.
Mme Aminata Touré qui a décliné lundi 28 octobre sa feuille de route devant la représentation nationale est, de 1957 à nos jours, le quatorzième Premier ministre du Sénégal. Elle a succédé au premier chef de gouvernement sous l'ère Macky Sall, Abdoul Mbaye qui sera remercié au bout d'un peu plus d'un an. Nommé le 3 avril 2012 , il sera démis de ses fonctions le 1er septembre 2013. Ce qui fait craindre que l'actuel chef de l'Etat soit atteint par le syndrome Wade.
Contrairement à la gestion socialiste qui s'était caractérisée de 1960 à 2000 par une relative stabilité institutionnelle dont la traduction était repérable dans les rares changements de gouvernement qui avaient cours, sous la gestion libérale le président de la République, Me Abdoulaye Wade aura pulvérisé ce record sous la gestion libérale avec des Premiers ministres on ne peut plus éphémères. Là où Mamadou Dia de l’Union progressiste sénégalais (Ups) a fait sept ans à la tête du gouvernement (18 mai 1957 au 18 décembre 1962), Abdou Diouf du parti socialiste (ps), dix ans (26 février 1970 au 31 décembre 1980), Habib Thiam d’abord deux ans (1er janvier 1981 3 avril 1983), puis sept ans (29 avril 1991 au 3 juillet 1998), Moustapha Niasse, vingt six jours (3 avril 1983 au 29 avril 1983) et enfin Mamadou Lamine Loum deux ans (3 juillet 1998 au 5 avril 2000). Le président Wade va se découvrir comme un grand consommateur de Premiers ministres.
En douze ans (2000-2012), il a procédé à six nominations de Premier ministre contre cinq changements de gouvernement en 43 ans pour ses prédécesseurs socialistes, de l’Ups au Ps. Ce qui fait que le «pape » du sopi a inauguré dans le pays l’ère de l’instabilité institutionnelle.
C’est Moustapha Niasse de l’Alliance des forces de progrès (Afp) qui ouvre le bal. Il a juste fait un an à la tête du premier gouvernement de l’alternance survenue en 2000(3 avril 2000 3 mars 2001). C’est le cas aussi pour son successeur, Mame Madior Boye nommée du 3 mars 2001 au 4 novembre 2002. Quant à Idrissa Seck, il sera plus chanceux en passant quelque deux ans à la Primature, du 4 novembre 2002 au 21 avril 2004.
Dans ce tourbillon d’instabilité institutionnelle, c’est Macky Sall, l’actuel Chef de l’Etat, qui a comptabilisé trois ans à la tête du gouvernement libéral où il a été installé le 21 avril 2004, jusqu’au 19 juin 2007. Le dernier Premier ministre sous Wade, en l’occurrence Souleymane Ndéné Ndiaye, a eu la même longévité (30 avril 2009 au 3 avril 2012). Mais Cheikh Hadjibou Soumaré lui, n’avait pas cette faveur, ayant passé deux ans à la Primature (19 juin 2007 au 30 avril 2009).
Concernant le magistère du Président Macky Sall, il commence comme celui de son prédécesseur Me Wade. Son premier chef de gouvernement, Abdoul Mbaye a passé un an à la Primature. Nommé le 3 avril 2012 , il sera remercié le 1er septembre 2013. Il est alors remplacé au neuvième étage du Building administratif par Aminata Touré. Cette dernière a décliné avant-hier, sa feuille de route inspirée du programme «Yoonu Yokuté», à travers sa déclaration de politique générale.
Aussi, Parce que tout est urgence, il va falloir accélérer la cadence, comme annoncé par Mme le Premier ministre. Ce qui suppose que le président puisse se détourner du syndrome Wade en favorisant plutôt une stabilité institutionnelle beaucoup plus propice à dérouler son programme. Pour ce faire, il est attendu des acteurs politiques qu'ils puissent se détourner de l'accessoire et se focaliser sur l'essentiel à savoir être capables de proposer une amélioration du quotidien des Sénégalais.
Rappelons qu’en 1963, en raison de la dégradation de ses relations avec Mamadou Dia, le Président Léopold Sédar Senghor supprime le poste de Premier ministre, après approbation de la décision par un référendum. Ce poste est rétabli en 1970 à la suite d'un nouveau référendum et Abdou Diouf l'occupe alors. Ironie du sort, c’est ce dernier qui va à nouveau supprimer la fonction entre 1983 et 1991.